— Je crois pas, non. Cette petite excursion vient juste de nous le prouver.
J'hausse un sourcil, surprise par son enthousiasme, et croise les bras sous ma poitrine alors que Diego affirme tout haut ce que je pense tout bas.
— J'te trouve vachement enthousiaste pour quelqu'un qui voulait même pas venir, à la base.
— Vous servez vraiment à rien, se justifie-t-il misérablement. Je préfère me démerder.
— Regardez-moi le grand garçon qui se sent pousser une paire de couille depuis qu'il a trouvé la fille, je chantonne avec amertume.
Son regard furieux se pose sur le mien, à deux doigts d'en venir aux mains, et je souris dans le simple but de l'y pousser. Mais, à la place, Ben lâche un soupir agacé et s'éloigne, partant seul de son côté pour retrouver cette fille dont nous avons pourtant perdu la trace.
— Ben, l'avertit Luther. Je t'interdis de t'éloigner de moi !
— Et il n'en resta plus que sept, annonce sombrement Lila, en référence à la célèbre histoire d'Agatha Christie.
Enfin, lorsque le van fut à nouveau en état de rouler correctement, je me laisse tomber mollement contre le siège désagréable, mon casque enfoncé dans mes oreilles pour ainsi fuir la discussion entre Diego et Lila ainsi que mes pensées trop voraces ou les ronflements de Viktor, endormi à côté de moi. Cependant, malgré toute mes tentatives, cela m'est impossible, et je jette pour la dixième fois au moins un coup d'œil au téléphone jetable que je viens de matérialiser pour appeler Nigel, mon bras droit.
Klaus est parti je-ne-sais-où, et même si ses mots ont été pour moi la pire des choses à entendre, même s'il m'a abandonné et qu'il me déteste, je ne peux tout simplement pas le laisser derrière moi dans sa douleur. Je ne sais que trop bien ce que ça fait de se retrouver seul et isolé, entouré par ses démons et sa douleur. On sombre, sans rien pour se rattacher, pour au final ne devenir qu'un putain de puit sans fond. Jamais je ne laisserais mon frère finir comme moi : brisé et perdu. Même s'il me haït, même s'il pense, très justement, que je ne suis rien d'autre qu'un fouillis de bordel, jamais je ne le laisserais tomber.
Aussi ai-je prévenu Nigel de surveiller ses moindres faits et gestes, laissant de côté tout ce qu'il pouvait bien entreprendre pour se concentrer sur cette tâche. Être chef d'un cartel à ses avantages, et si je restais loin de ma famille durant cette quasi décennie, je n'ai jamais laissé un seul membre de ma fratrie loin de ma surveillance. Je surveillais que Luther ait un toit où se loger, même s'il s'agissait d'un bâtiment désaffecté. Je veillais à ce que Claire n'ait aucun problème dans la rue lorsque Klaus n'était pas là pour l'accompagner et j'observais l'état du bar de Viktor, au cas où il aurait besoin d'une aide financière pour joindre les deux bouts.
Ils sont tout ce que j'ai, même si je souffre d'être avec eux.
Lorsque le van s'arrête enfin, je ne me rends même pas compte que je m'étais endormie. Je rouvre les yeux, lâchant un grognement très peu glamour, et observe le bâtiment qui se présente face à moi. Une sorte d'appartement, un tantinet glauque.
— Alors c'est là, ton club de lecture, Nancy ? Lâche méchamment Diego.
— Lâche-moi, Diego.
Elle sort la première de la voiture, l'air furibonde, et je la suis en étirant les muscles brûlants et engourdis de mon corps. J'enfouis mes pensées, m'efforçant à oublier ce liquide ambré qui me fait rêver, et suis Lila et Cinq jusque la porte d'entrée alors que Diego offre à Viktor les clés de son petit bijoux à deux doigts de rendre l'âme.
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Ꮜꮇᏼꭱꭼꮮꮮꭺ Ꭺꮯꭺꭰꭼꮇꭹ ///Terminée\\\
FanfictionÀ la douzième heure du premier jour d'octobre 1989, quarante trois femmes à travers le monde donnèrent naissance à un enfant. Le seul facteur commun était qu'aucune de ces femmes n'étaient tombés enceintes auparavant. Sir Reginald Hargreeves, millia...
Chapitre 51
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