Ꮜꮇᏼꭱꭼꮮꮮꭺ Ꭺꮯꭺꭰꭼꮇꭹ ///Terminée\\\

Chapitre 46

Gaby est morte. Seul reste Gabriella.

— Et tu devrais éviter de me faire la morale quand je te vise avec une arme, chéri.

Il déglutit, sa respiration courte et ses mains tremblantes. Il le sait, je n'hésiterais pas à faire feu, d'autant plus lorsque je suis prise d'une telle gueule de bois. Rien que la semaine dernière, j'ai tiré dans la cuisse d'un de mes membres pour avoir eu l'audace de ranger mes bouteilles, c'est pour dire.

Je ne suis plus la même qu'avant. Je ne suis plus celle que Klaus appréciait, celle qui le consolait, celle que Ange aimait, ou celle que Diego voulait à tout prix protéger. Je ne suis qu'un putain de trou noir, qui aspire à tout jamais la souffrance et jamais rien d'autre.

— V.. Vous m'avez demandé de vous rappeler l'anniversaire de Grace.

Oh.

— Ah, oui, je grommelle en baissant mon arme. Merci.

— Je vous dépose le cadeau devant l'entrée.

J'acquiesce, quand bien même je n'ai rien écouté de ce qu'il a pu me dire.

L'anniversaire de Grace, la fille aînée de Diego et Lila, se passe aujourd'hui et j'ai promis que je serais présente. Voir ma famille me fait si mal que j'ai ensuite besoin de vider tout un bar pour me sentir un tant soit mieux, mais les enfants méritent bien ça.

J'aime ma famille, c'est indéniable. Et si je m'efforce de rester loin d'eux, j'ai toujours un homme ou deux sur le coup, pistant leurs traces pour vérifier qu'ils vont bien... Qu'ils sont heureux sans moi. Sans la mort que j'emporte toujours avec mes bagages.

Un soupir s'échappe entre la barrière de mes lèvres. Je me lève, tirant un coup sur la couverture pour cacher mon corps, et lève ma main en direction de mon homme de main. Rapidement, il y glisse une cigarette et un briquet, et j'allume ma clope en me glissant dans ma salle de bain.

Je n'ai pas revu ma famille depuis... Presque deux ans, je crois. Les derniers anniversaires tombaient mal, et j'essayais toujours de les éviter un maximum. Mais, il y a une semaine, quand Diego m'a appelé pour me demander si je serais là, je n'ai pas pu décliner.

Grace a été le miracle de mon frère. Et si je n'ai jamais été une vraie tante pour elle, j'aimerais au moins lui offrir des cadeaux pour combler cela.

Ma présence risquerait de la détruire, comme j'ai détruis tout le reste de ma famille...

Lorsque j'arrive au lieu choisi par mon frère pour l'anniversaire de Grace, je reste incapable de bouger durant quelques secondes. Ma main sur le levier de vitesse de ma voiture, l'angoisse grimpe en moi tandis que je me retiens in extremis de faire demi-tour. J'ai trop mal pour voir mon frère heureux avec sa petite famille. Pour voir Klaus s'en sortir là où se j'écroule. Pour voir Ben, et me dire que ce n'est pas ce Sparrow là que je souhaiterais voir... Sept ans sont passés, et j'ai l'impression de mourir depuis.

— Allez, Gabriella, je souffle pour moi-même en frappant mes joues. Tu peux le faire. Une petite heure, et on se casse.

J'inspire profondément, cherchant à chasser ses ténèbres qui me consument jour après jour, et entre enfin à l'intérieur de la fête. Là, les enfants crient, chahutent et s'amusent, et toute ma bonne volonté s'éparpille. Je n'ai rien à faire ici, auprès de ma famille heureuse, alors même que tout n'est que malheur autour de moi...

— Gaby ! 

Eh merde...

Un sourire figé aux lèvres, je me tourne vers Lila. Les cernes qui habillent son regard semblent s'être intensifié depuis la dernière fois alors qu'elle se jette dans mes bras pour me serrer contre elle. J'en sursaute presque, surprise, et enroule mes bras autour de sa taille lorsque le moment se fait trop gênant.