— Faut qu'on parle de Ben, lâche Diego en entrant dans le salon, le dossier en main.
J'observe la pièce, un sourcil haussé. Mes frères et Allison sont assis devant une table couverte de viennoiserie, alors que papa et une femme dont j'ignore jusqu'au nom leur fait face, comme une bonne petite réunion de famille. Rien qui n'a jamais ressemblé à Hargreeves, en tout cas.
— De Ben ? Répète Luther, les yeux exorbités.
J'acquiesce, un sourire si amer aux lèvres que j'en souffre, et m'avance vers l'un des muffins pour le fourrer à l'intérieur de ma bouche. Le sucre explose sous mes papilles sans pour autant calmer ma soif d'exploser le crâne de mon paternel contre la cheminée, alors que numéro Deux se place devant l'assemblée pour leur faire part de notre nouvelle découverte.
— C'est écrit en moldave. De Moldavie, se sent-il obligé de préciser. Et c'est... Majoritairement censuré.
— Donc on peut rien comprendre et rien lire, traduit Allison en attrapant le document pour l'ouvrir.
Je secoue la tête, une clope au bec, alors que ma sœur entrouvre ledit document pour y découvrir ce que nous avons tous vu.
— Techniquement, oui. Mais tu n'as pas besoin de lire pour comprendre.
Ses sourcils se froncent, son regard se lève vers moi, et je rejette la fumée toxique de mon bâtonnet avant de lui pointer ce qui nous intéresse le plus : en soit, la mention de notre académie et la date.
— À priori, se mêle Cinq, ce document vient de la ligne temporelle d'origine. Il explique comment Ben est mort, dans ce qu'il appelle "l'incident Jennifer".
— Mais on sait déjà comment il est mort, contredit Luther avec ferveur.
Je me fige à cette remarque, triturant mon esprit à la recherche d'une explication plus complète que "mon frère est mort lors d'une mission, et ce par notre faute".
— D'accord. Raconte.
J'ai toujours eu une excellente mémoire. Je suis capable d'apprendre très vite la moindre des compositions et jamais celle-ci ne quittera mon esprit. Alors, jamais je n'aurais pu oublier la cause du décès de mon frère. Pourtant, j'ai beau m'y pencher, rien ne me vient.
— Eh bah, lâche Luther, c'était un accident tragique. Notre Ben est mort parce qu'on a échoué en tant qu'équipe. Personne n'est responsable, et...
— Et quoi ? Force Cinq.
Mon organe vital bat si vite, si fort, que j'ai l'impression qu'il pourrait sortir de ma cage thoracique. Je baisse la tête, observe les cendres quittant le bâton de ma cigarette, alors que les traits de Luther se crispent à son tour.
Je n'ai aucun souvenir de la mort de Ben. Tout ce qui me vient, ce sont ces mots.
C'était un accident tragique...
— Comment Ben est mort, Allison ? En rajoute Cinq.
— C'était un accident tragique. Ben est mort parce qu'on a...
—... Échoué en tant qu'équipe, rajoutons Diego et moi d'une même voix.
Je jette un regard vers ma fratrie, incapable de comprendre ce qui peut bien nous arriver, lorsque nous terminons tous ensemble cette phrase qui semble avoir été programmé pour parler de ce sujet.
— Personne n'est responsable. C'est une responsabilité collective. Ben Hargreeves représentait ce qu'il y a de meilleur en nous. Ben symbolisait la "Umbrella Academy".
Putain...
— C'est quoi encore, votre truc, là ?
Mon regard se tourne alors vers Lila, puis vers celui qu'elle fixe, et mon sang bouillonne davantage lorsque l'expression sévère de mon paternel capte la mienne.
YOU ARE READING
Ꮜꮇᏼꭱꭼꮮꮮꭺ Ꭺꮯꭺꭰꭼꮇꭹ ///Terminée\\\
FanfictionÀ la douzième heure du premier jour d'octobre 1989, quarante trois femmes à travers le monde donnèrent naissance à un enfant. Le seul facteur commun était qu'aucune de ces femmes n'étaient tombés enceintes auparavant. Sir Reginald Hargreeves, millia...
Chapitre 52
Start from the beginning
