Ꮜꮇᏼꭱꭼꮮꮮꭺ Ꭺꮯꭺꭰꭼꮇꭹ ///Terminée\\\

Chapitre 32

Je m'esclaffe, rapidement suivi par Klaus. Diego a toujours été ainsi : bien trop facile à irriter. Sa situation n'a rien de drôle, il est vrai, mais c'est bon de rire avec mes frères, loin d'une menace de mort imminente au dessus de la tête. 

— C'est ma prétendue progéniture, c'est clair ?

— Comme de l'eau de roche.

— Je vais récupérer la mallette et on va retourner dans le passé pour réparer la ligne temporelle.

— Non, le coupe Cinq vivement. On ne va aller nulle part. Cette ligne temporelle est tout à fait acceptable.

Je hausse les épaules, marquant mon accord. Bien que papa ne nous ait jamais adopté, il ne règne ici aucune menace ou fin du monde. C'est fini de courir pour échapper à la mort et c'est assez reposant. Cette ligne est parfaite.

— Bah vas-y, t'as qu'à dire ça à Allison, claque-t-il avec colère. Elle est là haut en train de faire le deuil de sa fille qui n'a jamais existé ici.

Aussitôt crache-t-il ses mots que la culpabilité vient mordre chacun de mes organes. C'est assez évident mais si papa ne nous a pas adopté, aucun de nous n'a vécu la vie qu'il vivait en 2019. Viktor n'est jamais sorti avec Peabody, je n'ai jamais rencontré Ezra et Allison... Elle n'a jamais eu d'enfant.

— Et puis on a été remplacés par une bande de minables, de cubes, de piafs, et tout le bordel.

— Bordel, arrête un peu avec ça, je gronde, plus énervée, cette fois.

— Grande nouvelle, les génies, s'exclame alors Cinq. Ça n'a rien à voir avec nous ! Regardez autour de vous. Si vous n'aviez pas remarqué, il n'y a pas de fin du monde, pas d'apocalypse. Le soleil brille, les oiseaux font ce que les oiseaux sont censés faire, c'est tout ce qui importe. Les voyages temporels maintenant, c'est terminé. Et moi, je suis officiellement à la retraite.

Suivant ses mots, il attrape son cocktail et quitte notre table, se dirigeant alors vers le buffet. Lorsque Klaus part le rejoindre, m'affichant un large sourire malicieux, je n'ai aucun doute sur ce qu'il compte lui demander. Honnêtement, cela m'arrangerait que Cinq l'accompagne. Ça me tue de l'admettre mais il est le plus intelligent de nous tous. Il l'a toujours été. Avec lui, Klaus sera en sécurité.

Soudain, le regard brûlant de Viktor vient se poser sur moi, comme pour chercher une aide, et je soupire.

— Désolée, vieux, mais je n'ai jamais été une héroïne. Si je peux rester tranquille plus d'un an sans risquer de mourir, je signe tout de suite.

Nous avons tous beaucoup perdu et Allison ne déroge pas à la règle. Mais Cinq a raison et nous ne pouvons pas risquer une énième fin du monde pour ramener une personne. 

Tirant de mon sac à main mon paquet de cigarette, je prends cette excuse pour immédiatement fuir cette scène et sortir prendre l'air. Une fois dehors, j'allume rapidement le bâtonnet toxique et l'enfonce entre mes lèvres. Je n'ai pas fumé depuis quelques jours, maintenant, et c'est bien plus dur à gérer lorsqu'on sait que je me bats déjà contre ma dépendance à l'alcool. Quelques cigarettes par ci, par là n'ont jamais tué personne et je pense qu'il vaut mieux fumer que se bourrer la gueule à en perdre l'usage de ses pouvoirs.

Quand je m'apprête enfin à rentrer, la silhouette colérique de Diego me parvient, accrochant directement mon bras pour me tirer avec lui et son fils. J'écarquille les yeux, surprise, et écrase mon mégot sous mon talon en suivant sa cadence.

— Qu'est-ce que tu fous ?

— Je dois aller à la pharmacie pour lui acheter un truc pour son... Oreille.