Ꮜꮇᏼꭱꭼꮮꮮꭺ Ꭺꮯꭺꭰꭼꮇꭹ ///Terminée\\\

Chapitre 42

À vrai dire, j'ai toujours eu l'impression d'être passé au rang d'adulte, dans ma vie. Gamine, je devais rester forte si je voulais protéger ma fratrie ou me liguer contre mon père, ce que j'étais la seule à faire sans hésiter. Puis, lorsque j'ai atteins ma majorité, j'ai quitté la maison et j'ai directement été jeté dans le grand bain, si l'on peut dire ça ainsi. Je n'étais pas allée à l'école, je ne connaissais rien du vrai monde. Et, pour eux, j'étais le numéro Huit, pas une personne lambda. Alors je n'ai jamais pu faire de fête idiote comme des karaokés, et je n'avais même jamais ressenti l'envie, avant aujourd'hui.

— Ange est parti la chercher, j'explique alors, alors si c'est dégueulasse, c'est de sa faute.

— Gabriella Hagreeves, je t'aime, sache-le.

Dans des gestes brusques qui manquent de me faire tomber au sol, Lila se jette à mon cou dans une accolade que je rends sans hésitation. J'ai toujours été quelqu'un de câlin, quand bien même je préfère toujours éviter de le montrer, mais là, alors que je sais ma fin si proche, c'est comme si toute mes barrières étaient détruites.

Nous enchaînons les chansons idiotes, dansant comme trois gamines sur chacune d'elles et, bordel, je n'aurais jamais cru m'amuser autant dans un enterrement de vie de jeune fille sans alcool ou strip-teasers incroyablement sexy. C'est bon enfant, agréable et revigorant de m'éclater ainsi après tout ce temps dans le noir.

— Non, il n'a pas fait ça, s'exclame Sloane, hilare, alors que je transmets quelques anecdotes sur numéro Un.

— Si si, je ricane. Lui et Diego étaient persuadés que cette vieille dame était l'assassin de Elliott, un mec que l'on avait rencontré dans les années 60. 

— Je l'aimais plutôt bien, moi, Elliott, marmonne Lila, la bouche pleine à craquer de chocolat.

— Ouais, il était plutôt sympa dans son genre. Et les garçons ont voulu trouver le coupable... De la façon la plus idiote possible.

— En cherchant dans l'annulaire, quand même, glousse Sloane comme une idiote. Bon sang, Luther peut-être si naif !

— Et Diego, si con, rajoute Lila en ricanant.

Je m'esclaffe, me remémorant ce moment entre mes deux frères. Oui, Diego et Luther n'étaient pas les plus malins d'entre nous, il fallait bien l'admettre. Quatre ans sur la Lune rendait l'esprit un peu naif et Diego... Eh bien, il fonçait et n'utilisait son cerveau qu'en dernier recours, quitte à avoir l'air con aux yeux de tous. Je suis un peu comme lui. Nos sentiments prennent le dessus sur la conscience et, lorsque nous avons quelque chose en tête, bon courage pour nous le retirer !

Alors, mon regard se pose sur la silhouette de Allison, accoudée à l'embrasure de la porte, et je me lève sans hésiter. J'ai un ego monstre et une fierté bien trop imposante, mais Allison reste ma grande sœur et, de ce fait, je n'ai aucune envie de passer mes derniers jours en guerre avec cette dernière. Nous avons vécu bien trop de choses pour que tout se termine de cette manière.

Mais, lorsque je m'approche d'elle, elle roule des yeux et décampe sur le champ, tarissant la moindre étincelle de gentillesse que je ressentais. Ma fierté en prend un coup, et je bombe le torse pour ne rien y montrer. C'est affreusement honteux de s'abaisser à aller vers quelqu'un alors même que vous n'êtes pas le responsable, et ça l'est d'autant plus lorsque le second refuse votre tentative d'approche.

Jamais ça n'avait été comme ça, entre elle et moi. Nous avions nos différends, pour sûr, mais jamais l'une avait rejeté l'autre lorsque l'on essayait de faire un pas. Jamais je n'avais ressenti une telle rage lorsqu'elle posait son regard sur moi...

— Oh, fichtre alors ! S'exclame théâtralement une voix masculine que je reconnais immédiatement, Gaby a eu la même idée que nous ! Et c'est mille fois mieux, en plus !