Chapitre 51

Depuis le début
                                        

Un sourire acide m'échappe alors que je le regarde se jeter à corps perdu dans l'une des poubelles que nous avons trouvé dans le sous-sol. Je hausse les épaules, faisant mine de regarder mes ongles, et secoue la tête d'un air taquin qui, je le sais, réussi toujours à l'énerver. Cela a toujours été le cas, d'aussi loin que je m'en souvienne. Il s'énerve, j'en joue, et il ne s'énerve que davantage.

— Hm, non merci. Je n'ai pas trop envie de sentir les détritus.

Numéro Deux râle, peut-être plus fort qu'il ne l'a jamais fais, et je lève un regard surprit vers lui et ses traits tirés. Vers sa colère à peine camouflée, qui ne me semble même pas destinée.

— Hé, ça va ? Je questionne, On dirait que t'es sur le point de craquer.

Il sourit, l'un de ses sourires si acides qu'il pourrait sans problème revenir à un "va te faire voir, salope", et se tourne enfin vers moi.

— C'est vraiment toi qui me dis ça ?

Je hausse les épaules, pas vexée pour un rond, et m'approche de lui pour mieux observer son visage dur et énervé.

— Eh oui, c'est ironique, non ?

C'est comme s'il souffrait d'une manière que je ne comprends pas et que je ne supporte pas de voir. Comme si sa raison le dévorait, et que son cœur s'acharnait.

— Qu'est-ce qu'il y a ? Je lui demande d'une voix plus douce.

Alors, l'incendie dans son regard s'apaise, remplacé par une étincelle de tristesse qui m'arrache un pincement au cœur. Je m'approche davantage, prenant sa main dans la mienne pour le rassurer et, alors, c'est comme si ses yeux venaient parler pour lui. 

Diego Hargreeves possède les yeux les plus envoûtants qu'il n'ait jamais existé. C'est comme s'il vous avalait toute entier, vous laissant vous perdre entre les éclats chocolats et les étincelles d'or qui y règnent lorsqu'il est heureux. 

Tout bien réfléchi, ce sont ses yeux que je préfère. Si parlant, si profond. Si doux, si lourd. Si... Parfaits.

— C'est Lila, finit-il par m'avouer, la voix enrouée. Je... J'étais certain qu'elle me trompait, alors je l'ai pris en filature.

Plus il parle, plus sa main enserre la mienne, comme un moyen de s'encrer au monde réel, et plus je me perds dans les nuances tragiques de ses iris.

— Mais, au final, elle n'avait tout simplement pas confiance en moi. Et elle a préféré choisir Cinq pour enquêter sur ces gars bizarres plutôt que moi. Et, après tout, je peux la comprendre. Il est de la CIA, et je ne suis qu'un simple postier, tu vois ? Mais...

Il s'arrête, baissant le regard une demie-seconde, alors que les mots semblent lui échapper.

 — J-Je me sens putain de trahi... De savoir qu'elle a préféré mener son enquête de son côté, quitte à me laisser dans le d-doute comme un con. 

Lorsqu'il commence à bégayer, c'est tout mon être qui entre en écho à sa douleur. J'enserre sa main, son regard brûlant plongé dans le mien, comme pour mieux m'expliquer ses émotions.

— C-Comme si... C-comme si je ne valais pas assez.

Et, tout à coup, c'est comme si mon esprit trouvait enfin ce point de calme, cette idylle rassurant, loin de mes démons et de cette voix qui se poursuit dans ma tête depuis sept ans. Comme si Diego avait le don de calmer en moi la tempête qui règne depuis toujours, et comme si j'étais de nouveau complète, lorsqu'il me fixe avec tant d'intensité.

— Tu es assez, je souffle d'une voix que je ne reconnais même pas comme étant la mienne. Et mille fois plus.

Je ne me sens même pas me rapprocher de lui, mais son nez frôlant désormais le mien et son souffle frénétique sur ma bouche me l'apprennent à la place. J'inspire, la respiration tout à coup bloquée, alors que mon organe vital tente désespérément de sortir de ma poitrine pour fuir bien loin d'ici.

Ꮜꮇᏼꭱꭼꮮꮮꭺ Ꭺꮯꭺꭰꭼꮇꭹ ///Terminée\\\Où les histoires vivent. Découvrez maintenant