— Gabriella... Beauté, attends !

— Je me suis sentie vachement soutenue, je m'énerve, les poings serrés. Une famille, mon cul...

Ses yeux sombres s'écarquillent en m'entendant alors que sa prise sur mon poignet se desserre. J'en profite pour me dégager et m'allumer une cigarette, histoire de détendre mes nerfs, ce qui ne marche pas le moins du monde. Cette furieuse envie de boire reprend le contrôle, et je me sens à deux doigts de perdre le contrôle.

Encore et toujours, je me retrouve seule contre Reginald Hargreeves. La seule à me lever contre lui, à refuser d'être son petit joujou. Seule dans mon placard...

— Beauté, murmure-t-il.

— Toute ma vie, ça a toujours été comme ça. J'ai toujours été la seule à me rebeller, à refuser qu'il me dicte ma vie ! Pourquoi tout le monde le laisse tout décider, bordel ?!

— C'est de la fin du monde dont on parle, Gabriella ! Hausse-t-il le ton sur moi.

— Et je l'ai déjà sauver deux fois ! Je hurle.

J'en tremble presque à bout de tout. Mes muscles se tendent, ma gorge se noue, et mes yeux me brûlent affreusement. 

— J'en ai assez de me battre pour empirer encore et encore la situation, jour après jour ! Je veux juste vivre mes derniers jours en étant heureuse, sans risquer ma peau ! Tu peux le comprendre, non ?

— Alors tu abandonnes, c'est ça ?

Le regard qu'il me lance est pire qu'un coup de poignard. Je le soutiens, malgré la douleur, et laisse tomber cette cigarette qui ne me fait même plus envie pour l'écraser sous mon talon. J'avance d'un pas, sifflant mes mots avec colère.

— Je ne suis pas une héroïne.

— Ouais, tu ne l'es pas, confirme alors Ange, m'arrachant le cœur par la même occasion. Tu es égoïste.

(...)

Lorsqu'il est enfin l'heure de voter, ma colère n'a toujours pas diminué. Debout sur les marches de l'escalier, j'observe papa ainsi que ceux s'étant placé à ses côtés : Ben, Allison, Klaus... Et Ange. Mon cœur me fait si mal que respirer devient difficile. Tout ce que je souhaitais, c'était finir mes jours avec ma famille, et me voilà en brouille avec mon petit ami et contre mon meilleur ami...

— Bon, je débute la première, la voix si froide qu'elle me tiraille les cordes vocales. Vous savez tous ce que j'en pense. Je suis pour rester, nous avons suffisamment donner pour voir que l'on fait toujours pire que mieux.

Mon regard s'accroche à celui d'Ange, et je déteste ce que j'y lis : de la déception, du jugement...

Tout est si vite parti en couille.

— Pour ma part, débute à son tour Allison, vous savez ce que je vais voter. On a tous connu le pire. On a tous perdu des gens... Et des mannequins. Mais il faut pas qu'ils soient morts pour rien. C'est pour ça que je vais voter pour papa.

Alors, Lila s'avance à son tour, lâchant un regard empli de colère à mon frère, avant de s'avancer vers notre père.

— Pareil qu'Allison. On va le sauver, ce putain d'univers !

— Youhou, chantonne tristement Klaus.

— OK, lance Diego, bah vu qu'elle a dit oui, je suis pour rester.

J'écarquille les yeux, surprise, quand mon frère s'avance vers l'escalier où Luther, Sloane, Viktor et moi-même sommes placés. Il se place à mes côtés, enroule son bras autour de mes épaules, et mon cœur se réchauffe un tantinet. 

— J'suis sympa, non ? Rajoute-t-il face au ricanement de Lila.

— T'es pas sérieux, là ?

— C'est son choix, Lila, marmonne Allison.

— Je suis pour partir, s'exclame Ange en croisant les bras sous sa poitrine. Je ne suis pas du genre à abandonner, moi.

Je le fusille du regard, ma colère montant pour lui alors même que je ne m'en pensais jamais capable. 

— Bien, je grince.

— Klaus ? Lui demande durement Allison.

 — Je suis avec notre père, annonce-t-il en le pointant de la main, arrachant à ce dernier un gloussement satisfait. Désolé, Gaby.

Un, deux, trois... Ne t'énerve pas, pas tout de suite...

— Ça fait cinq contre deux, annonce numéro Trois. Viktor ?

Ce dernier soupire, lui lançant un regard désolé, et c'est à mon tour de lâcher un gloussement satisfait.

— Ecoute, j'aimerais bien croire à cette histoire, j'aimerais vraiment. Mais j'arrête pas de me dire qu'on sait pas dans quoi on s'embarque.

— Non, mais on sait que si on fait rien, on a aucune chance. Faut qu'on unisse nos forces, là, appuie-t-elle. Viktor, on est une famille !

— Arrête de balancer l'excuse de la famille quand ça t'arrange, soupire-t-il, ça marche pas à tous les coups. Je vote pour rester.

Elle inspire, comme pour retenir sa colère, et se tourne vers notre numéro Un.

— Luther ?

— Euh..., commence-t-il d'un ton hésitant, On en a parlé avec Sloane, et... Ce sera sans nous. On veut passer le peu de temps qu'il nous reste tous les deux, pas à combattre un type qui veut nous planter et sonner plein de cloches... C'est tout.

Un sourire acide vient se dessiner sur mes lèvres. Je croise les bras, observant l'assemblée qui me fait face, et crache.

— Cinq contre cinq. Egalité.

— Il ne reste plus que vous, numéro Cinq, déclare papa en se tournant vers lui.

Chaque regard se porte sur lui. Son choix sera décisif quant à la situation. Soit nous restons... Soit nous partons.

— J'ai déjà vu l'avenir, prend-t-il la parole, et à ce qu'on m'a dit, il faut que je passe mon tour. Je suis pour rester. Il est temps qu'on accepte notre destin.

Le goût de sa réponse me laisse un coup aigre sur la langue. Nous avons gagné, et je devrais être heureuse de cette issue, mais c'est à double tranchant, et j'ai l'impression d'avoir trop perdu. Les bras croisés, je hausse les épaules dans un sourire si acide qu'il me fait mal et lance un regard hautain à notre paternel, celui-là même avec lequel il me regardait toujours, enfant.

— Bien, la discussion est close dans ce cas. On reste.

— Vous êtes pathétiques, s'énerve Allison en quittant la pièce.

Je peste, les nerfs au bord de l'explosion, et remonte les marches de l'escalier pour quitter l'assemblée, le goût désagréable de cette victoire m'inondant la bouche. Alors, la poigne de Diego me retient, son regard pèse sur mon âme, et je me sens à deux doigts de craquer. Mes larmes, celles-là même que je m'efforce à toujours retenir, brouillent ma vision, et je me dégage de sa poigne pour fuir et camoufler ma douleur au plus profond, quittant la pièce et tout les membres présents.

Ꮜꮇᏼꭱꭼꮮꮮꭺ Ꭺꮯꭺꭰꭼꮇꭹ ///Terminée\\\Where stories live. Discover now