— Allons-y, j'ordonne en me redressant. 

Les garçons lancent un air triste à Pogo, signe qu'ils viennent certainement de se prendre une remontrance, et tourne leur regard vers moi.

— Pardon, Pogo, s'excusent-ils en quittant la chambre, moi sur leur talons.

— Gaby..., commence Luther d'une voix triste qui me donne envie de lui arracher les corde vocales. Tu as appris pour maman ?

— Ne joues pas au petit orphelin attristé avec moi, numéro Un. C'était ce que tu souhaitais, je crache avec amertume.

Mes mots sont comme une lame de rasoir sur ma langue. J'ai mal en les disant et je n'ose pas imaginer ce que peux ressentir mon frère en les recevant, mais je suis comme ça : quand je souffre, je fais du mal autour de moi. Je n'arrive pas à me faire à l'idée que je n'ai plus ma maman et je n'ai qu'une idée en tête : boire jusqu'à tout oublier.

Le seul qui pourrait me rassurer, c'est Klaus. Et il est je-ne-sais-où.

— On prend ma voiture, j'annonce en attrapant mes clés.

— Et où on va, madame l'alcoolique ? Me demande Diego avec aigreur.

Je tourne mon regard vers lui et lui souris, aussi froide que la glace. Ma langue est poisseuse, comme abîmée par les méchancetés que je prononce, mais je m'en moque comme de ma première petite culotte.

— À la bibliothèque. Cinq cherchait quelqu'un, alors peut-être qu'il recherche d'autres infos dans les archives.

Mes frères me regardent, la bouche entrouverte, et je soupire. Ils n'ont jamais été très malin, et je me demande bien où ils seraient allés, s'ils n'avaient pas penser à ce lieu-ci en premier.

— C'est une idée, clame Luther en haussant les épaules.


Lorsque nous arrivons à la bibliothèque, le silence qui y règne termine de me filer des frissons. Je grimace, mal à l'aise lorsque rien ne me parvient, et frappe plus fort mes talons contre le sol pour y pallier. Mes deux frères me lancent un regard, et je souris d'un air narquois. Ils me connaissent bien, surtout Diego, et n'osent rien dire quant à ma manière de chasser toute sorte de silence.

— Séparons-nous, propose Luther.

— Ah, y'en a, là dedans.

Sans un mot, je prends la destination opposée à la leur et débute mes recherches. Le lieu est très grand, et j'espère sérieusement y trouver Cinq. Dans le cas contraire, je n'aurais aucune idée de l'endroit où il pourrait être et sa sécurité m'inquiéterait. Il a beau avoir la conscience d'un cinquantenaire, il garde un physique de bambin pré pubère. 

Nous fouillons les trois étages dans notre côté, et je laisse échapper un soupir mollasson lorsque nous nous retrouvons, sans aucun signe de Cinq.

— Alors ? Demande Diego en fixant le rez-de-chaussée de par la rambarde.

— Rien, répond Luther en faisant machine arrière.

Je grogne, mécontente, et viens m'appuyer à mon tour sur cette rambarde, tout près de Diego. Mes doigts me picotent affreusement, signe évident de mon manque, et je sens la rage monter bien trop vite pour être raisonnable. Dans ces circonstances, je ne peux qu'avouer avoir un petit problème avec l'alcool, et ça me dérange bien trop, honnêtement.

— Tu veux savoir pourquoi je suis parti ? Lance soudainement Diego, attirant l'attention de notre frère.

— De quoi tu parles ?

— Pourquoi j'ai quitté l'académie.

— Bah parce que tu supportais pas que je sois numéro Un.

Je roule des yeux, une migraine pointant doucement le bout de son nez, et ferme les paupières pour tenter de me calmer. Ces deux-là sont visiblement parti pour faire dans les aveux, et je ne suis pas prête à les entendre bavasser comme des adolescentes.

Ꮜꮇᏼꭱꭼꮮꮮꭺ Ꭺꮯꭺꭰꭼꮇꭹ ///Terminée\\\Where stories live. Discover now