Mon sang se gélifie dans mes veines lorsqu'il prononce ces mots horribles et mauvais. Personne ne parle, personne ne le défend, et, lorsque Diego se met à bégayer, signe de sa souffrance, quelque chose pète en moi. J'abats mon poing contre la table en me levant, brûlant de rage, et fixe mon regard dans celui de mon paternel. Mes mains tremblent alors que je sers les dents, folle de colère.

Je le déteste, je le déteste, je le déteste !

— Assez ! J'en ai plus qu'assez de votre manière de toujours nous prendre de haut, de vous sentir supérieur à nous alors que vous n'êtes rien de plus qu'une pauvre merde insignifiante. Vous avez gâché nos vies, notre enfance et notre adolescence. Je ne vous laisserais pas recommencer. Parlez-lui ainsi encore une fois et je jure de modifier cet horrible monocle que vous vous trimbalez à longueur de temps en une lame si fine qu'elle pénétrera votre orbite de la plus douloureuse des manières.

Loin d'être effrayé, papa appuie mon regard avec nonchalance. Ma colère gonfle plus fort encore, je suis à deux doigts d'exploser et de lui faire goûter ne serais-ce qu'un tier de la douleur qu'il nous a fait subir. Il entrouvre la bouche, prêt à parler, quand la voix de Cinq l'en empêche. Fébrile, je me réinstalle sur ma chaise, brûlante d'une rage que je ne contrôles pas, et évite le regard de mon frère. 

Je le sais, si je le croise, alors j'attendrais mon point de rupture, et papa aura intérêt à courir bien vite.

— Ne nous focalisons pas sur le président. Il y a une guerre dévastatrice qui va débuter dans seulement cinq jours. Nous devons trouver un moyen de la stopper.

— Une guerre ? Répète notre paternel, De tout temps, les hommes se sont fait la guerre.

— Ce n'est pas une guerre comme les autres. Je parle d'une guerre nucléaire, de la fin du monde.

— Eh bien... Vous avez des pouvoirs extra ordinaires. Pourquoi ne pas vous unir afin de régler le problème ?

Je mords dans ma langue, retenant le flot d'insultes qui vient la tapisser. Le goût métallique explose dans ma bouche et, soudain, Klaus se met à trembler violemment, comme prit par des convulsions. J'écarquille les yeux, surprise, et me lève pour l'aider.

— Klaus !

— Il est en train de faire des convulsions ?

—  Une overdose, probablement.

— Hé, c'est pas le moment, s'énerve Cinq, qu'est-ce que tu fais ?

Quand j'arrive à sa hauteur, ses yeux se couvrent de larmes et son corps se secoue de nombreux soubresauts. Je pose ma main sur son dos, sans trop savoir quoi faire, et sa voix rauque parvient difficilement à mes oreilles.

— Je suis...

— On vous écoute, mon garçon !

Il grogne un mot incompréhensible puis s'écroule au sol dans un geignement plaintif. Je m'agenouille à ses côtés, inquiète, et prend immédiatement son poul. Son cœur bat beaucoup trop vite.

— Hé, Klaus !

— Oh, putain...

Il tremble comme un fou et ses iris fixent un point au plafond. C'est comme s'il venait de quitter son corps, ou de faire un trip énorme. Sans trop savoir quoi faire, morte d'inquiétude pour mon frère, je l'aide à se redresser et le prend dans mes bras pour l'aider à se reprendre et à calmer son rythme cardiaque trop élevé. Il se blottit contre ma poitrine, grelottant comme un petit garçon, et je laisse ma colère passer en second plan pour m'occuper de lui.

— Bien, lance papa, indifférent. Merci de vous êtes déplacés.

Mon regard dérive sur le sien, rageur, alors qu'il se lève pour nous quitter. 

Ꮜꮇᏼꭱꭼꮮꮮꭺ Ꭺꮯꭺꭰꭼꮇꭹ ///Terminée\\\Where stories live. Discover now