Je fonce alors sur le second Suédois et saute pour enfoncer mes deux pieds contre sa mâchoire. Surprit, il titube de quelques pas avant de se reprendre et de me foncer dessus. 

Il est bien plus fort que son frère et ses coups font méchamment mal, c'est certain. 

— Ça va, Diego ? Je demande en esquivant l'un d'eux.

— Ouais, grogne-t-il d'une voix rauque, abîmée par la strangulation qu'il vient de subir.

Un coup vient me mordre les rotules, me faisant perdre l'équilibre. Je tombe contre le sol et le pied de mon ennemi se place sur ma jugulaire, l'écrasant avec violence. J'écarquille les yeux, le souffle coupé, et tente de pousser ce dernier avec ma main dans un grognement tout simplement pathétique.

— Touche pas à ma sœur, putain !

Dans un cri de rage, Diego l'enserre par la taille et l'explose contre le mur, lui offrant un magnifique coup de poing en pleine mâchoire. Je tousse, reprenant ma respiration, et me relève aussi vite que je le peux pour reprendre le combat. Je jette mes talons contre le sol, cherchant à gagner en équilibre, et saute sur le dos de Diego pour attraper quelques centimètres. Je m'élance dessus, à l'instar d'un tremplin, et écrase mon pied contre visage de notre adversaire. Le bruit de son os se brisant sous mon coup vient m'écorcher les tympans et Diego vient poursuivre mon attaque en le poussant contre la fenêtre avec violence. Son crâne cogne contre les débris de verre, et il le rattrape à la dernière minute pour jeter con corps inconscient contre le mur beige. 

— Ils étaient pas trois ? Me demande-t-il en reprenant son souffle.

— Mets-toi à la page, mon vieux, je m'en suis déjà chargé.

Il entrouvre la bouche, comme pour chercher une réponse, et hoche la tête sans rien prononcer de vive-voix. Je tourne alors mon regard vers les escaliers, les sourcils froncés, et masse mes phalanges abîmées pour calmer la douleur.

— Où est Lila ?

— J'en sais rien, mais papa va se barrer si on reste là.

L'acidité de sa voix m'étonne assez, mais je comprends que la situation presse. Je tourne la tête vers la fenêtre, observant la silhouette de mon père, mais ma respiration se bloque douloureusement dans ma poitrine lorsqu'une seconde m'est visible. Celle-là même que je pourrais reconnaître entre mille.

— Maman...

— Allez, viens ! Me presse Diego.

Sa main attrapant la mienne, il m'entraîne dans sa course pour descendre les escaliers. J'écarquille les yeux et accélère le pas pour éviter de tomber, mes pieds nus frappant contre le parquet froid. Je lève ma main vers ceux-ci et me matérialise aussi vite qu'il m'est possible de le faire une nouvelle paire de mes talons avant d'arriver en bas. Une migraine vient frapper violemment contre mes tempes et je grimace alors. Je tangue sur mes jambes, rattrapée par la fatigue que ma magie me procure, et Diego vient me rattraper précipitamment, m'empêchant de me vautrer dans les marches.

— Hé, tiens le coup. Ça va aller.

— Ouais, je lâche, la bouche pâteuse. Ça va aller.

Son regard m'observe quelques secondes, dubitatif, avant qu'il n'enserre une nouvelle fois ma main pour courir vers la sortie. Ma migraine s'accentue davantage et je serre les dents, suivant mon frère jusque la voiture où papa était. Devant nous, Cinq reste immobile, la mine épuisée, alors que sa voiture s'éloigne dans un vrombissement sonore. Lila nous rejoint rapidement, la bouche entrouverte, et j'observe son visage avec méfiance. Pourquoi n'a-t-elle pas aidé Diego ? Pourquoi Cinq ?

— Putain...

— C'était lui ? Demande Diego en me relâchant la main.

— Ouais. 

— Je commence à croire que papa nous évite, à force, je lance dans un soupir fatigué.

— C'est pas pour jouer les rabat-joie, mais je crois qu'il vaut mieux se casser d'ici.

Si vite que l'on pourrait la croire suivie, Lila commence à s'en aller. Je la fixe, les sourcils froncés, alors que la voix de Cinq la retient alors.

— J'suis curieux, quand tu dis "on", je peux savoir à qui tu fais référence ?

— Qu'est-ce qu'il y a d'ambigu dans ce que j'ai dis ?

— J'te connais pas du tout et j'ai aucune idée d'où tu sors, crache Cinq avec perfidie. Mais moi, à ta place, je crois que je me dépêcherai de me rentrer.

— Elle a raison, Cinq, la défend alors Diego. Faut qu'on se casse de là.

— Je viens de te sauver la vie, petit connard. Si j'étais pas intervenue, tout ce qui resterait de toi maintenant c'est un blazer et des chaussettes.

Les sourcils froncés, j'avance d'un pas pour lui faire face. Mes bras se croisent sous ma poitrine, comme une protection, et je la lorgne comme pour lire en son sein.

— Mais tu as laissé Diego dans sa merde et, sans moi, c'est de lui qu'il ne resterait rien. 

— Et c'est là tout le problème, claque Cinq. T'es un peu trop douée, tu poses un peu trop de questions, t'en sais un peu trop. Quand tu te bats, tu sais exactement ce que tu fais. 

— Là, ils ont pas tord, se joint Diego.

— Et ça fait de moi la méchante ?

— J'men fous, t'es en travers de mon chemin. Je préfère te prévenir, si jamais je te revoie, je te tue.

Sans lui laisser l'opportunité de répliquer, Cinq part de son côté, quittant les lieux. Le regard de Lila s'attache au mien, puis à Diego, et je fronce les sourcils avec méfiance. Je trouvais Lila assez étrange au début, c'est sûr, et elle n'a fait que de raffermir ce sentiment. Pour ce coup-ci, je suis d'accord avec Cinq, nous ne pouvons pas nous laisser berner. Pas après l'histoire entre Vanya et Leonard Peabody. 

— Putain de merde, s'insurge-t-elle, toi aussi ? Moi qui te pensais cool !

— Admets que c'est louche, Lila. Tu connais beaucoup de choses, beaucoup trop même. Je ne peux pas risquer de perdre des membres de ma famille.

Offusquée, elle lâche un rire jaune. N'ayant rien de plus à répliquer et ma migraine tapant encore trop fort contre mon crâne, je m'avance à mon tour loin de la scène, suivant les pas de Cinq pour rejoindre notre voiture, garée plus loin. Les bruits de pas de Diego m'avertissent de son approche derrière moi, et je me laisse tomber sur le siège passager dans un grognement de douleur. Ma migraine m'assomme et, bercée par le moteur de la voiture, je me laisse aller pour tenter de récupérer mes forces. L'image de maman me revient, bien vivante auprès de papa, et je tombe de sommeil sur cette pensée.

Qu'est-ce que tu nous caches encore, papa ?

Ꮜꮇᏼꭱꭼꮮꮮꭺ Ꭺꮯꭺꭰꭼꮇꭹ ///Terminée\\\Where stories live. Discover now