Chapitre 51

Depuis le début
                                        

Je les entends parler, mais impossible de comprendre ne serais-ce qu'un mot. Je sombre, plus loin encore, et ressens à peine la main posée contre mon épaule. Les lèvres de Diego remuent, comme pour appeler mon nom, et je le regarde remuer vers Klaus, sûrement pour l'engueuler, mais honnêtement, je m'en fiche complètement.

Pour Klaus comme pour tout les autres... Je ne suis rien de plus qu'une ratée qui détruit sa vie et celle des autres. Comme j'ai tué Ange. 

— Tu vas te calmer, bordel ?

— Oh nan, je vais même monter d'un cran. Parce que, après tout, les problèmes, c'est la grande spécialité de la famille ! On a celui qui fait une fixette sur son papa, le maniaque du chaos. Monsieur complexe d'Œdipe, monsieur complexe d'Œdipe bis. Monsieur l'énorme connard. Et toi alors... Bah, bizarrement, t'as l'air d'être quelqu'un d'assez équilibrée. Enfin, c'est ce que tu dégages, bref ! J'en ai tellement marre de vivre recroquevillé, coincé dans ta petite bulle de supériorité ou dans l'ouragan de problèmes qu'est Gaby !

J'aimerais parler, mais j'en suis incapable. Tout ce que je peux faire, c'est me briser sous son regard désapprobateur.

Klaus est tout pour moi, et je pensais l'être pour lui aussi. Mais, durant toute ses années, il pensait que mon attention n'était là que pour enfouir les soucis de mon existence. Après tout, comment puis-je lui en vouloir ? Qui s'embêterait à verser de l'eau dans un vase brisée ?

Mais ça fait un mal de chien.

— Sérieux ? C'est moi qui me suis occupée de toi ces cinq dernières années, c'est comme ça que tu me remercies ?

— Je crois que t'inverses légèrement les rôles, ma petite chérie. 

— Ah bon ?

— Qui est-ce qui s'occupe de toi depuis que Ray s'est cassé ? Eux, ils en avaient rien à foutre de toi. Et qui est-ce qui s'est occupé de ta fille pendant que tu partais foirer tes auditions de petits rôles ?

— Oh, parce que tu crois que ça me plaît d'héberger un homme adulte dans mon sous-sol, peut-être ? De le voir emballé toute la maison dans du papier bulle ?

— Ça suffit.

Je reconnais à peine ma voix lorsque je claque ces mots, mon regard se posant sur celui de Klaus d'une manière que je ne me reconnais pas. J'avance d'un pas, puis deux, et m'arrête à côté de ma sœur pour lui faire face.

— Casse-toi, Klaus. 

J'ai mal. J'ai si mal que je veux en mourir. Tout ce que je souhaite, c'est que tout s'arrête.

— Gaby, entends-je Diego m'appeler.

Klaus acquiesce, les yeux brillants de douleurs, et s'éloigne alors en traversant la route sans prendre en compte les voitures et ce qui l'entoure. Je le sais, je devrais le retenir, lui dire à quel point je l'aime. Mais ces mots, ils ont été comme des lames de rasoirs, et j'ai trop mal pour faire autre chose que détruire, moi ainsi que tout ce que je touche.

C'est ma spécialité, après tout.

— En fait, pendant qu'on y est, lâche Allison avec colère, y'a pas quelqu'un d'autre qui veut vider son sac ? Parce que, là, c'est le moment.

Mes frères ne répondent pas, perplexes devant la scène que nous venons de leur offrir, et je peine à retrouver ma voix quand je murmure.

— Merci de m'avoir défendu.

Je lui en veux. Tellement. Mais là, tout de suite, c'est de ses bras dont j'ai besoin lorsque je m'y love. Allison ne répond pas, elle ne réagit même pas, mais c'est tout ce dont j'ai besoin. D'elle. Pas ce monstre qui nous a privé du bonheur pour le sien, ni même cette diva aux airs supérieurs qu'elle était. Mais de ma grande sœur, forte et intelligente. Celle-là même qui vient de me défendre malgré les horreurs que je lui ai balancé. Celle-là même que je serre contre moi, à défaut de me tuer une bonne fois pour toute.

Ꮜꮇᏼꭱꭼꮮꮮꭺ Ꭺꮯꭺꭰꭼꮇꭹ ///Terminée\\\Où les histoires vivent. Découvrez maintenant