— Ouais, mais vous arrêtiez pas de vous lancer des petits regards tristes. Pendant toute la puberté, les déjeuner, etc...
— C'est clair, je l'enfonce avec moquerie. Ça devenait super gênant, par moment.
— Je comprends pas, on est pas frères et sœurs, alors ?
— Bah, techniquement, on est...
— Techniquement, poursuit Klaus dans ses moqueries, si tu te sers du mot "techniquement", c'est qu'il y a un petit problème.
— Eh, je vous rappelle que Gaby était amoureuse de Diego, quand on était gamins !
Un nuage de fumée sort de ma bouche alors que je tourne un regard outré à ma sœur. Elle sourit, vainqueuse, et je lui offre mon majeur comme toute réponse.
— Amoureuse est un bien grand mot, je me défends ridiculement, alors qu'il s'agit sans doute du plus proche.
— Oh, alors c'est quoi le mot ?
— Eh bien "attiré" serait plus judicieux.
— Bon sang, j'ai des images horribles qui me viennent en tête, grommelle Klaus.
— Ouais, bon, on peut se concentrer une seconde ? Reprend Allison en bougeant ses mains devant elle. C'est pas aujourd'hui qu'on va sauver le monde, clairement, mais je sais pas on pourrait... On pourrait peut-être essayer de sauver mon mariage, au moins !
— Non ! Non, parce que nous demander ça, c'est comme demander conseil à une bonne-sœur pour bien se frotter à quelqu'un !
Je m'esclaffe, amusée par sa métaphore, tandis que le regard frustrée de ma sœur termine de me plonger dans mon hilarité.
— Qui s'y connait en relations amoureuses ici, franchement ? Elle ? Madame "je couche avec tout ce qui a une queue et qui est vivant" ?
Il me pointe du doigt, un sourire aux lèvres, et je lève les bras en signe de paix.
— Oulah, certainement pas. L'amour, ce n'est pas fait pour moi.
Je l'ai compris ici, loin de ma famille ou de Ezra. Ce que je pensais être de l'amour n'en était pas tant, il faut bien l'admettre. Je me suis lassée, comme je le fais si bien à chaque fois. Ce que je pensais ressentir pour Ezra à disparu bien trop vite pour que j'ai pu réellement l'aimer. Pouvons-nous vraiment oublier celui que l'on aime ?
Je n'en sais rien. Et je ne le serais jamais.
— Ou alors elle, peut-être ? Poursuit-il en pointant Vanya du doigt, Qui est secrètement éprise d'une fermière.
— Elle s'appelle Sissy.
— C'est déjà vachement mieux que sa relation précédente avec le tueur en série.
— Quoi ?
— Oh, longue histoire, bichette, je balaye. Je te la raconterais dans sept jours, si l'apocalypse ne nous emporte pas.
— Et à côté de ça, moi, j'en pince pour un soldat que je ne connais pas encore techniquement, et Luther est amoureux de notre sœur.
— Sans parler de Diego qui est amoureux d'une folle sortie d'asile.
— Mais naannn !
— OK, encore une fois, on a aucun lien de parenté et tu le sais, s'énerve Allison.
— De toute façon, lance Klaus avec humour, la relation longue la plus saine qu'on ait eu dans la famille, c'est quand Cinq se tapait le mannequin du centre-commercial.
L'air complètement perdu de Vanya m'arrache un gloussement alors qu'elle tourne son regard vers moi et Allison.
— La seule chose que la 'Umbrella Academy' sache sur l'amour, c'est comment tout foutre en l'air tout simplement.
Il lève son verre, fier, et je lève mon bras dans un sourire jusqu'aux oreilles.
— Putain de merde, c'est clair !
— Santé, lâche Allison en soulevant sa bouteille sous les grésillements de l'autoradio.
— Vous faites comment pour gérer tout ça ? Nous demande alors Vanya.
— De quoi ?
— Bah tout, en fait. les voyages dans le temps, voir les morts, la fin du monde.
— Moi je me défonce constamment, lui répond calmement Klaus. Gaby, elle, soit elle se bourre la gueule à en oublier son nom, soit elle baise toute un village.
Je souris, pas le moins du monde vexée, et écrase mon mégot contre un cendrier pour m'allumer une toute nouvelle cigarette.
— Allison, elle, a le don de savoir se mentir.
Violemment, elle donne un coup de pied dans un tabouret, l'envoyant vers celui-ci pour le faire taire. Il ricane en le bloquant de son pied, amusé, et élève le ton pour poursuivre son explicatif.
— Et toi, tu refoules toute tes émotions, tu les enfouies profondément. Jusqu'à ce que tu fasses tout péter.
— Ah, ouais... Bah ça serait génial que j'arrête de faire ça.
— Je te le confirme, je la charrie.
— Et il te reste que six jours, mademoiselle, rajoute Klaus dans un sourire.
— Qu'est-ce que tu veux qu'on fasse en six jours ? Éclate de nouveau Allison.
— La teuf ? J'en sais rien.
— Faut que je dise à Sissy que je l'aime, clame alors Vanya.
J'écarquille les yeux, surprise, et retire ma cloque de ma bouche pour la garder entre mes doigts. Mon regard s'ancre dans celui de ma sœur, sûre d'elle, et j'entrouvre la bouche sans trop savoir quoi dire.
— Je veux pas qu'il y ait de secret entre nous, poursuit-elle.
— Ouais, grince Klaus.
— Ouais ! Répète Allison avec enthousiasme, T'as raison, Vanya ! C'est vrai. Si c'est vraiment foutu pour l'humanité, je pourrais au moins être honnête avec mon mari.
— Oh, donc il faut que je le sois avec ma secte, c'est ça ? Soupire Klaus, les yeux fermés. Je déteste les ruptures de groupes, c'est pour ça que j'ai renoncé aux jumeaux, en plus.
— Putain, ouais ! Je m'exclame, et je vais aller envoyer chier mon putain de patron une bonne fois pour toute ! Au revoir, cher prostitution !
— Cette famille, c'est de la balle, s'exclame Vanya en ouvrant les bras.
Je ricane, en pleine euphorie avec ma fratrie, et écrase ma nouvelle cigarette pour me lever et attraper ma sœur dans mes bras. Je la serre contre moi, décoiffant sa tignasse pour l'énerver, et Klaus se joint à notre câlin en nous écrasant de son torse.
— Haha, et comment !
Je ne suis pas quelqu'un de câline, sauf lorsque j'aime quelqu'un. Pour ma famille, je peux être un véritable Bisounours, je l'avoue.
— OK, faudrait peut-être pas s'emballer, non plus, ricane Allison en nous rejoignant dans notre câlin.
— Je vous aimes, les filles.
— Ahwn, je t'aime aussi espèce de connard, je ricane en embrassant sa joue.
— Oh, attendez ! S'exclame Allison, j'adore cette chanson !
En se détachant de nous, ma sœur part jusque la radio pour augmenter drastiquement le volume, et je m'esclaffe. Nous dansons ensemble comme de parfaits idiots, et j'admets ne m'être jamais sentie aussi bien avec quiconque. Si j'ai toujours été proche de Klaus, désormais, je me sens véritablement heureuse à ses côtés, ou auprès de mes sœurs et mes autres frères. Nous partageons les mêmes douleurs, le même bout d'histoire, et je ne me sens pleine qu'avec eux. Mes idiots de frères et sœurs.
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Ꮜꮇᏼꭱꭼꮮꮮꭺ Ꭺꮯꭺꭰꭼꮇꭹ ///Terminée\\\
FanfictionÀ la douzième heure du premier jour d'octobre 1989, quarante trois femmes à travers le monde donnèrent naissance à un enfant. Le seul facteur commun était qu'aucune de ces femmes n'étaient tombés enceintes auparavant. Sir Reginald Hargreeves, millia...
Chapitre 22
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