— Non. Parce que c'est ce qu'on est censé faire à dix-sept ans. Tu quittes le nid, tu deviens quelqu'un, tu grandis.
— Oh, oui, ironise immédiatement Luther. T'as grandi, ça se voit vachement.
Agacée par cette conversation dont je ne fais pas partie, je m'éloigne et reprends mes recherches. Plus vite cet endroit sera fouillé, plus vite je pourrais foncer à l'épicerie pour me payer une bouteille.
Alors, mon attention est happée par quelques gloussements, et je m'avance vers ceux-ci. Mes lèvres s'étirent lorsque je retrouve Cinq adossé contre un mur, visiblement endormi. Il serre dans ses bras ce même mannequin que Klaus embrassait la dernière fois, entouré par plusieurs bouteilles vides et feuilles de papiers.
— Eh, les connards, je clame assez fort pour que mes frères m'entendent. Venez ici.
J'entends clairement leur pas se rapprocher, leurs râlements se font plus distincts, et je souris davantage en les sentant dans mon dos. Ma main se loge contre ma hanche, et j'observe Cinq avec moquerie.
Mon frère est visiblement ivre-mort et il est clair qu'il a bien moins fier allure, lorsqu'il a les yeux fermés et la bouche couverte de bave.
— Est-ce qu'il est...
— Complètement bourré, termine Diego dans un sourire amusé.
— Ouaip, je répond dans un gloussement.
Dans un soupir mi-exaspéré, mi-amusé, Luther l'attrape dans ses bras et le soulève, lui et son mannequin ridicule. Nous avançons jusque ma voiture et je grimace devant l'air chiffonné de mon frère.
— Je te préviens, t'as pas intérêt à dégueuler dans ma caisse.
— Hm, grommelle-t-il comme un enfant.
Je m'assois au volant de ma voiture, jette un coup d'œil à mon rétroviseur, et m'engage dans la circulation.
— On ne peut pas retourner à la maison, annonce Luther. C'est par sûr, ces cinglés pourraient rappliquer à n'importe quel moment.
— C'est plus près chez moi, répond alors Diego, Personne ne viendra.
Je hoche la tête, concentrée sur ma conduite, et roule jusque la chambre miteuse de Diego. Une fois garée, nous nous engageons dans une ruelle à pied, Cinq toujours dans les bras de Luther. Je ricane en l'entendant pousser un renvoi, et me délecte de sa position de faiblesse, lui qui nous prend toujours de haut.
— Si tu me vomis dessus...
— Tu sais ce qu'il y a de drôle ? Ricane Cinq en fixant le ciel, J'suis en pleine puberté. Encore une fois. Génial.
— Essaye de tirer ta crampe, je lance avec amertume. Ça te rendra peut-être plus aimable.
— Je l'ai bien descendue, cette bouteille, poursuit-il sans m'écouter. Y'a que ça à faire, quand le monde qu'on aime est sur le point de disparaître. Pouf ! Envolé.
Puis il se stoppe quelques secondes, tournant son regard vers nous, et je fronce les sourcils.
— De quoi vous parliez dans la voiture ?
— Deux psychopathes masqués ont attaqué l'académie, hier soir, lui annonce Luther de but en blanc.
— C'est toi qu'ils cherchaient, enfonce Diego. Alors il faudrait que tu te concentres. Ils voulaient quoi ?
— Hazel et Cha-Cha, souffle-t-il dans un soufflement de nez.
— Qui ? Je questionne, les sourcils froncés.
— Je déteste les noms de code, se braque Luther.
— C'est les meilleurs, nous annonce-t-il dans un timbre brisé par l'alcool. Enfin, après moi.
— Les meilleurs pour quoi ?
— Tu sais, elle a jamais aimé que je boive, change-t-il de sujet. Elle disait que ça me rendait maussade.
Irritée par le manque d'alcool dans mon organisme, je m'avance vivement vers lui et agrippe le col de son veston avec colère. Ma main s'avance vers le mannequin, et je plante mes iris colériques dans les siens, vitreux.
— Tu vas tout de suite nous expliquer ce qu'ils te voulaient sinon je te promets de la transformer en un putain de tournevis que j'enfoncerais ensuite dans tout tes orifices, c'est clair ?
Un sourire décorant son visage, Cinq me fixe avec une fatigue que je ne comprends pas vraiment. Son bras enserré autour de son mannequin, il tourne ensuite son regard vers celui de Diego, tout aussi colérique que le mien, et glousse avec un amusement qui m'irrite davantage encore.
Je comprends son état, et c'est peut-être bien ce qui m'énerve le plus. Parce que je suis comme lui, et bien trop souvent pour être aimée par qui que ce soit. Bien trop pour offrir mon cœur à quelqu'un de bien, comme Ezra.
— On veut seulement te protéger, avoue Diego dans un ton plus calme.
— Me protéger ? Ricane-t-il, J'ai pas besoin de votre protection, Diego. Vous avez la moindre idée du nombre de gens que j'ai tués ? Non. Je suis les quatre putains de cavaliers. Et l'apocalypse est toute proche.
Soudain, sans prévenir, il vomit par terre, et je pousse un cri dégoûtée. Je me recule rapidement, et grimace vulgairement lorsque mes Louboutin s'en font couvrir.
— Hum, dégueulasse, je râle en levant ma main sur celle-ci pour les modifier à ma sauce.
Cependant, quelque chose semble clocher chez Cinq. Il est tout à fait normal d'être dans cet état après avoir abusé de la beuverie mais il semble avoir plus. Il est comme à bout, défaitiste, et je connais trop bien ces sentiments pour ne pas les remarquer chez les autres.
« Et l'apocalypse est toute proche ».
Qu'est-ce que ça veut dire exactement, Cinq ?
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Ꮜꮇᏼꭱꭼꮮꮮꭺ Ꭺꮯꭺꭰꭼꮇꭹ ///Terminée\\\
FanfictionÀ la douzième heure du premier jour d'octobre 1989, quarante trois femmes à travers le monde donnèrent naissance à un enfant. Le seul facteur commun était qu'aucune de ces femmes n'étaient tombés enceintes auparavant. Sir Reginald Hargreeves, millia...
Chapitre 7
Depuis le début
