Je suis un véritable monstre. Je n'ai plus rien d'humain, et ce depuis que Ange s'est sacrifié pour moi. Parce que c'était lui, l'âme pure, et jamais je n'aurais dû me tenir debout, devant cette tombe déterrée, alors que lui, n'a jamais existé dans cet univers. Encore moins tomber pour un autre homme, là où celui que j'aimais est parti à cause de moi.
Le pire, c'est que j'ai toujours été ainsi. Je n'ai rien ressenti quand j'ai tué John, ni même lorsque je tuais, pour des raisons nécessaires à l'académie ou ma survie, et je l'ai peut-être toujours su. Je suis le numéro ratée. Le déchet de la famille. Le monstre que mon père a crée.
— Oh, mon Dieu...
Cette voix si familière me sort brutalement de mes songes. Je me tourne vers Klaus, la main plaquée contre ma hanche, et hausse un sourcil dédaigneux devant l'air effrayé de mon grand frère.
— Il faut croire que l'alcoolique t'a encore sauvé la vie.
Son visage se tord sous les remords. Il grimace, recroquevillé dans son trou, alors que je m'avance vers lui.
— Oh, Gaby, je...
— Tais-toi, s'il te plaît. Laisse-moi parler.
J'ai mal. J'ai si mal que respirer me paraît impossible, alors que je m'arrête devant lui, fixant ses yeux verts remplis de culpabilité et d'un soupçon de terreur que je déteste voir. Pourtant, je poursuis, sans jamais m'arrêter, avant que mon cœur ne me rattrape.
— Je n'ai jamais eu ne serais-ce que la pensée de profiter de ton malheur pour oublier le mien. Depuis qu'on est gosse, tout ce que j'ai fais, c'est parce que je t'aime. Alors écoute-moi bien, Klaus Hargreeves : la prochaine fois que tu m'insultes de la sortes, je te promets de te faire goûter à la plus longue et douloureuse des tortures. Tu t'en remettras, t'es immortel, mais je peux t'assurer que papa te semblera être un enfant de chœur après ce que je te ferais subir, EST-CE QUE C'EST CLAIR ?
Penaud, jouant avec ses doigts comme un enfant auquel on viendrait de passer un gros savon, il hoche vivement la tête avant de surélever les épaules, comme s'il tentait de l'enfouir dans son cou.
— Oui.
J'halète presque, mon organe vital s'acharnant douloureusement entre mes côtes, lorsque je souris, si faussement que j'ai l'impression que mes joues risquent de se fissurer d'un instant à l'autre.
— Parfait !
Je tends enfin ma main vers lui, qu'il attrape dans un moment d'hésitation, et l'aide à sortir de la tombe dans laquelle il était.
— Bordel, Gaby, tu es terrifiante, murmure-t-il alors.
— Je sais, on me le dit souvent.
« Ce n'est pas toi qui devrait être ici », me rabâche cette voix. « Cette vie ne t'appartient pas ».
Et sans doute est-ce la raison pour laquelle Klaus m'a abandonné. Tout ce que je touche se brise, je ne suis qu'un putain d'aimant à problèmes. Un monstre sans cœur, qui ne mérite pas la vie qu'elle poursuit depuis sept longues années.
Je ne mérite pas Klaus.
Je ne mérite pas la vie de Ange.
Je ne mérite pas Diego.
La souffrance. Voilà ce qu'un monstre comme moi mérite.
— Gabriella..?
Ce n'est que lorsque les doigts couverts de terre de mon frère frôlent mes joues que je me rends compte que je pleure. J'en sursaute presque, le cœur douloureux, et quand il vient me serrer contre lui, je craque et tout s'échappe. Je pleure si fort que j'en souffre, si fort que je souhaites en mourir, alors que Klaus passe doucement ses mains entre mes boucles défaites.
— Je suis désolé, murmure-t-il. Pour tout. Oh, Gaby, si seulement tu m'avais dis à quel point tu avais mal...
Mais cette douleur, je la mérites. Parce que tout est de ma faute.
— C'est moi qui aurait dû mourir, je peine à prononcer. Klaus, c'est moi qui aurait dû mourir ce soir-là. Et je n'arrive plus... Je n'arrive plus à avancer sans que son souvenir ne me revienne et que je me dise que c'est lui qui devrait être avec vous en cet instant.
Les bras de Klaus m'enserrent, me bercent de la manière exacte que je faisais durant notre enfance, et c'est comme si un énorme poids me quittait, au fur et à mesure que mes larmes coulent.
— Plus jamais je ne te laisserais, murmure-t-il avec douceur. Plus jamais je ne te laisserais croire que tu ne vaux pas la peine. Et Ange l'a vu, lui aussi... Tu es notre espoir, Gabriella.
— Ça fait mal...
— Je sais... Lâche tout, je serais là, maintenant.
Alors j'obéis. Bercée par mon grand frère, son parfum si particulier me revenant aux narines, je laisse mes larmes s'échapper, mes peurs remonter, et ma douleur me déchirer. Je pleure comme je n'ai plus jamais pleuré en sept ans, blottit contre les bras de ma moitié d'âme.
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Ꮜꮇᏼꭱꭼꮮꮮꭺ Ꭺꮯꭺꭰꭼꮇꭹ ///Terminée\\\
FanfictionÀ la douzième heure du premier jour d'octobre 1989, quarante trois femmes à travers le monde donnèrent naissance à un enfant. Le seul facteur commun était qu'aucune de ces femmes n'étaient tombés enceintes auparavant. Sir Reginald Hargreeves, millia...
Chapitre 54
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