— C'est facile, ça. Je saute et je t'emportes avec moi.

Ma peau se couvre d'une violente chair de poule et je secoue les mains devant moi, objectant sa proposition. Un rire jaune m'échappe, et je joins un mouvement de la tête à cela.

— Ah, non, non, non. Certainement pas. La dernière fois, j'ai été coincé à Dallas pendant un an !

 Cinq roule des yeux, visiblement irrité par mon manque de confiance, et lâche un soupir. Sa main se tend vers la mienne, et je grimace de désapprobation devant celle-ci.

— Les sauts dans l'espace et dans le temps sont deux choses totalement différentes. Il n'y a aucun risque, là.

— Je ne sais pas pourquoi, je ne te fais pas confiance.

— C'est soit ça, soit je te laisse ici. Alors ?

Le tableau des pours et des contres s'effacent rapidement dans mon esprit alors que j'attrape sa main virulement, dans un grognement mécontent. 

— Je te déteste, tu le sais, ça ?

— Mieux que quiconque, Gabriella. Mieux que quiconque...

Malgré moi, je laisse un sourire amusé étirer mes lèvres. Cinq et moi ne nous étions jamais entendus, gamins, c'est le cas de le dire. Il m'insupportait, avec ses airs de "monsieur je-sais-tout" et sa manie de nous prendre de haut. Le nombre de fois où je lui hurlais le détester n'est même pas fixe, tant je l'ai répété et répété. Mais, cette fois-ci, il faut bien avouer que je n'en pense pas un seul mot.

La magie de Cinq nous entourent et, dans un halo bleuté, ma vision se trouble quelques instants. Je me sens secouée de tout les côtés et, lorsque ma vision se rétablie, je tangue quelques secondes sur mes pieds. Je lâche un ricanement et défait nos mains, passant la mienne dans mes boucles pour les recoiffer.

— Putain, j'avais l'impression de faire le Space Mountain !

Mon regard se tourne sur ce qui me fait face et je hausse un sourcil, surprise. Cela ressemble à une maison mal entretenue, où rien n'a de sens ni de logique. Sur un fauteuil, le corps inconscient de Diego est étendu, à peine camouflé sous un drap. Au dessus, Lila tient une espèce de chalumeau, probablement afin de cautériser la plaie. Elle relève ses yeux vers nous, et Cinq s'avance vers elle, mains dans les poches.

— Ah, il a survécu ?

— T'as l'air déçu, répond-t-elle.

— De te voir, toujours, oui.

Un rire nasale m'échappe tandis que je m'approche du corps de mon frère. Son teint a retrouvé de sa couleur, mais son front, lui, est couvert d'une pellicule de sueur. Sa plaie est minutieusement cautérisé et je fronce les sourcils, pleine de méfiance. Où cette fille a pu apprendre à faire cela si proprement ?

— Tant d'hostilité dans un si petit corps, marmonne-t-elle avec ironie.

— Merci de l'avoir sauvé, je lance en roulant des yeux, puisque Cinq n'en a visiblement pas l'envie.

Elle hausse les épaules, un sourire étirant ses commissures, et laisse son regard s'aventurer sur le cou de Cinq, là où le pansement que j'ai installé repose.

— Tu t'es coupé en te rasant ? Je sais comment font les grands garçons, tu veux que je te montre ?

Sa réplique, soufflée dans un ton si naturel, me fait glousser joyeusement. Sa dynamique sarcastique m'amuse vraiment, c'est pile le genre de personne que je pourrais apprécier. Mais, car il y en a toujours un, je rejoins Cinq quant à sa méfiance. Il y a un truc qui ne va pas chez elle. Et la dernière fois que j'ai pensé cela, le type avait des photos de nous dans son grenier, où nous avions tous les yeux crevés.

Ꮜꮇᏼꭱꭼꮮꮮꭺ Ꭺꮯꭺꭰꭼꮇꭹ ///Terminée\\\Where stories live. Discover now