Lorsque le sang ne s'échappe plus, je matérialise une bande que j'entoure autour de son bas ventre afin de protéger la zone et, cela de fait, je lui renfile sa veste avec douceur. Épuisé, Cinq reperd aussitôt connaissance, et je m'éloigne de lui, poussant un soupir de soulagement et de fatigue.
— On doit le ramener à la maison, j'annonce rapidement. Il doit être perfusé, il a perdu pas mal de sang.
Lorsque nous arrivons à la maison, il fait déjà nuit. Diego dépose notre frère sur le premier canapé qui lui vient, pressé par le temps et l'inquiétude qu'il tente d'étouffer. Je reste assise près de lui, tandis qu'il reprend difficilement connaissance.
— T'as pris ton pied, hein, avoue...
— Carrément, même, je glousse, rassurée de le voir reprendre des couleurs.
— On aurait dû l'amener à l'hôpital, gronde Allison.
— Un ado qui a un trou cautérisé dans le bide ça éveillerait les soupçons...
— Ouais, un peu comme l'autel morbide qu'il y a dans le grenier de Harold Jenkins ?
Soudain, le regard de Diego se penche vers le couloirs, et je tourne mon regard vers la même direction. Mon cœur s'arrête de battre quelques secondes lorsque je la vois, droite comme un "i", avancer dans les couloirs de l'académie. Ma bouche s'assèche, et je laisse Allison auprès de notre frère tandis que je m'avance vers elle, imitée par Diego.
— Maman ? Je balbutie, les larmes aux yeux.
— Tiens donc, nous sourit-elle comme si rien ne s'était passé. Bonjour, vous deux.
— Qu'est-ce que tu...
Je me coupe dans ma phrase, incapable de savoir quoi dire, tandis que mon frère attrape son poignet, où il avait déconnecté ses fils ce soir-là. Sa peau est recousue, seule preuve de ce qui est arrivé, et je retiens un sanglot douloureux. J'ai assez pleuré comme cela.
— Maman..., commence difficilement Diego, Comment t'arrives encore à marcher ?
— Je mets un pied devant l'autre et je marches, glousse-t-elle avec sa douceur si propre à elle. Pourquoi, tu fais comment toi ?
Le regard de mon frère coule sur moi, méfiant, mais ma surprise semble l'apaiser rapidement. N'y tenant plus, je fonce dans les bras de ma maman et l'enserre contre moi, le cœur à vif.
— Maman !
— Qu'est-ce qu'il t'arrive, ma chérie ? Tu n'es pas si câline, habituellement.
— Tu... Tu ne te souviens pas ?
— Quoi dont ?
Je fronce les sourcils, incapable de comprendre ce qui peut bien se passer, et coule un regard sur le canapé où est allongé Cinq. Je sers les dents, plaçant mes questionnements en second plan, et tend le doigt vers celui-ci.
— Cinq a été blessé, je lui annonce. J'ai stoppé le saignement et cautérisé la plaie mais je pense qu'il vaut mieux le perfuser, il a perdu pas mal de sang.
Son regard se tourne vers le fauteuil, y reste accroché quelques secondes, puis se retourne vers moi. Elle me sourit doucement, passant une main dans mes cheveux, et je me délecte de ce geste qui m'avait tant manqué.
— Tu es merveilleuse, Gabriella. Je vais m'occuper du reste, ne t'en fais pas.
Je la regarde avancer jusque Cinq et le porter jusque les chambres, sans un mot.
C'est bien ma mère. Douce et gentille. C'est bien celle qui me bordait, m'apportait à manger et soignait mes blessures. Ce que je ne comprends pas, c'est pourquoi elle est là, en état de marche et visiblement sans souvenir de ce que Diego et moi avons fait.
Je ne comprends pas et, honnêtement, je ne suis pas certaine de vouloir comprendre. Elle est là, et je me sens mieux, en sa présence.
— Je vais t'aider, j'annonce en l'aidant à porter mon frère, quand bien même elle n'en ait pas le besoin.
Mes iris se braquent contre ceux de Diego, brillants d'une manière que je n'avais pas revu depuis longtemps, et mon estomac se met soudainement à me chatouiller agréablement. Comme avant, quand il déverrouillait ma prison pour me permettre de jouer avec eux, le soir.
— Continuez vos recherches sur Jenkins. Je reste avec maman et Cinq.
Il hoche la tête, entrouvrant la bouche, mais la refermant bien vite, sans trouver les mots qu'il recherche, visiblement. Nous nous séparons alors, et je reste auprès de ma mère comme j'aimais le faire, gamine.
Je suis une putain de fille à maman. Et je n'ai jamais autant aimé l'être qu'en ce moment.
YOU ARE READING
Ꮜꮇᏼꭱꭼꮮꮮꭺ Ꭺꮯꭺꭰꭼꮇꭹ ///Terminée\\\
FanfictionÀ la douzième heure du premier jour d'octobre 1989, quarante trois femmes à travers le monde donnèrent naissance à un enfant. Le seul facteur commun était qu'aucune de ces femmes n'étaient tombés enceintes auparavant. Sir Reginald Hargreeves, millia...
Chapitre 12
Start from the beginning
