Ꮜꮇᏼꭱꭼꮮꮮꭺ Ꭺꮯꭺꭰꭼꮇꭹ ///Terminée\\\

Chapitre 39

— J'ai pas dit que t'étais innocent, nous coupe alors Allison. 

— Tu t'en foutais de sauver le monde. T'as fais ça pour me faire du mal. Pour te venger.

Alors, brusquement, ma sœur se lève de sa place, s'avançant vers Viktor d'un pas menaçant que je ne compte certainement pas arrêter. Je lui en veux, bien sûr, mais je suis complètement d'accord avec son choix : à sa place, j'aurais aussi tué Harlan. Sans aucune hésitation. 

— Continue. Dis son nom.

Elle s'arrête devant lui, cherchant visiblement à lui faire perdre le contrôle, et j'admets ne pas souhaiter arrêter cette querelle. Viktor nous a menti et a protégé le tueur de nos mères, alors peut-être que cela lui remettra les idées en place.

— Peut-être qu'on devrait souffler une minute..., tente Luther en se levant, avant de se rasseoir lorsque ma sœur lève sa main vers lui, OK...

— T'as cru qu'en tuant Harlan tu sauverais Claire, peut-être ?

— Et toi qu'en le protégeant tu sauverais Sissy ? Parce que c'était tout aussi personnel.

— Mais moi, j'ai tué personne !

— Mais toi, ce que t'as risqué, c'est la vie de tout le monde. Tu sais ce que ça fait de devoir tout faire pour protéger le mec coupable de l'anéantissement de ma fille quand t'as rien fait pour la ramener ?

— Peut-être qu'on devrait les séparer, murmure alors Diego à mon oreille.

Incapable de bouger, j'observe la scène, indécise. D'un côté, je comprends Allison et, d'un autre, je ne souhaite pas les voir se déchirer de la sorte.

— J'ai aucune idée de comment la ramener. Personne sait comment faire. Mais j'étais là pour toi ! Je t'ai soutenue, j'ai tout fais...

— Comment ça ? En m'aidant à faire mon deuil, tu veux dire ? C'est incroyable que cette famille passe son temps à me dire de ravaler ma souffrance pendant qu'elle fait tout pour s'éviter de ressentir la sienne !

Ma mâchoire se contracte devant ces propos injustes. Parce qu'elle a tord, et chacun de nous avons souffert, certains plus que d'autres, certes, mais nous avons tous perdu quelqu'un. Nous gérons simplement cela de différentes manières.

— Il fallait bien que quelqu'un paie, et clairement, ce sera jamais toi. T'as détruit le monde, t'as tué Pogo, moi t'as bien failli. Et qu'est-ce qui nettoie le merdier que tu laisses derrière toi à chaque fois ? Nous. Et perso, j'en ai marre !

— Allison, je tente, la gorge nouée.

— Détends-toi, tente à son tour Cinq.    

— Chut, nous gronde Ben en me frappant gentiment l'épaule,ce qui lui vaut un regard noir.

— A..Attends...

— FERME TA GUEULE !

J'écarquille les yeux lorsque les yeux de mon frère deviennent blanc, signe de l'activation de son pouvoir. Il tente de parler, sans y parvenir, et mon sang se gèle dans mes veines.

Allison venait de jeter une rumeur, mais bien loin de sa manière habituelle.

— Allison, s'écrit Luther.

Je me lève à mon tour lorsque Viktor comme à s'étouffer, mes doigts tremblants sans que je ne puisse me contrôler.

— Ça suffit, putain !

— À chaque fois que j'arrive enfin à me reconstruire, tu provoques la fin du monde et en fait, tu détruis ma vie !

— Comment t'arrive à faire ça sans lancer de rumeur ? Demande Cinq, bouche bée.

— Ça, c'est un petit souvenir que m'a gentiment offert Harlan.

J'avance d'un pas, mon cœur battant si fort dans ma poitrine que j'en souffre.

— Il n'arrive plus à respirer !

— Allison, arrête avec tes pouvoirs ! Tente à son tour Luther, Là, tu vas trop loin !

Elle relâche alors sa magie et Viktor reprend difficilement sa respiration, crachant ses poumons tandis qu'elle se penche vers lui, poursuivant ses méchancetés sans remords. 

— On aurait dû te laisser pourrir au fond de cette baraque.

— Ça suffit, Allison, arrête ! Hurle à son tour Diego en se levant.

Alors, avant même que je ne puisse agripper ma sœur par l'épaule pour l'arrêter, Viktor se redresse d'un bond et lui assène un violent coup de poing. J'écarquille les yeux, surprise, et recule d'un pas lorsqu'elle bascule en arrière, si proche de moi. Viktor quitte précipitamment la pièce et je reste sans bouger, le souffle court et le cœur battant bien trop fort.

— Ça va ? Lui demande alors Cinq. 

— Très bien.

Je me tourne alors vers elle, fulminante de rage.

— Super, alors tiens.

Violemment, j'explose mon poing contre son nez déjà amoché. Elle grogne de douleur, passant sa main sur le sang s'écoulant de ce dernier pour l'essuyer, et je l'observe avec colère, mon corps tremblant tant mes émotions me submergent.

— T'étais pas obligé de lui dire tout ça !

Alors, avant de débuter une nouvelle bagarre, je quitte le salon en trombe, fonçant vers la cour pour prendre l'air et me détendre, afin d'éviter de me bourrer la gueule pour ainsi oublier ma douleur.

— Gabriella, attends ! Entends-je Ange m'appeler derrière moi.

Mon souffle s'entrecoupe douloureusement, mes oreilles bourdonnent et mon cœur me déchire. J'ai l'impression que je vais mourir si je ne bois pas. J'en ai besoin, putain.

Mais alors que je m'apprête à foncer vers le bureau de papa pour m'emparer de son scotch hors de prix, les doigts rassurants du noiraud entourent mon poignet, et son corps enveloppe le mien avant même que je ne puisse le voir. Un soupir m'échappe sans que je ne puisse me contrôler tandis qu'il caresse mes cheveux, comme pour me rassurer. 

— Ça va aller, chuchote-t-il comme un mantra, tu verras. Ça va aller. Ce n'était qu'une dispute.

La gorge nouée, je secoue la tête, incapable de parler.

Ce n'était pas qu'une dispute. Pas de celle qui caractérise tant notre famille... Là, c'était une déchirure. Et rien ne pourra aller mieux, après cela.

Je me sens tirée entre deux feux. D'un côté je comprends la douleur d'Allison et bordel que j'aurais aimé tué Harlan de mes mains ! Mais elle n'avait pas à lui balancer tant d'horreurs, à user de sa magie sur lui... Viktor a beaucoup souffert, lui aussi.

Bordel, j'ai besoin d'un verre.