— Pitié, Gabriella ! 

Ange me pousse dans le passage, la mine tordue par l'inquiétude. Ses doigts tremblants enserrent les miens et ma tête tourne tellement que je ne réfléchis pas plus, le suivant dans ce passage étroit et terrifiant. Des milliers de petits miroirs décorent la zone, éclairée par une lueur blanchâtre.

Lorsque nous sortons enfin, la pièce qui m'est présentée est pratiquement identique à celle que nous venons de quitter, hormis que tout semble à l'envers. Comme une dimension parallèle. 

— On peut éviter de refaire ça ? Halète Viktor.

— Quoi ? Échapper de justesse à l'apocalypse ? Répond Cinq, pince-sans-rire.

— Ouais, c'est un peu notre spécialité.

— Y'a un truc qui va pas, ici, remarque Allison.

Ils continuent de parler, analysant la situation, et mon regard se tourne alors vers ce portail que papa referme derrière lui. Mon cœur se resserre, tout s'éteint en moi, et c'est comme si je venais de me briser.

— Enfin, l'autre côté...

— Où est Klaus ? J'halète.

Chacun d'eux arrêtent leurs remarques et analyse, se tournant vers papa. Il reprend difficilement son souffle, son dos contre la porte, et m'offre un regard si hypocrite que je manque de fondre sur lui.

— Je suis désolé, les enfants, votre frère... J'ai tout essayé, mais il n'a pas eu le temps de nous suivre. Le Kugelblitz a fait une énième victime.

Crack.

Je n'écoute même plus, mon cœur se déchire et j'ai l'impression de mourir. 

Non... Pas Klaus...

— Non, il était juste derrière moi au moment où je suis entré dans le tunnel, réfute Cinq avec colère.

Mon frère n'est pas mort... Klaus est un trouillard, il aurait foncé le premier dans le tunnel... Il ne peut pas ne pas avoir eu le temps de passer.

La poigne d'Ange se resserre contre ma main mais c'est à peine si je la ressens. Tout s'éteint autour de moi, hormis la rage et la douleur.

— On doit retourner là bas, enchérit Sloane.

— Non, il n'y a plus rien...

Luther... Puis Klaus... Ce n'est pas une coïncidence. 

— Nous aurons le temps de pleurer plus tard. Pour l'instant, nous devons continuer...

Papa quitte la pièce le premier, la tête baissée. La prise d'Ange se resserre, je le vois articuler un mot, probablement mon prénom, mais je ne l'entends pas vraiment. Je bouillonne, je souffre. 

— Je reviens, je marmonne faiblement.

Je ne prends pas la peine de l'écouter, ni lui, ni les autres. Ma main se dégage de la sienne, ultime soutien que je pouvais espérer, et quelque chose se brise en moi. Je descends les marches, rejoins l'entrée de l'hôtel, brûle de rage.

Klaus est mon frère... Mon meilleur ami, ma moitié... Vivre sans lui, ça revient à me priver d'oxygène...

— Papa ! 

Il se tourne vers moi, un air faussement attristé au visage, et je ne me retiens pas. Ma main enserre le col de sa veste et je le plaque contre le mur. Mes larmes m'échappent, ma douleur est trop forte, mais je le sais, il est le coupable.

— G-Gabriella, glapit-il, je sais que la douleur de la perte de vos frères est lourde mais reprenez votre c-...

— Vous les avez tués, hein ? Avouez-le ! 

Il ne répond pas, les traits de son visage se raffermirent, et j'explose.

— Espèce de...

Ma magie me brûle, je suis incapable de me contenir. Le monocle de papa explose, tailladant légèrement sa joue, et je ne prends même pas la peine de réfléchir un seul instant. Tout ce que je vois, c'est du rouge.

— Je suis désolé, Gabriella.

Soudainement, il agrippe mes épaules, m'arrachant un sursaut. Si à Dallas j'avais pu voir que mon paternel savait en réalité se battre, jamais je n'aurais cru qu'il possédait autant de force. Sa poigne m'empêche de bouger, me déchire la chair... C'est presque inhumain, en fait.

Je n'ai pas le temps de réagir, tout se passe alors très vite. Il me pousse violemment dans une pièce, si fort que je perds l'équilibre. Un cri m'échappe lorsque je tombe fesses les premières au sol, son visage sombre se marquant au fer rouge dans ma rétine.

— Vous êtes une variante bien trop imprévisible pour que je puisse vous laisser en liberté.

Il claque la porte, m'enfermant dans un noir profond, et il me faut une seconde de trop pour réagir. Je me lève brusquement, me jetant sur la poignet pour l'ouvrir.

— Papa !

J'actionne le levier, les nerfs à vif, et force sur cette dernière en la voyant rester close.

— Haha, très drôle, Reggie. Ouvrez-moi cette foutue porte !

Mais rien ne vient... Seul le noir et le silence.

— Reggie ?

La panique s'instaure en moi. La peur m'inonde, le silence m'oppresse, et je me mets à frapper contre la porte verrouillée, hurlant pour que l'on m'entende, pour qu'on me libère.

— Papa ! Papa, je vous en prie, ouvrez ! PAPA !

Non, non, non... Pas ça, pas ça !

Je tape, je hurle, je griffe, mais l'on ne m'entends pas. La peur m'englobe et le silence m'étouffe alors que je me retrouve là... Enfermée dans mon putain de placard.

Ꮜꮇᏼꭱꭼꮮꮮꭺ Ꭺꮯꭺꭰꭼꮇꭹ ///Terminée\\\Where stories live. Discover now