— Je m'ennuyais alors j'ai fouillé dans tes babioles. Diego a voulu m'en empêcher.

— Q-Quoi ? Je... Je...

Il essaye d'aligner deux mots, de prendre sa part de responsabilité, mais la panique le submerge, je le vois bien. Alors j'en profite, lui glissant un clin d'œil amusé alors que le regard furieux de papa me tuerait sur place, s'il le pouvait.

— Est-ce la vérité, numéro Deux ?

Il hésite, mordant sa lèvre comme pour faire un choix plus rapide, mais finit par acquiescer, sans même m'adresser un regard.

— O-Ouais, c'est vrai.

Le regard bouillonnant de papa se pose sur moi, et avant même qu'il n'ouvre la bouche, je sais où il compte m'amener.

Le placard.

— Retournez vous coucher, numéro Deux. Quant à vous, numéro Huit, votre comportement est tout simplement intolérable !

Il crie, sa moustache frétillant par sa colère mal maîtrisée et, lorsque je me sens à deux doigts de péter les plombs et d'empirer mon cas, la douce voix bégayante de Diego, tout près de mon oreille, parvient quelques secondes à calmer mes nerfs tendus.

— Désolé, Gabriella.


 Présent


— Gabriella !

Je papillonne des cils, la tête aussi lourde que du plomb, lorsque je reprends connaissance. Allison, Klaus et Diego sont penchés au dessus de moi, la mine chiffonnée par l'inquiétude, et je grogne à l'instar d'un animal.

— Putain, ma tête...

— Bordel de merde, elle est en vie ! S'émerveille Klaus.

— La ferme, idiot ! Ça va, Gaby ?

— Ouais, ouais, nickel, je grommelle en me redressant difficilement.

Je cligne plusieurs fois des yeux afin de retrouver une vue stable et, lorsque tout me revient en mémoire, la panique vient une nouvelle fois mordre en mon sein. Rapidement, Diego place son bras contre le haut de ma poitrine, comme pour me retenir de me jeter à nouveau dans la gueule du loup.

— Vanya !

— Je suis là ! Crie alors sa voix.

J'écarquille les yeux, comme sortie d'un mauvais rêve, alors que ma sœur court vers nous, à première vue elle-même.

— Ça va ?

— Physiquement ou psychologiquement ? Gémit Klaus dans une tentative d'humour.

— T'es vivante, souffle Diego d'un air rassuré.

— Vanya !

Si vite que des étoiles multicolores explosent sous mes paupières, je repousse doucement mon frère, me lève et fonce me faufiler dans les bras de numéro Sept. Elle sursaute, surprise, puis resserre notre accolade dans un gloussement apaisé. Je passe alors ma main sur ses joues, cherchant le moindre signe qu'elle puisse aller mal ou détruire la planète.

— Je vais bien, me rassure-t-elle alors comme pour y répondre.

— Bon, on a sauvé le monde ou quoi ? Demande alors Klaus.

— J'en ai l'impression. Le bâtiment est toujours là, annonce Allison en haletant. 

— Kennedy sera bientôt là. Je peux encore le sauver !

Suivant ses mots, Diego se lève pour s'avancer jusque la fenêtre donnant le mieux sur la rue où le président doit passer. Je le regarde faire, ébahie, et roule des yeux devant sa bêtise. Faire cela risquerait de changer à tout jamais le cours de l'Histoire, mais il n'en a que faire.

— Non, Diego attends, tente numéro Trois en le suivant.

Je soupire et, lâchant un dernier sourire à ma sœur, je regarde Allison courir après Diego. Elle saura très certainement calmer les pulsions de notre frère au sujet de Kennedy. Son assassinat est une partie importante de l'Histoire que nous connaissons, nous ne pouvons pas tout changer quand cela nous chante. Mais je peux le comprendre. Diego est un idiot avec un grand cœur. Il joue les gros durs mais, en fait, c'est un être très sensible. Nous nous rejoignons assez sur ces traits-ci de notre personnalité. Tout deux, nous exécrons ce côté sentimental qui faisait de nous, selon notre paternel, des êtres faibles.

— Bon sang, Vanya, geint Klaus en se recoiffant comme il le peut. J'ai bien cru que t'allais nous buter, là. D'ailleurs, où est...

Il se fige soudainement, tournant son regard de gauche à droite, comme pour chercher quelque chose. Mon cœur se serre et l'angoisse monte lorsque je remarque l'air attristé de Vanya.

— Ben a rejoint l'autre côté, Klaus, nous souffle-t-elle à mi-voix. Je suis désolée.

Ma bouche s'assèche et mon cœur rate un ou deux battements. J'entrouvre la bouche, cherchant mes mots, quand le bruit d'une détonation retentit soudainement. Celle-ci résonne en moi et je ferme les yeux une seconde, tentant de remettre de l'ordre dans mes pensées, alors que les cris de la foule me parvienne sobrement.

Ben est parti. Encore.

 — On devrait rentrer chez Elliott, je souffle d'une voix absente.

— O.. Oui...

Ꮜꮇᏼꭱꭼꮮꮮꭺ Ꭺꮯꭺꭰꭼꮇꭹ ///Terminée\\\Where stories live. Discover now