Faiblement, dans une caresse aussi douce que douloureuse, Ange pose une main contre ma joue, cueillant les larmes qui la salissent. Ses yeux sombres se voilent, ses lèvres s'entrouvrent, formant un mot que je n'entends pas et, lorsque ce dernier soupir sort de sa gorge, j'ai l'impression de mourir.

Sa main retombe au sol, la lumière que j'aime tant dans son regard disparaît et, brusquement, je me mets à le secouer.

Il ne peut pas...

— Ange...? Je l'appelle, la voix brisée, Ange !

Ce qui se passe autour de moi, le gardien ou même le corps de Klaus au sol... Tout disparaît. J'ai l'impression de tomber au fond d'un trou, de me noyer dans l'obscurité, de plonger dans ce même silence qui m'a toujours terrorisée. Je m'entends crier, pleurer, supplier l'homme que j'aime d'ouvrir les yeux, mais c'est comme si quelqu'un d'autre le faisait pour moi. J'ai si mal que je voudrais en mourir.

C'est moi qui aurait dû mourir... C'est moi...

— Toutes ces années, entends-je la voix de Luther alors que le calme semble s'imposer à nous, j'ai été loyal envers vous. Vous m'avez envoyé pourrir sur la Lune et tout ça pourquoi ? Pour vous servir de moi dans cette foutue mission ?

J'aimerais relever la tête, croiser le regard de mon frère, mais j'en suis incapable. Mes doigts continuent de presser ce corps devenu froid tandis que mes larmes, elles, me brûlent le visage et la gorge.

C'est moi qui aurait dû mourir...

— Vous aviez un rôle primordial. Vous gardiez ce qu'il y a de plus précieux dans tout l'univers.

— Et c'était quoi ?

— Vous comprendrez vite. Comme vous tous.

Leurs mots me parviennent, mais je ne suis pas certaine de les comprendre. J'ai l'impression d'être spectatrice de mon propre corps, comme un fantôme qui ne pourrait que voir et jamais agir. Tout se brise, tout est une vraie torture...

— Ange..., je supplie une dernière fois, à l'agonie, Par pitié réveille-toi... Je t'aime...

Mais il n'ouvre pas les yeux. Son corps se rigidifie, se refroidie et, bien que je connais les signes prouvant qu'une âme a quitté un corps, je ne peux tout simplement pas me dire qu'il est...

— Regardez, le sigil est sur le sol ! Les étoiles !

— Les enfants, allez tous vous placer sur un point du sigil !

— Y'a huit étoiles et on est huit, fait remarquer Viktor, c'est nous les cloches.

— Non..., je pleure, incapable de me séparer de lui, Non, je ne peux pas...

Je sens les bras de Klaus attraper mes épaules, tremblant et faible, mais je suis incapable de réagir. Leurs voix me parviennent, mais je n'entends rien, tout est comme plongé dans le silence.

— Je peux pas, je... Je dois stopper son hémorragie...

— C'est fini, Gaby...

Sa voix faible me parvient, abîmée par son voyage dans l'au-delà, et pourtant, je ne comprends pas un mot qu'il peut prononcer.

— Allez-y, Gabriella ! Vite !

Klaus tire sur mon bras, me forçant à me lever, et mes pleurs redoublent. C'est comme si je perdais mon point d'ancrage. Je secoue la tête, incapable de lâcher ses yeux si vides.

— Non...

— Gaby, on doit le faire...

Lentement, j'avance vers l'étoile face à moi guidée par la main tremblante de mon frère. Comme une passagère dans mon corps, je m'arrête au "clic" métallique, fermant les yeux quelques instants lorsque le grognement du gardien me parvient. Une seule pensée prime sur les autres, occultant tout le reste.

Ꮜꮇᏼꭱꭼꮮꮮꭺ Ꭺꮯꭺꭰꭼꮇꭹ ///Terminée\\\Where stories live. Discover now