— Tu étais déjà un miracle ! Je cris.

Mon miracle, me retins-je de rajouter, les mains tremblantes.

Ses yeux s'écarquillent de surprise et, lorsque son expression s'adoucit, je me sens à deux doigts de fondre en larmes. Il pose ses mains sur mes joues, caressant ces dernières à l'aide de son pouce, et je ferme les yeux quelques secondes pour ne pas craquer.

J'ai mal au cœur, Klaus...

— Tu ne comptes pas, Gabriella Hargreeves. Parce que toi... T'as une putain de façon de lire en nous tous comme un livre ouvert. T'es la pureté incarnée, et ouais, c'est ironique quand on sait que t'as été littéralement une prostituée, mais t'es une merveille de la nature ! 

Mon cœur se serre lorsqu'il prononce ces mots que je refuse de croire. Je suis une lâche, une dépravée et une putain d'alcoolique, alors comment pourrais-je être cela ?

— Alors, ouais, je me suis rangé du côté de papa. J'ai eu du courage... Parce que te voir si heureuse... Nan, je peux pas me permettre de voir ça disparaître à la fin de la soirée.

Quand il me sourit, c'est comme si j'oubliais la douleur et la rage qui ne me lâchent plus. Pour lui, pour mon grand frère, je pardonnerais même à Reginald Hargreeves, parce qu'il est le seul à pouvoir me faire pleurer avec de simple mots.

— Non, geint-il dans un sourire à croquer, ses doigts essuyant mes cristaux de sel, ne pleure pas ma petite salope. Garde le sourire avant notre fin, et je partirais le sourire aux lèvres !

— Ange me déteste, je sanglote misérablement.

Je voulais mourir dans ses bras. Pas être en froid avec celui qui fait battre mon cœur... Il a dit que j'abandonnais, et ce n'est pas faux, mais je ne peux pas risquer une nouvelle fois ma vie pour faire pire... Je ne peux pas être du côté du monstre de mes nuits.

— Je ne pense pas qu'il te haïsse.

— Et qu'est-ce que t'en sais ?

— Eh bien, parce qu'il est derrière toi avec... Bordel de brin, est-ce que c'est des fleurs ? Nan, Gaby, même moi j'ai envie de me le faire, maintenant !

Mon cerveau surchauffe brusquement, n'imprégnant que la première partie de son discours. Rapidement, je me détache de mon frère et me tourne vers lui, la raison de mon tourment. Ange me fait face, ses mains resserrant un bouquet de coquelicot quasiment fanées. Il me sourit, ses lèvres tremblant maladroitement, et mes traîtresses de larmes reprennent leur chemin sur mes joues.

— Le dingue des couteaux m'a dit que c'était tes préférés, alors j'espère qu'il ne m'a pas menti. J'en ai pas trouvé en meilleur état, je suis d-...

Sans lui laisser le luxe de finir sa phrase, je fonds dans ses bras et écrase mes lèvres contre les siennes. Notre baiser a un goût douloureusement salé et intense, mais il s'agit peut-être bien du plus beau que nous ayons échangé. 

— Je vais vous laisser, chantonne Klaus en passant près de nous, ébouriffant mes cheveux dans un sourire doux. Bonne fin du monde, les amis !

Je souris à peine, mes lèvres se déchirant presque en ce geste, alors que Klaus nous salut d'un vague geste de la main en quittant la pièce. Mon regard s'encre à celui d'Ange, si profond que je m'y noierais assurément, et lorsqu'il murmure, tout disparaît autour de nous.

— J'aurais pas dû crier et te traiter d'égoïste, je suis désolé.

— J'avoue que je voyais nos derniers instants différemment, je glousse faiblement, les larmes aux yeux.

Ꮜꮇᏼꭱꭼꮮꮮꭺ Ꭺꮯꭺꭰꭼꮇꭹ ///Terminée\\\Where stories live. Discover now