Lorsque, enfin, Diego stoppe sa voiture près d'un poste de police, je me penche sur son siège pour m'approcher un maximum de son visage dans l'unique but de l'emmerder comme j'aime tant le faire.

— Et comment tu comptes obtenir son casier ? Je demande avec raillerie. En demandant gentiment ?

— T'inquiète, crois-moi je sais de quoi je parles. J'y ai passé pas mal de temps.

— Menotté, tu veux dire ? Demande Allison, m'arrachant un gloussement.

— C'est pas important, répond-t-il avec trop de sérieux pour ne pas paraître suspect. Alors voilà ce qu'on va faire...

— Comment ça ? Je coupe Cinq, perplexe. Je me téléporte et je prends le fichier.

— Non, c'est pas du t... Tu ne connais pas cet endroit en détail. 

— J'ai déjà fais ça pas plus tard qu'hier, je te signale. Fin, mon hier, je veux dire. Pas le tien, à l'évidence.

Je fronce les sourcils, pas certaine d'avoir compris ce que Cinq tentait de dire, et me penche davantage vers mon frère pour l'enquiquiner davantage.

— Quoi, tu te tapes un autre lieutenant ? Je demande avec une moquerie mal placée.

— La ferme. 

Dans un geste vif, il m'envoie son bras en pleine tête, me faisant basculer contre mon siège. Je grogne, mécontente, et avise un regard noir à ma sœur en l'entendant glousser comme une idiote.

— J'en ai pour deux secondes à peine, poursuit Cinq sans tenir compte de ma présence.

— Non, écoute-moi. Il est pas question que tu entres, c'est clair ? J'ai pris ma décision. C'est comme ça, quand on est chef.  On commande.

N'y tenant plus, je m'esclaffe, épuisée devant cette manie qu'il a de vouloir se la jouer chef de bande. Diego est comme ça depuis que nous sommes gosses et si, au début, je trouvais ça insupportable, je trouve cela maintenant plus pathétique qu'autre chose.

— Quoi, encore ?

— Oh, rien mon général. À vous l'honneur !

Il soupire, visiblement piqué au vif, et sort de la voiture pour préparer sa petite affaire.

— Je vais appeler Vanya, soupire Allison en quittant la voiture.

Haussant les épaules, je la suis sans un mot histoire de me dégourdir les jambes, rapidement suivie par Cinq. Elle s'empare d'un téléphone public, y insère quelques pièces, et je l'observe sans un mot taper le numéro de notre sœur. Elle a raison, nous avons été un peu fort avec elle. Avec ou sans pouvoir, Vanya est notre sœur et nous ne devrions pas nous comporter de la sorte avec elle.

— C'est son répondeur, soupire Allison, plus pour elle que pour nous, avant de se pencher sur le téléphone, sans doute pour y laisser un message.

— Salut, Vanya. C'est moi. Je voulais te dire que... Les choses sont allées trop loin. Et je veux seulement que tu saches que tu peux compter sur ta sœur, même si j'ai vraiment pas assurée.

— Qu'est-ce que vous avez fait, encore ? Me demande Cinq, adossé au mur.

— Oh, juste une réunion où on ne l'a pas convié.

Il hoche la tête, ne cherchant pas plus loin, et Allison raccroche le combiné dans un soupir. Mes mains enfoncés dans les poches de ma veste en cuir, j'extirpe de l'une d'elle une cigarette que je m'allume par automatisme, sans même ressentir l'envie de fumer. Je tire une latte, l'esprit dans le vague, et fixe les nuages aux formes diverses. J'ai toujours aimé faire ça. Ça me détendait, petite, d'imaginer des histoires en suivant leurs formes. Je m'imaginais les vivre et, si je fermais assez fort les yeux, j'en ressentais même l'adrénaline et l'exaltation.

Ꮜꮇᏼꭱꭼꮮꮮꭺ Ꭺꮯꭺꭰꭼꮇꭹ ///Terminée\\\Where stories live. Discover now