Mon sourire s'élargit alors que le serveur vient nous livrer nos boissons. Je m'empare de mon sirop, enroulant mes lèvres autour de la paille rosée, et soulève mon regard vers le sien.
— Je suis la huitième, moi aussi.
— Bordel de merde, alors la théorie est juste : le numéro Huit est forcément beau gosse !
Je m'esclaffe, amusée par sa manière d'être, un parfait mélange entre l'insouciance et l'agacement, et il entreprend alors tout un chapelet de discussion que, pour la première fois de ma vie, je n'arrive pas à trouver ennuyante. Il me parle de lui, de ses frères et sœurs, de notre père et, surtout, il me pose des centaines de question sur moi.
Ange ne mérite absolument pas son nom. Sous ses airs angéliques se cachent un vrai connard, le genre à vous voler votre cœur par simple envie, et qui prend plaisir à vous le rendre cabossé. C'est un démon camouflé, prêt à vous bouffer toute entière. Typiquement ce que je suis. Typiquement ce que j'adore.
Il est marrant, assez sympa, en fait, et putain d'intéressant. Je ne vois même pas le temps passer entre ses blagues et ses yeux doux, alors même qu'aucun de nous ne nous touchons, ce qui ne m'arrive absolument jamais.
— Mais, dis-moi, si tu peux tout recréer à l'identique, alors tu peux créer n'importe quelle bouffe, celle que tu veux ? Parce que, je sais pas vous, mais les plats que faisait servir le vieux ont toujours été dégueulasse, pour nous !
— Je peux le faire, oui, mais ce que je crée n'a ni goût, ni saveur. Ça reviendrait à manger une semelle de chaussure alors, à choisir, je préfère les plats dégueulasses de papa.
Mais il est vrai que les plats de papa ont toujours été tout simplement répugnants. De quoi stimuler la mémoire et le corps, sans jamais penser aux petites gâteries qui feraient tant plaisir aux enfants. C'est maman qui nous offrait cela, dans son dos, bien sûr.
— Le nombre de fois où j'ai rêvé de bouffer un bon burger plutôt que ces horribles épinards, c'est indécent, je lance dans un gloussement.
Il ricane, son poing soutenant son visage d'un air nonchalant, et je me joins à ce son.
— T'es vachement cool, Gabriella, pas que jolie. C'est putain d'agaçant !
— Je te retourne le compliment.
Son regard parcourt alors le bar, comme pour rechercher quelqu'un, avant qu'il ne le replonge dans le mien. Son sourire s'estompe, marquant un visage à la fois si doux et si sérieux, et sa seconde main vient alors se poser sur la mienne. Là, j'ai l'impression qu'un feu ardent vient de s'y fondre, comme un signe d'une malédiction ou d'un sortilège. La chaleur m'inonde, s'installe dans mon cœur, et c'est comme si je venais de me prendre une fléchette en plein cœur.
— Ecoute, mes frères et sœurs pensent que les vôtres retiennent notre numéro Un.
— Marcus ? Je m'étonne, les sourcils froncés. C'est pas possible, ces idiots n'arriveraient jamais à kidnapper quelqu'un sans que la Terre entière ne le sache.
J'aime ma famille, c'est indéniable, mais le travail d'équipe - ou le travail tout court - n'a jamais été notre fort. Kidnapper un Sparrow, ou n'importe qui d'autre d'ailleurs, c'est impossible pour eux.
— Tu m'as invité pour me questionner ? Je crache alors, sur la défensive.
La fléchette plantée dans mon cœur bouge encore dans une vive douleur qui m'arracherait presque un sanglot. Mais, soudain, les doigts d'Ange s'entremêlent au mien, et c'est comme si mon organe vital explosait en tout un tas de morceaux dégoûtants et sanguinolents.
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Ꮜꮇᏼꭱꭼꮮꮮꭺ Ꭺꮯꭺꭰꭼꮇꭹ ///Terminée\\\
FanfictionÀ la douzième heure du premier jour d'octobre 1989, quarante trois femmes à travers le monde donnèrent naissance à un enfant. Le seul facteur commun était qu'aucune de ces femmes n'étaient tombés enceintes auparavant. Sir Reginald Hargreeves, millia...
Chapitre 33
Depuis le début
