— Pitié, empêche-moi de le tuer.
— Certainement pas, je réponds dans un haussement d'épaules.
— J'en ai assez entendu.
La voix de papa claque bruyamment dans le fond de la pièce. Je relève mon regard vers lui, ma rage éclatant à nouveau bien trop fort, tandis qu'il s'éloigne quelques instants... Pour revenir avec un fusil.
— Oh, oh, oh, l'interrompt brusquement Lila. Vous faites quoi, là ?
— Nous partons chasser.
— Il va encore tuer Ben !
Je réagis au quart de tour, soulevant mes doigts vers l'arme que notre paternel tient en main. Cette dernière explose en une pluie de pétales et le regard furibond de mon père se braque sur moi.
— Un des deux hôtes doit être éliminé avant que la réaction ne soit terminée !
— La réaction ? Répète Allison avec supériorité, Vous vous rendez compte que vous parlez d'êtres humains et pas de rats de laboratoires, on est d'accord ?
— Reggie, je t'en prie, écoute tes enfants, tente de calmer les choses la femme en face de nous. Tu ne peux pas les tuer de sang-froid.
— Oui, elle a raison y'a forcément un autre moyen.
— Je comprends. Vous vous êtes attachés à votre frère, mais vous n'avez pas l'air de comprendre ce qui est en jeu. Alors pour l'amour du Ciel, faites réapparaître mon fusil avant qu'il ne soit trop tard !
Je hausse les épaules, observant mon père de cette lueur jugeuse qu'il m'a toujours offerte étant gamine.
— La seule raison qui me pousserait à faire ça serait de pouvoir vous tirer une balle en pleine gueule.
Soudain, alors que l'idée de le plomber me parait bien trop belle pour ne pas être tenté, Allison attrape un bibelot posé sur la cheminée et le lance violemment sur lui. L'objet s'écrase contre sa tempe et papa s'écrase lourdement au sol, lâchant un grognement douloureux.
— Et si vous la fermiez ?
— Joli lancé, je complimente.
— Merci.
— Comment osez-vous ? S'insurge alors papa.
Ma sour s'avance alors vers lui, le menton levé, et je ne peux retenir le sourire qui frétille sur mes lèvres.
— Ça suffit, je crois qu'il est grand temps qu'on vous montre que c'est pas vous qui commandez, vieillard.
Alors, avec colère, l'énergie de Viktor nous englobe brusquement, me coupant presque le souffle, lorsque mon frère s'avance vers le corps étalé de papa. Une onde aux reflets cuivrés s'abat sur lui, le terrassant au sol avec violence, et je lâche un sourire amusé en observant pour la première fois ce monstre en position de faiblesse face à nous.
— Vous croyez vraiment que vos enfantillages vont m'arrêter ? S'agace papa, la voix tout de même affaiblie.
— OK, alors je peux augmenter la puissance.
Sitôt ses mots de prononcés que l'onde augmente d'un cran, arrachant un geignement ridicule à Reginald. Il se tortille, essayant de s'en défaire et là, tout de suite, je jubile si fort que toute ma souffrance disparaît.
Je veux qu'il souffre autant que nous avons souffert. Qu'il nous regarde et qu'il comprenne enfin que tout ceci est uniquement de sa faute.
Je veux qu'il regrette de nous avoir détruit.
— Je vous en prie, Viktor ! Ne lui faites pas de mal !
— Et pourquoi ça ? Pourquoi je devrais arrêter ? Lui, il arrête pas de faire du mal aux autres ! À Ben, à Jennifer, à moi. À tout le monde.
— Épargnez-moi tout ce cinéma, garde-t-il pourtant la face. Une seule vie n'est pas plus importante que toute la planète.
Le sol se fend sous ses pieds. Je sens bien qu'il perd le contrôle et, pourtant, je suis incapable de l'arrêter. Je ne souhaites qu'une seule chose : qu'il le tue.
— Vous avez fourré votre nez là où vous n'auriez pas dû, et vous avez permis à Jennifer de s'échapper. Tout ça, c'est de votre faute !
— Oh, non, non, non. C'est votre faute ! Pendant toute ma vie, tout ce que j'ai voulu, c'est que vous me remarquiez, pour que je fasse partie de l'équipe. Au lieu de ça, vous m'avez traité comme si je valais rien du tout. Et moi, je vous ai cru. J'ai cru que vous me connaissiez mieux que je ne me connaissais moi-même ! Mais maintenant je sais que vous savez que dalle !
Mon frère souffre, je le vois. Et ça me brise le cœur. Parce que nous n'avons pas été mieux. Nous l'avons laissé de côté, envié et détesté pour sa normalité... Nous n'avons pas été mieux que Hargreeves.
— C'est vous, le raté ! C'est à cause de vous tout ce qu'il se passe ! Et j'peux vous dire que je ne vous laisserai pas tuer Ben. Ni maintenant, ni jamais ! Est-ce que c'est clair ?
Soudainement, si lentement que je peine la voir à avancer, la femme dépose doucement sa main sur l'épaule de mon frère alors que son énergie se dissipe lentement, jusque disparaître complètement. Il inspire, la respiration haletante, et c'est à peine à cet instant que je respire de nouveau.
— Viktor, l'appelle-t-elle. Ça suffit.
Mon frère reprend péniblement sa respiration, reprenant ses esprits, et je m'avance à mon tour pour le soutenir. Ma main se pose sur son épaule alors que je lance un regard à ce qui nous a servi de père toute ses années, sans rien ressentir d'autre que de la haine.
— J'espère que vous avez bien compris, Reggie. À partir d'aujourd'hui, c'est nous qui prenons le contrôle.
Il se lève péniblement, grognant de douleur à chacun de ses mouvements, et je ne peux m'empêcher de me sentir bien en le voyant ainsi. Alors, un agent de sécurité s'approche de lui, et Reginald se redresse d'un bond, comme pour reprendre le peu de fierté qu'il lui reste.
— Qu'est-ce que vous attendiez pour intervenir ? Gronde-t-il avant de prendre un ton moins rauque. Qui-a-t-il ?
L'homme s'approche, murmurant quelque chose à son oreille, et son visage se détend étrangement.
— Ahh, souffle-t-il enfin.
— Quoi ? Attaque immédiatement Viktor.
— Il semblerait que nous ayons trouvé votre frère.
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Ꮜꮇᏼꭱꭼꮮꮮꭺ Ꭺꮯꭺꭰꭼꮇꭹ ///Terminée\\\
FanfictionÀ la douzième heure du premier jour d'octobre 1989, quarante trois femmes à travers le monde donnèrent naissance à un enfant. Le seul facteur commun était qu'aucune de ces femmes n'étaient tombés enceintes auparavant. Sir Reginald Hargreeves, millia...
Chapitre 53
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