— GABRIELLA !
Passé
Mes pieds nus frappent contre le sol parfaitement ciré de l'académie alors que mon sourire ne bouge pas d'un iota. J'avance sans un bruit, comme papa me l'a si bien apprit, et m'appuie à l'embrasure de la chambre sombre, cognant doucement mon poing contre sa porte pour signaler ma présence.
— Ouhh, Diegooo...
Je n'ai pas besoin de le voir pour l'entendre sourire. Sa silhouette se dessine dans l'ombre de la pièce, fier comme un paon, alors que je passe mon doigt sur mes lèvres pour lui intimer de se taire. Notre plan ne tient que sur une seule caractéristique : ne pas se faire entendre par notre paternel lorsque nous entrerons dans son bureau pour enfin trouver ce que nous cherchons depuis un bon moment, maintenant.
Il est évident que je ne vis que pour une chose : faire regretter à notre père de nous avoir adoptés, et je pense très bien y arriver, d'ailleurs. Chaque jour, ses traits se durcissent à ma vision, et c'est si drôle de le voir s'égosiller contre moi que je n'ai littéralement aucune envie de m'arrêter.
— P-prête ? Me demande-t-il dans un sourire fier.
Je hoche la tête, si excitée que mes doigts en tremblent. Diego semble de mon avis, puisqu'il s'élance le premier dans le couloir, collant son dos au mur froid comme pour se la jouer ninja.
Chaque soir, nous avons remarqué une ouverture d'environ trente minutes dans son bureau, instant durant laquelle ni papa, ni Pogo ne surveille l'entrée. Ce bureau dans lequel je n'ai jamais pu m'être un seul pied, lieu sacré pour le grand Sir Reginald Hargreeves.
J'ai tant envie de savoir ce qu'il peut bien nous cacher, tiens !
J'accélère le pas, pressée, et entre la première dans ce bureau si obscur, parfaitement à son image. Diego me suit, la malice brillant dans ses yeux marrons que j'aime dévorer, et lorsque son regard croise le mien, le signal est lancé.
— C'est parti, je chuchote avec enthousiasme.
Après un énième entraînement raté, mon frère et moi avons eu la curiosité mal placé de se demander ce que papa pouvait bien écrire dans ce fichu carnet qu'il emportait partout avec lui. Il n'a pas été difficile de comprendre qu'il se trouvait dans son bureau, quelque part entre ses divers dossiers tous plus gros les uns que les autres, et encore moins dur de convaincre mon frère de se joindre à moi dans cette mission commando.
Comme moi, Diego voue une haine féroce à notre paternel. Lui qui l'a toujours rabaissé et jugé sur son bégaiement, lui qui nous a toujours traité comme des objets, comme de simples expériences. Alors lorsque j'ai émis l'hypothèse d'entrer en catimini dans son cher bureau pour foutre le boxon et farfouiller ses dossiers, il a fait semblant d'hésiter.
Si je partage beaucoup de traits avec Klaus, j'en ai tout autant avec Diego, et pas les meilleurs, il faut bien l'admettre.
— G-Gaby, m'appelle alors mon frère de son bégaiement distinctif, regarde !
Mes yeux pétillent et mon cœur sautillent lorsque je reconnais ce petit calepin vert, abîmé par le temps. Mon sourire s'élargit et je balance les dossiers que je tenais contre le sol, fonçant vers notre petit trésor.
— Enfin !
Ses lèvres étirés de la même manière que ce chat insupportable dans Alice aux pays des Merveilles, Diego entrouvre les pages et les feuillette, l'éloignant de son visage pour me laisser l'opportunité de le lire, moi aussi. Chacun de nos entraînements y est inscrit et annoté selon notre potentiel. Tout figure : le temps, le type d'entraînement, les techniques utilisées et même son avis.
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Ꮜꮇᏼꭱꭼꮮꮮꭺ Ꭺꮯꭺꭰꭼꮇꭹ ///Terminée\\\
FanfictionÀ la douzième heure du premier jour d'octobre 1989, quarante trois femmes à travers le monde donnèrent naissance à un enfant. Le seul facteur commun était qu'aucune de ces femmes n'étaient tombés enceintes auparavant. Sir Reginald Hargreeves, millia...
Chapitre 26
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