Nous détruire, nous prendre pour des numéros et une maudite expérience n'était pas suffisant. Il a aussi fallu qu'il efface le souvenir de la mort de mon frère de ma mémoire... Comme une simple erreur, une anomalie.
— Je ne ferais rien de tel. Pour l'instant, nous devons retrouver la fille avant qu'il ne soit trop tard.
Mon dernier barrage craque. J'explose, folle de rage, et matérialise si vite un Glock que son poids manque de me faire sursauter. Je le vise, cette lueur de rage ne cillant pas une seule fois, alors que je retire la sécurité.
— C'est marrant, je lâche avec fureur, on dirait que vous pensez avoir le choix.
— Gaby !
Le regard de la femme posté à côté de lui se pose sur moi, si doux que j'en ai des frissons, et, durant quelques secondes, j'ai l'impression de revoir ma maman. Celle-là même qui me rassurait pendant mes crises de panique. Celle qui soignait mes plaies. Celle qui m'a élevé.
— Reggie, s'il te plait, tente-t-telle.
— C'est extrêmement compliqué. Cela pourrait prendre des jours !
Alors, sans que je ne baisse mon arme, cette dernière attrape sa main, et je ne cache en rien ma surprise devant l'air vaincu que mon paternel lui affiche.
— Quoi qu'il en soit, si cet enchaînement d'événements a été déclenché, c'est par ta faute Peu importe la ligne temporelle où ça s'est produit. S'il te plaît, viens leur en aide.
Malgré ma surprise, je m'efforce à rester le plus neutre possible. Être la chef d'un cartel apporte quelques bénéfices, et être capable de cacher la moindre de ses émotions en fait parti. Comme un masque, je souris vicieusement et baisse mon arme jusque son cœur, si tenté qu'il en possède un.
— Alors, Reggie ?
Quand sir Reginald Hargreeves nous amène dans une espèce de laboratoire teinté de lumière bleuté, la plus grande conviction du monde n'aurait pas réussi à cacher mon angoisse. Je me faufile à l'intérieur, l'esprit en compote, alors que le visage de mon Ben me revient en mémoire.
Toutes ces années, j'ai vécu sans même me rappeler de sa mort...
Cinq machines nous font face, elles-même branchées à une seconde, et je peine à garder une respiration normale lorsque papa nous fait nous asseoir et termine les branchements. Ma respiration se coupe lorsqu'il se penche vers moi, plaçant contre mes tempes une espèce d'appareil grésillant déjà dangereusement, et je sais avant même qu'il ne parle qu'il réussit à entendre les battements acharnés de mon cœur.
— Restez assise et détendez-vous.
— Ce qui réussirez à me détendre, se serait de vous arracher la tête, je crache avec médisance.
Ses sourcils se froncent, sa mâchoire se crispe et alors, sans un mot, il m'abandonne pour s'occuper des autres. Je ferme alors les yeux une demi-seconde, incapable de faire mieux que cela.
Je veux savoir comment Ben est mort, bien sûr, mais en même temps... Cela me terrifie. Parce que je ne suis pas certaine d'être assez forte pour le revivre une nouvelle fois.
— J'veux bien le faire, moi aussi, réclame presque timidement Viktor.
— Mais... T'as pas fais la mission, réfute Luther.
— J'étais pas dans l'équipe à l'époque mais... Aujourd'hui, j'en fais parti. Et moi aussi je veux savoir ce qu'il s'est passé, ce jour-là.
— Excellent. Prenez place.
Alors papa l'installe à son tour et je lance un regard terrifié à Diego. J'inspire, la respiration bloquée entre le passage de mes lèvres et de mes poumons et, lorsqu'il me sourit, si doucement que je peine à le voir dans obscurité, le nuage de terreur en moi s'estompe quelques instants.
Cinq et Lila lui viennent en aide, finalisant de nous attacher, et lorsque mon frère enfourne dans ma bouche une espèce de tuyau probablement prévu pour m'empêcher de me mordre la langue, son petit air supérieur m'arracherait presque un sourire.
— Bon courage, l'alcoolique.
— Haha, je crache difficilement, les dents serrées.
— T'es sérieuse là ? Entends-je Diego crier entre le tuyau. Qu'est-ce qu'il se passe, là ? Tu ne peux pas me faire ça !
Mais j'ai à peine le temps de réagir, ni même de me tourner vers lui pour savoir ce que Lila a bien pu lui dire, que papa active l'appareil face à nous. La salle se teinte de rouge, une alarme se fait entendre et lorsque un flash s'allume devant moi, une douleur atroce vient frapper mon crâne, avant de laisser place à un vacarme assourdissant. Les images de ma vie défilent devant mes yeux, m'arrachant un gémissement d'inconfort, quand tout se teinte d'un seul coup de noir.
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Ꮜꮇᏼꭱꭼꮮꮮꭺ Ꭺꮯꭺꭰꭼꮇꭹ ///Terminée\\\
FanfictionÀ la douzième heure du premier jour d'octobre 1989, quarante trois femmes à travers le monde donnèrent naissance à un enfant. Le seul facteur commun était qu'aucune de ces femmes n'étaient tombés enceintes auparavant. Sir Reginald Hargreeves, millia...
Chapitre 52
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