— J'sais pas. Mais il a dit qu'il venait.

Les yeux de mon frère s'illuminent quand il sourit, jetant à nouveau une boule en plastique sur moi. Je soupire, agacée, mais lorsqu'un léger sourire vient frétiller contre mes lèvres, c'est le goût aigre de la culpabilité qui me parvient.

Cette voix me revient, encore et toujours depuis ces sept ans, renâclant sans fin cette triste vérité. C'est moi qui aurait dû mourir, ce jour-là.

Il y a quelques années, je m'étais demandé s'il était possible d'oublier un être aimé. La réponse est non. Il restera à jamais gravé dans votre mémoire, son souvenir vous hantant jusqu'à en devenir fou.

— Et Allison ? Demande Cinq.

Je roule des yeux, ce rictus s'effaçant presque immédiatement de mes lèvres.

— Bah, elle vient jamais de toute façon, annonce Luther.

— Et c'est pas plus mal, je grince avec colère.

Ange avait tord, je ne pouvais pas tout pardonner à ma fratrie. Pas ça. Pas lorsque ma sœur a réinitialisé un univers tout entier pour elle, où Ray et sa fille étaient là, sans même penser à Klaus, à Luther, ou même à moi... Ça, je ne pourrais jamais le lui pardonner.

— Bon, je soupire, déjà à bout de mes limites, je vais me chercher une bière.

— Ramène m'en une, réclame Ben.

Je ne réponds pas, m'éloignant vers la cuisine pour aller me chercher une douce consolation vers les boissons mise à notre disposition. Un soupir quitte mes lèvres lorsque j'ouvre le nouveau pack, attrapant la première bouteille qui me passe sous le nez. Mes doigts tremblent lorsque je l'ouvre et, quand enfin ce liquide ambré s'écoule le long de mon œsophage, la légère impression que tout ira mieux m'emporte.

— Tante Gaby !

Je sursaute, surprise, et renverse une partie de ma boisson sur mon menton. Mes yeux s'écarquillent lorsque je tombe nez à nez avec Claire, accompagnée par Klaus. Elle me sourit, tendant vers moi un mouchoir, et c'est à peine à cet instant que je pense à avaler l'alcool encore dans ma bouche.

— Claire ? Bon sang, ce que tu as grandi !

En deux ans, la petite que je connaissais avait disparu, remplacée par cette quasi femme. J'attrape le mouchoir qu'elle me tend, essuie mon menton dégoulinant, et entrouvre la bouche sans trop savoir quoi dire ou quoi faire.

— Je suis contente de te voir, tante Gaby, lâche-t-elle à ma place.

Elle me sourit, enroulant ses bras autour de mes hanches pour m'offrir une accolade, et je le lui rends maladroitement, aussi raide qu'un piquet.

Bordel, la raison pour laquelle j'évite tant ce genre de fête, c'est tout simplement par honte. Par honte que ma famille me voit aussi mal, que mon neveu et mes nièces découvrent à quel point leur tante est pathétique... Et tout ceci ne fait qu'appuyer mon angoisse. Je suis pathétique.

— Salut, Klaus, j'arrive à peine à prononcer.

Il me sourit, l'air fatigué, et lève l'une de ses mains gantées vers moi pour me saluer. Alors, Claire se sépare de moi, un sourire rayonnant aux lèvres, et profite de cet instant pour s'enfuir rejoindre les enfants.

— Claire, attends ! Tonton Klaus doit prendre ses marques, avant.

— Tout ira bien, ce n'est qu'un anniversaire, il n'y a que des gosses de six ans. Et tu es avec tante Gaby !

Il ne répond pas, offrant une moue désolée à l'adolescente pour la laisser s'en aller, et il n'a pas besoin de parler pour que je sache ce qu'il pense.

Ꮜꮇᏼꭱꭼꮮꮮꭺ Ꭺꮯꭺꭰꭼꮇꭹ ///Terminée\\\Where stories live. Discover now