— Pour papa, nous n'étions qu'une expérience, non des enfants. L'académie était tout ce qui comptait. Il n'a jamais pensé à nous élever, maman était là pour ça.
— Vous l'appelez tous maman, fait-il remarquer.
— Parce que c'est ce qu'elle a été pour nous. Grace nous consolait, soignait nos blessures et nous... Me faisait me sentir spéciale. Elle a été plus qu'une mère pour moi mais un véritable modèle.
Ange hoche la tête, taisant tout réflexion, mais je me doute bien qu'il ne comprend pas ce que je veux dire. Pour eux, Grace a été une gouvernante, un simple robot. Pour nous, c'était notre mère. Ma mère.
— Continue, m'intime-t-il doucement.
— Il n'y a rien d'autre à dire. Nos pouvoirs étaient une priorité pour papa, peu importe nos peurs ou nos états d'âmes. Bon sang, il est même allé jusqu'à enfermer Klaus des heures entières dans un tombeau pour lui 'effacer' sa peur des revenants !
Mes poings se serrent quand je revois mon frère, tremblant et sanglotant, se blottir contre moi comme pour se protéger de ces entités. Papa l'a complètement détruit, c'est par sa faute s'il ne peut pas tenir sans ses drogues et ça, je ne lui pardonnerais jamais.
— Et... Toi ?
— Quoi, moi ? Je demande, perplexe.
— Qu'est-ce que le vieux t'a fait ?
Il me faut quelques secondes pour comprendre sa question. Jamais l'on ne m'avait demandé ce que j'avais bien pu vivre ou quels étaient mes traumatismes. D'aussi loin que je me souvienne, j'ai toujours été la grande gueule de la fratrie, et rien de plus.
Mais pour Ange, je suis quelqu'un. Pas une jolie gueule, encore moins un simple numéro. Je suis celle que son cœur a choisit, et ça fait un bien fou de se sentir aimer, pour une fois dans ma vie...
— Quand j'étais gamine, je commence, un trémolo dans la voix, j'étais très difficile - je le suis toujours d'ailleurs -, mais davantage petite. Je ne supportais pas voir mes frères et ma sœur souffrir par sa faute, encore moins sa fichue de m'appeler numéro Huit...
Je pouvais m'effondrer au sol, pleurer et le supplier de me laisser me reposer, Sir Reginald Hargreeves n'en avait que faire. Tout ce qui comptait, c'était mes pouvoirs et sa fichue 'Umbrella Academy'.
— Contrairement aux autres, je n'obéissais jamais. Je criais en retour, je sabotais les entraînements ; je lui faisais regretter de m'avoir adopté. Alors, pour me punir, papa m'enfermait des journées entières dans un placard.
Mon souffle se coupe douloureusement à mesure que mes souvenirs reviennent. Je me revois, hurler et me déchirer les ongles contre la porte verrouillée pour que l'on m'ouvre. Mais tout ce qui restait, c'était le silence...
— Mes frères et sœurs avaient l'interdiction de s'approcher de cette porte. Tout ce dont j'avais le droit, c'était ce que j'avais moi-même créer et des repas que maman me ramenait. Dans le silence, toujours. Jusqu'à ce que la punition soit levée. J'étais trop terrifiée pour utiliser mes pouvoirs, alors je restais là : dans le silence et le noir, sans rien pour me rassurer, jusqu'à ce que papa se lasse ou qu'il ait besoin de moi pour ses fichues missions.
Et cela pouvait durer des semaines entières, parfois...
Je me rends compte que je pleure à l'instant où Ange passe sa main sur mes joues pour recueillir ces cristaux salés. Je me redresse, essuyant ces traîtresses de larmes d'un bond, et me base sur la musique en fond, aide précieuse pour ne pas paniquer. Mais, alors, les doigts du noiraud s'agrippent à mon menton, me forçant à le regarder dans les yeux, et je ne me sens que davantage affaiblie.
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Ꮜꮇᏼꭱꭼꮮꮮꭺ Ꭺꮯꭺꭰꭼꮇꭹ ///Terminée\\\
FanfictionÀ la douzième heure du premier jour d'octobre 1989, quarante trois femmes à travers le monde donnèrent naissance à un enfant. Le seul facteur commun était qu'aucune de ces femmes n'étaient tombés enceintes auparavant. Sir Reginald Hargreeves, millia...
Chapitre 38
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