Chapitre 51

Depuis le début
                                        

Bam. Bam. Bam.

Comme une litanie.

Bam. Bam. Bam.

Sans jamais s'arrêter.

— Comment tu peux en être aussi sûre ? Me questionne-t-il d'un ton si bas qu'il vibre contre ma peau.

J'ai l'impression de prendre feu, et pourtant mon corps tout entier se couvre de frisson. Tout s'éteint, ne reste que lui et sa lumière. Sa présence, son odeur, son être tout entier, c'est alors tout ce qui compte en cet instant-ci.

— Quand on était gamins... J'étais folle amoureuse de toi, Diego. T'étais tout ce que je n'étais pas, tout ce que Klaus n'était pas. Tout ce que je voulais.

Je devrais me taire. Ravaler ces mots qui m'échappent et lâcher à la place une petite pique dont je suis le maître, mais c'est comme si j'avais perdu le contrôle, et rien ne peut m'arrêter. Certainement pas moi.

— Alors je le sais, tu es loin de ne pas être assez. Tu es même trop.

Trop fort. Trop présent. Trop toi.

— Et Lila serait folle de penser le contraire. 

Les éclats d'or dansent dans son regard sombre. Sa main remonte, toujours accrochée à la mienne, et lorsqu'il la libère pour la poser sur ma joue, c'est tout un incendie qui s'allume en mon sein.

Ange était la fibre de mon âme. Et, Diego, lui... Il est tout à la fois le poison et le remède de mon existence. Il est ma douleur et mon salut. Mon être, mon âme, et l'arme qui finira par me tuer.

Parce que ça a toujours été lui... L'unique objet de mes désirs.

— Dans une autre vie, murmure-t-il douloureusement.

Dans une vie où notre Ben n'est pas parti trop tôt. Dans une vie où ni Lila ni Ange ne sont apparus. Dans une vie où son poison ne me tue pas, et dans une vie où mon orage n'est pas si imposant.

Dans une vie où, lui et moi, nous ne sommes plus les numéros Deux et Huit, mais Diego et Gabriella.

— Oui, dans une autre vie...

Quand il retire sa main, si doucement qu'elle laisse sur ma peau un sillon de frisson, je comprends sans soucis que la magie s'estompe. Alors tout me revient : l'ambiance du lieu, ma douleur et la voix. Le manque, Klaus et le silence.

Dans une autre vie, où je ne serais pas aussi bousillée.

— On devrait...

— Reprendre les recherches, je finis à sa place. Oui.

Je mords dans ma lèvre si fort que le goût familier du sang éclate dans ma bouche. Tout s'estompe, tout revient à la normale, et j'appuie ma main sur ma hanche en lui faisant signe de se jeter le premier dans la nouvelle benne à ordure, ce que je ne ferais décemment pas.

Diego roule des yeux, agacé, mais obéit tout de même, et je décide de ce fait à l'observer rechercher les archives perdues plutôt que d'écouter la litanie terrifiante qui m'assaillit encore dans la poitrine.

Diego, Diego, Diego, chantonne mon âme.

Aimant à problèmes, reprend la voix. Tout est de ta faute.

Et elle a parfaitement raison. 

— Oh, ça pue la merde là dedans, râle numéro Deux.

— Sois pas si rabat-joie, je me moque sans vraiment en avoir la force. 

Mais, soudain, son regard se durcit, se levant vers le sommet de sa tête et, lorsqu'il se tourne vers moi, je comprends aisément qu'il a repéré quelque chose.

— Tu pourrais matérialisé un bâton ou un truc du genre ?

À mon tour, je soulève la tête vers le long tuyau au sommet de sa tête... Dont une masse sombre semble boucher l'entrée.

Putain.

J'obtempère rapidement, matérialisant une barre de fer avec laquelle je viens frapper l'entrée du tuyau. Et, lorsqu'un nouveau sac poubelle noir en tombe, mon cœur se met en pause. 

Diego se jette dessus, l'éventrant sans douceur pour en fouiller l'intérieur, et quand il attrape une feuille à l'intérieur, j'en oublie presque l'odeur nauséabonde des poubelles et me jette à l'intérieur pour trouver d'autres choses.

— Diego, je l'appelle en sortant de ce dernier plusieurs pochettes marrons.

Il l'attrape, l'ouvrant brutalement, et j'écarquille les yeux devant ce que nous y trouvons. 

Certains textes sont effacés, barré d'une ligne noire alors que le nom de Jennifer apparaît, ainsi qu'une inscription rajouté au stylo bleu. "La purge".

— Putain de merde...

— Faut qu'on aille voir les autres.

Ꮜꮇᏼꭱꭼꮮꮮꭺ Ꭺꮯꭺꭰꭼꮇꭹ ///Terminée\\\Où les histoires vivent. Découvrez maintenant