Je me doute bien qu'il ne s'agit pas de ma maman mais, pourtant, je l'espère si fort que je pourrais m'en convaincre moi-même. Elle me manque. Son sourire, sa douceur, ses mots réconfortants.

Ma maman me manque.

La main de Diego quitte la mienne alors qu'il s'avance vers elle. Je le suis, à l'instar d'un automate, et mon souffle se coupe dans ma poitrine lorsque l'on arrive à sa hauteur. Emmitouflée dans une voiture noire, elle nous fixe avec une certaine colère que je ne veux pas comprendre. Diego cogne contre sa vitre, l'incitant à l'ouvrir, et elle fronce les sourcils.

Bordel, je suis à deux doigts d'enfoncer la portière pour la prendre dans mes bras.

— Encore vous ? Crache-t-elle dans une voix étouffée, Pourquoi est-ce que vous nous suivez ?

Sa voix est la même. Mais ce n'est pas elle.

— Je veux seulement vous montrer quelque chose, répond-t-il en sortant la fameuse photo de papa.

Les sourcils froncés et la bouche entrouverte, elle ouvre sa fenêtre d'un quart pour récupérer ladite photo qu'elle analyse longuement.

— Qu'est-ce que c'est que ça ?

— Votre petit ami n'est pas aussi gentil que vous le pensez. Avec sa sale petite bande d'hommes-lézards, ils ont prévu de tuer Kennedy après-demain.

— J'ai du mal à vous suivre.

— Reginald Hargreeves va assassiner le président, je lance sans préambule, la voix si sèche que chaque syllabe me fait mal. 

— Vous n'êtes pas sérieux ? Il ne ferait jamais de mal à personne.

C'est plus fort que moi, un rire acide m'échappe alors que je m'adosse à la voiture. Diego poursuit, imperturbable, alors que je sens encore clairement la colère monter en ébullition. Je m'allume alors une cigarette, tentant de calmer mes nerfs, mais rien n'y fait. J'ai besoin de boire.

— À votre avis, qu'est-ce qu'il fait ici à Dallas ? Vous pensez que c'était quoi, sa petite réunion au consulat ? C'est un complot. On doit le stopper.

La peur et la méfiance se lit sur son visage. Elle entrouvre la bouche, reste muette quelques secondes, puis souffle.

— Vous faites erreur.

— Vous êtes pas obligé de me croire. Posez-lui la question, vous verrez.

Sans demander son reste, Diego s'éloigne de la voiture d'un pas vif. Je tire alors une dernière latte puis écrase mon mégot contre mon talon avant de poursuivre mon frère. Il s'engouffre sans un mot dans sa voiture, entamant un long silence pesant, et j'allume l'autoradio de cette dernière pour stopper cela. Alors, sa main se pose sur ma cuisse, couvrant cette dernière de frisson, et il n'a pas besoin de parler pour que je comprenne son geste réconfortant. Alors, sans rien dire en retour, je souris simplement et inspire. Je ne pouvais pas craquer. Pas après avoir tenu si longtemps sans m'effondrer.

Luther se trouvant déjà dans la voiture, prostré à l'arrière comme un petit garçon boudeur, Diego démarre le moteur de cette dernière, roulant jusque l'appartement de Elliott.

Quand nous arrivons, le silence ne varie pas. Je fronce les sourcils, un mauvais presentiment me prenant aux tripes, alors que la désagréable odeur du sang me parvient aux narines. Mes pupilles se lèvent sur celles de mes deux frères, tout aussi méfiants, et Diego retire sa veste avec lenteur. J'avance à l'intérieur à pas de loup, évitant de faire trop de bruit, quand une tâche sombre attire mon regard. Je m'accroupis vers celle-ci, y plante mes doigts, et rapproche la matière de mon nez. L'odeur métallisé me brûle les poils du nez, la matière poisseuse me colle à la peau, et je me tourne vers mes frères dans un frisson glacial.

— C'est du sang.

— Merde.

— Elliott, crie alors Diego.

Je me redresse, une boule se formant dans mon ventre, et avance lentement à l'intérieur de l'appartement. Diego sort l'un de ses couteaux, aux aguets, et je tourne sur ma gauche pour tenter de le retrouver. Je matérialise une arme à feu, prête à agir au cas où, quand la voix de Luther me parvient.

— Diego. Gaby.

Je retourne sur mes pas et m'avance vers lui, Diego sur mes pas. La silhouette de Elliott se forme dans son fauteuil, dos à nous, alors que la mine sombre de Luther me parvient. Mon sang se glace et je n'ai pas besoin de voir son visage pour comprendre qu'il est visiblement mort. 

J'en ai la preuve ultime en arrivant face à son visage mutilé. Un bâtonnet traverse l'un de ses yeux et sa carotide alors qu'on lui a arraché la moitié de ses dents. Ces enfoirés l'ont torturé.

— Putain, Elliott...

Mon cœur se pince douloureusement et je détourne le regard de cette vue atroce. Alors, de la balustrade, je remarque l'écriture écrite au sang sur le carrelage d'en bas. 

— Bordel de merde, souffle Diego en posant sa main sur mon épaule.

« Öga Foröga ».

Ꮜꮇᏼꭱꭼꮮꮮꭺ Ꭺꮯꭺꭰꭼꮇꭹ ///Terminée\\\Donde viven las historias. Descúbrelo ahora