Ma sœur hoche la tête, comme abattue par le comportement de nos frères, et avance la première jusque la sortie, moi sur ses talons. Elle se laisse tomber sur son siège conducteur, la mine chiffonnée par la tristesse, et allume le contact, quand deux mains viennent se poser sur mes épaules. Je n'ai même pas besoin de me retourner pour savoir de qui il s'agit, et mon sourire s'étale doucement sur mes lèvres lorsque le visage de Klaus m'apparaît.

— Je monte devant.

Je glousse, rassurée de le savoir auprès de nous, de moi, et le laisse s'installer à côté de Vanya.  Je me glisse sur les sièges arrières et m'allume une cigarette, écoutant ces deux-là discuter de Ben et de sa disparition. 

Entendre ce que me dit Vanya m'arrache le cœur, et je n'imagine même pas ce que peut ressentir Klaus en les entendant, mais je ne peux que le comprendre. Il avait besoin de ça pour faire son deuil.

— C'est pas à cause de toi s'il est pas parti, lui annonce Vanya.

La bouche entrouverte, ses yeux verts grands ouverts, Klaus laisse planer un léger silence douloureux. Mon mégot me brûle les doigts alors qu'il inspire l'air, comme pour prendre son courage à deux mains.

— Wouah... Mais quelle petite enflure, celui-là.

Il ricane, mais sa douleur est plus que perceptible. Elle me traverse, me déchire l'âme, et je déteste voir mon frère dans cet état-là.

— Toutes ces années, j'ai toujours cru que c'était ma faute s'il avait raté son train pour le ciel. 

Il baisse son regard vers ses pieds, son rire se tarissant sombrement, et je jette alors mon mégot par la fenêtre pour me pencher vers lui. Ma main se pose sur son épaule pour le rassurer, et il me sourit aussi fort qu'il le peut.

— Je suis désolée, soupire Vanya avec douleur, mais il faudrait que tu descendes si tu...

— Ah, non, non, je viens avec vous. Je vais pas te laisser affronter l'inconnue avec Gaby, quand même.

— Hé ! Je m'offusque faussement.

Soudain, les deux portières arrières s'ouvrent sur Diego et Allison, et je fronce les sourcils lorsque ce dernier me pousse jusque la place du milieu.

— Allez, fais de la place, m'ordonne-t-il.

— Y'a de la place pour deux de plus ? Demande Allison dans un sourire.

— Et pour la 'Commission' ? S'étonne Vanya, les sourcils froncés.

— Autant faire une bonne action avant de mourir dans d'horribles souffrances, clame Diego en me poussant un peu plus à me serrer.

Je souris, fière d'eux, et serre mes cuisses pour offrir davantage de place. Si nous avons toujours été égoïstes, je me suis trompée sur une chose. Nous avions tous changé. Mes frères et sœurs ne sont pas parfait, mais nous sommes une famille. Soudée, atypique, extraordinaire.

— Youhouhou ! S'exclame Klaus en soulevant les mains devant lui.

Soudain, le faisant sursauter, Cinq ouvre précipitamment sa portière. Je glousse, amusée face au bond que Klaus vient d'effectuer, alors que Cinq tire sa grimace habituelle.

— Cinq, t'es pas obligé de venir, tente une nouvelle fois Vanya, la voix prise par l'émotion. Tu dois...

— Je sais, la coupe-t-il. À charge de revanche, sœurette. 

Il lui sourit, appuyant ses propos, avant de tourner un regard moqueur à Klaus, enfoncé sur son siège.

— Il s'assoit à l'arrière, les mioches.

— Rah, s'énerve-t-il.

— Allez, viens sur mes genoux, Klaus, je ricane gentiment.

Dans une grimace, il escalade le siège pour passer derrière, là où nous sommes assez serrés. Afin de l'aider à passer, Diego passe sa main sous mes hanches et me surélève, plaçant l'une de mes fesses sur sa jambe, et la seconde sur celle de Klaus. 

— Hors de question que je le vois sur les genoux de quelqu'un, maugrée-t-il, c'est trop chelou.

Cinq s'installe alors à l'avant, nous offrant un regard fier de lui qui termine de me faire rire, tandis que les yeux de Vanya n'appellent qu'aux "merci" et à l'affection.

— Je sais vraiment pas quoi dire...

— Lance simplement cette putain de radio, je lance dans un gloussement.

Alors le coffre derrière moi s'ouvre, libérant une brise fraîche qui vient caresser ma nuque, alors que Luther vient se faufiler à l'intérieur de ce dernier. La voiture grince et s'affaisse sous son poids, et il referme le coffre avec délicatesse.

— À la première blague sur les gros, je me casse.

Je m'esclaffe et tend ma main vers son visage pour l'énerver davantage. Il grogne, mal à l'aise dans la position dans laquelle il est, et Vanya démarre alors la voiture, actionnant l'autoradio pour en libérer la mélodie grésillante de l'appareil.

— C'est partiii, chantonne Klaus en tapotant mon genou à l'instar d'un enfant. Youpi !!

Ꮜꮇᏼꭱꭼꮮꮮꭺ Ꭺꮯꭺꭰꭼꮇꭹ ///Terminée\\\Where stories live. Discover now