Ꮜꮇᏼꭱꭼꮮꮮꭺ Ꭺꮯꭺꭰꭼꮇꭹ ///Terminée\\\

Chapitre 18

— Oh, c'est mignon, je roucoule avec amertume. Vas-y, répète-le.

Sur les nerfs, Cinq prend une grande inspiration avant d'attraper mon verre et de le balancer contre le mur. J'ouvre la bouche, geignant mon mécontentement, et il m'offre un regard rigide qui me rappelle bien trop celui de notre paternel.

— Si tu veux, OK. J'aurais jamais cru dire ça un jour mais tu es peut-être la seule à être saine d'esprit dans cette putain de famille. La fin du monde approche, et tout ce que nous avons réussi à trouver pour le moment, c'est un enregistrement de l'assassinat de Kennedy où papa apparaît et une folle que Diego a ramené de l'asile alors oui, j'ai besoin de toi.

Mon esprit cesse de fonctionner vers le milieu de la phrase. Ma bouche s'assèche, j'écarquille les yeux par la surprise, et me redresse sur mon siège comme pour me sortir d'un mauvais rêve.

 — Attends quoi ? Papa serait lié à la mort de Kennedy ? Ça ne lui ressemble pas.

Ce type était une ordure sans nom. Mais pas au point d'assassiner un président, du moins, c'est ce que j'espère. Il était plus fourbe, plus à s'enrichir sur le dos des autres. Il doit sans doute y avoir une explication, quelque chose derrière tout cela.

— Nous sommes d'accord. Apparemment, papa est à Dallas en ce moment, on compte aller lui en parler et...

— Bordel, mais pourquoi tu n'as pas commencé plutôt par là, je m'exclame. 

Un sourire glisse sur ses lèvres, visiblement amusé, alors que j'ouvre la porte arrière de la pièce, celle mise à disposition pour nous aider à fuir si la situation devient trop chaotique.

— On va se le faire, ce connard.

— Vous êtes désespérants, soupire Cinq en se téléportant devant moi. Diego nous attend dans la voiture, amène-toi.

Diego... Cela fait un an que je n'ai pas entendu ce nom ou vu son visage. Mon frère me manque, mais une boule d'angoisse se forme dans mon estomac. Combien de temps se sont passés, pour lui ? Comment va-t-il ? Qu'est-il devenu ?

Mes questions se taisent dans mon esprit lorsque son reflet se fait apercevoir à travers la vitrine d'une voiture, garée non loin. Tout disparaît, mon organe vital s'agite dans ma poitrine, et je cours jusque cette voiture pour le rejoindre. Son regard se pose sur le mien, sa bouche s'entrouvre, et il sort de la voiture rapidement.

— Alors c'est ça, ta course urgente ? Demande-t-il à Cinq.

— On a besoin de tous se rassembler.

Je ne réfléchis pas quand je saute dans ses bras pour l'enlacer. Surprit, Diego se fige quelques instants avant de me serrer en réponse. Ses cheveux plus longs qu'avant me chatouillent le visage, et je souris. 

— Je suis contente de te revoir, Diego.

Il sourit en retour, ses yeux sombres se posant sur moi dans une douceur que je ne lui reconnais pas alors que ses mains enserrent ma taille comme pour me garder au plus près de lui.

— Moi aussi, Gaby.

— Je ne voudrais pas interrompre vos touchantes retrouvailles, mais il serait peut-être temps d'y aller, non ?

Je me détache de mon frère, lorgnant Cinq avec un amusement feint, et surélève mon majeur pour le lui présenter.

— Sois pas jaloux, Cinco.

Il roule des yeux, consterné, et grimpe à l'avant de la voiture. Je me place à l'arrière, et nous démarrons rapidement jusqu'au lieu où papa doit visiblement se trouver. Le silence s'instaure et, comme s'il se rappelait de ma présence, Diego allume la radio pour laisser la musique se déverser doucement dans l'habitacle. Je souris malgré moi. Diego me connaît très bien, et il connait mon malaise face au silence trop profond. Rien n'a changé entre nous, et cela me rassure davantage.