— Il faut que je réserve un vol pour Los Angeles. Si les choses se passent comme tu le dis, je dois être avec ma fille, que j'ai la garde ou non. Et tu l'as dis toi-même, il faudrait que l'académie soit au complet si on veut avoir une chance. Je suis désolée, Luther.

Sans plus de cérémonie, Allison quitte le grand salon, me laissant seule avec mon frère. Je baisse mon regard vers lui, amusée, et penche la tête devant son expression attristée. Il soupire, plantant son regard dans le mien, et je le salue avec une certaine acidité.

— On dirait bien qu'il ne reste que toi et moi, mon gros.

Sans réellement se parler, nous partons fouiller ensemble le bureau de papa. Je le sais bien, Luther aurait tout donné pour se trouver avec quelqu'un d'autre que moi. Je ne suis pas la sœur la plus agréable à avoir, encore moins celle qui aime sauver les fesses du monde entier. Pourtant, je suis son seul soutien, et il le sait.

— Pourquoi tu m'aides ? Me demande-t-il enfin, brisant ce silence trop pesant.

Moi-même, je ne le sais pas, à dire vrai. Si je dois être honnête envers moi-même, je pense que je souhaite faire quelque chose de bien, pour une fois dans ma vie. Je veux être à la hauteur, sans même savoir ce que je tente de prouver. Aussi, je veux fuir. Fuir ce que je ressens, ce que je comprends vis-à-vis de Ezra, et je me sers de cette apocalypse pour cela.

C'est pathétique, je le conçois. Mais n'est-ce pas le mot parfait pour définir ma vie ?

— Je m'ennuie, je réponds à la place en haussant les épaules.

Il ne répond pas, poursuivant ses recherches, et je l'imite, faisant le plus de bruit que je le peux pour effacer le silence. Aucune trace des échantillons de Luther. C'est comme s'ils n'avaient jamais existé. Soudain, masquant ce silence assourdissant, le bruit connu de la canne de Pogo frappant contre le sol attire mon attention. Plusieurs dossiers plein les bras, je tourne mon regard vers lui.

— Tout va bien, monsieur Luther ? Mademoiselle Gabriella ?

— Où ils sont ? Demande-t-il, perdant patience. Les échantillons, les boîtes, les rapports ? Toute la correspondance que j'ai envoyé depuis la Lune ?

— Je... Je ne sais pas trop.

— Tu connaissais bien papa, je le presse en fronçant les sourcils, n'y croyant pas du tout. Alors tu savais forcément où il planquait tout ça. C'est important, Pogo !

— Votre père tenait à ce que ces travaux restent confidentiels...

— Arrête, s'énerve soudain Luther. Tu savais tout ce que notre père faisait.

Timidement, comme vaincu, il nous point du doigt le tapis sur lequel je me dresse. Je baisse mon regard dessus, les sourcils froncés, puis le dirige vers mon frère. Un éclair de lucidité passe, et je recule d'un coup le tapis pour y découvrir une trappe sur laquelle Luther se jette immédiatement.

— Le salop, je lance pour moi-même.

— Il était malin, le vieux...

Doucement, Luther ouvre la trappe, et je me penche à mon tour sur son contenu. Des dizaines de paquets fermés s'entassent là dedans, et j'en attrape un précautionneusement. L'écriture de mon frère s'y lit, mais ils sont scellés. Ma gorge se serre quand je comprends ce que cela signifie, et je coule un regard désolé à mon frère. Les mains tremblantes, il s'en empare d'un, puis d'un second, qu'il ouvre, réalisant la dure réalité.

Notre père est un véritable monstre, putain.

— Il en a pas ouvert un seul, murmure-t-il.

— Luther, je souffle, triste pour lui.

Ꮜꮇᏼꭱꭼꮮꮮꭺ Ꭺꮯꭺꭰꭼꮇꭹ ///Terminée\\\Where stories live. Discover now