— Putain de merde, t'es perchée, comme meuf ! On ne quitte pas mon entreprise comme ça, quand on en a envie, ma belle. T'as une dette envers moi !
— Oh, et bien regarde-moi l'effacer.
J'explose alors son visage contre le bureau, aussi fort que je le peux. Le craquement distinctif du cartilage de son nez lâche sous l'impact, et le sang vient tapisser le bois vernis du meuble. Il glapit de douleur, sa main pressant son nez violacé, et je me lève avec délicatesse.
— Addio, John, je chantonne dans un italien parfait. (Adieu)
Ses cris et ses gémissements accompagnent chacun de mes pas alors que je quitte ce bureau, ainsi que cette putain de maison close pour laquelle j'ai du travailler pour vivre. J'y laisse tout derrière moi. Parce que ce n'est pas moi. Ça ne l'est plus. Je ne suis plus le mannequin de lingerie ou cette prostituée. Je ne suis plus non plus le numéro Huit de mon père. Je veux être quelqu'un d'autre.
Il fait nuit noir quand j'avance jusque l'appartement où loge Elliott, n'ayant pas envie de retourner dans ce qu'était ma maison. C'est assez étonnant de ma part, puisqu'il est insupportable et bien trop niais à mon goût, mais j'ai finis par m'attacher à lui. C'est vrai quoi, il est assez gentil, quand on s'y penche. Et grâce à son repas dégoûtant, j'ai pu éviter les bruits de Lila et Diego en pleine affaire.
Quand je prends le second tournant, mon sang se glace et mes muscles se crispent. Les phares d'une voiture me suivent de très près, et ce depuis ma sortie de la maison close. Tout cela est très suspect, surtout lorsque l'on sait qu'une fratrie de Suédois en a après nos vies. Alors, discrètement, je matérialise un Glock que j'enfonce dans ma poche de tailleur, la sécurité retirée. Je stoppe tout mouvement, dos à la voiture, et le bruit distinct d'un moteur se coupant se fait entendre. Je fais volte-face, visant de mon arme le conducteur de celle-ci, et fronce les sourcils en y découvrant un homme âgé, vêtu comme un chauffeur de taxi. Sans baisser mon arme, je le fixe sans vergogne, et il s'avance doucement, visiblement peu apeuré par l'arme avec laquelle je le menace.
Il n'a pas l'air bien dangereux. Dans les quatre-vingt ans, je suis certaine qu'il ne pourrait pas se pencher sans risquer de se briser les os. Mais j'ai bien appris à ne pas me méfier aux apparences, aussi resté-je sur mes gardes.
Sans un mot, sa main passe dans la poche de sa veste, où il sort une petite enveloppe. Je fronce les sourcils, perdue, et baisse légèrement mon arme à feu pour l'attraper. Aucun de nous deux ne parlent, un silence assourdissant et terrifiant m'enveloppe, et je le regarde repartir vers sa voiture sans un mot. Quand il disparaît de la circulation, j'inspecte l'enveloppe et l'ouvre. Une lettre s'y trouve, et mon souffle se coupe lorsque je la lis.
« À l'attention de mes poursuivants, je soussigné Reginald Hargreeves... »
— C'est quoi ce bordel, je souffle douloureusement.
« Aurait le plaisir de vous recevoir pour un dîner frugal le 20 novembre 1963 à 19h30, au 1624 Magnolia Street. »
Mes yeux repassent encore et encore sur cette lettre tapée à la machine à écrire, mais le texte n'y change pas. Je fronce les sourcils, perplexe, alors que le silence me consume et me terrifie.
C'est bien son genre, putain. Poignarder Diego, fuir à chaque fois qu'il nous voit, puis nous inviter à dîner. Il est certain qu'il s'agit d'un traquenard et, pourtant, il est hors de question que je rate cette occasion. Celle de le revoir, celle de lui prouver que je ne suis pas sienne, celle d'être moi, loin de cette image que j'ai toujours porté par sa faute.
— Putain de merde, papa, je ricane seule en rangeant ma lettre. T'es vraiment un putain d'emmerdeur !
(...)
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Ꮜꮇᏼꭱꭼꮮꮮꭺ Ꭺꮯꭺꭰꭼꮇꭹ ///Terminée\\\
FanfictionÀ la douzième heure du premier jour d'octobre 1989, quarante trois femmes à travers le monde donnèrent naissance à un enfant. Le seul facteur commun était qu'aucune de ces femmes n'étaient tombés enceintes auparavant. Sir Reginald Hargreeves, millia...
Chapitre 23
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