— Hé, je m'insurge, il ne m'a jamais mit plus que 5/10 !

— C'est peut-être parce que tu... Tu n'y mets pas du tien, argue-t-il avec moquerie.

Je hausse les épaules, masquant mon amusement sous un masque offusqué. Mais il a raison et il y a bien longtemps que j'ai cessé de faire des efforts lors des entraînements, hors ceux avec Diego où je risque de me prendre un coup de couteau en pleine tête si je ne travaille pas, bien sûr.

Son coude frappe contre ma côte gentiment, comme un rappel à l'ordre, alors qu'il me pointe l'une des pages, décoré par l'inscription "Numéro Deux".

— Mate ça. I-Il dit que je suis un "personnage g-grossier qui risquerait de mettre en péril la tranquillité de l'académie". Tu y crois, t-toi ?

Malgré moi, je glousse, amusée par ce commentaire bien trop dur pour un enfant de douze ans à peine. Il fronce les sourcils, comme vexé par cette annonce, et je lui pointe ma propre page dans un sourire amusé.

— On est pareil, regarde !

Je commence alors à lire mon propre avis, imitant la voix dure et forte de notre père.

— "Malgré certaines capacités, numéro Huit n'en tire pas profit et rabaisse avec elle le niveau de l'équipe. Un comportement déplorable qui met en péril l'académie toute entière".

— Putain de merde, le vieux a l'air de nous détester.

Je souris, remarquant l'absence de bégaiement dans cette phrase. J'ai pu remarquer que, lorsqu'il est en confiance, Diego bégaie beaucoup moins. Les règles de papa et ce ton suffisant avec lequel il nous parle toujours doit en être la cause, et je ne peux que le hair davantage.

— Raison de plus pour le rendre dingue, le vioque ! 

Mais son regard se trouve plus sérieux lorsqu'il pose ses doigts contre les miens. Par réflexe, je resserre le papier sous mes doigts, les siens me brûlant presque autant que son regard sombre.

— Tu ne rabaisses pas l'équipe, tu le s-sais, hein ?

Je souris malgré moi. Diego et moi avons nos différends, c'est clair. Tout deux d'un caractère sanguin, les coups partent plus vite que les mots d'amours entre nous, mais je ne peux pas m'empêcher d'apprécier ces moments entre lui et moi... Doux et calme, sans guerre ni pique.

— Et tu sais que tu n'es pas un personnage grossier, hein ?

— O-oui, bien sûr.

Son regard me brûle. Il me fait presque mal au cœur, en fait, et je ne sais pas pourquoi. Ses doigts, eux, me démangent, comme s'ils marquaient ma peau au fer rouge. 

̶M̶a̶i̶s̶ ̶j̶e̶ ̶n̶e̶ ̶v̶e̶u̶x̶ ̶p̶a̶s̶ ̶q̶u̶'̶i̶l̶ ̶s̶'̶a̶r̶r̶ê̶t̶e̶ ̶d̶e̶ ̶m̶e̶ ̶b̶r̶û̶l̶e̶r̶.̶

— Numéro Deux ! Numéro Huit !

Ce cri, je le reconnais immédiatement. Mes muscles se crispent, ma peau se couvre de frissons et, d'un seul corps, Diego et moi nous dégageons, nous tournant vers papa d'une mine coupable. Le carnet m'échappe des doigts, tombant au sol presque au ralenti, et lorsque le regard bouillant de papa se pose sur nous, je sais directement que c'est la merde.

— Votre comportement est...

— C'est moi, je le coupe.

Le regard surprit de Diego me fait mal, mais pas comme tout à l'heure. Là, cette douleur... Je n'en veux pas. Mais je suis habituée aux déferlements de colère de notre père, et là, il est vraiment furax. Alors je soulève le menton, affichant cette mine nonchalante qui le rend fou, et hausse les épaules.

Ꮜꮇᏼꭱꭼꮮꮮꭺ Ꭺꮯꭺꭰꭼꮇꭹ ///Terminée\\\Where stories live. Discover now