— Luther ! Crie alors Allison en nous rejoignant.

— Gabriella ! M'appelle Diego, à ses trousses.

Soudain, sur le balcon, j'aperçois celle portant son masque rose. Elle donne un coup dans quelque chose, et j'écarquille les yeux lorsqu'un petit clic se fait entendre au dessus de ma tête.

— Dégage de là, me hurle Luther en me poussant.

Alors le lustre s'écrase sur lui, et j'écarquille les yeux en me redressant aussi vite que je le peux avec mes muscles endoloris.

— Luther !

Doucement, notre frère se relève, et j'écarquille les yeux d'effroi lorsque son haut se déchire par la même occasion, nous laissant voir son torse couvert de poil, et presque inhumain. Je recule d'un pas, sous le choc, et relève mon regard vers ses iris, emprunt à la peur.

— Putain de merde, lâche Diego dans un soupir.

Sans nous adresser un seul mot, la respiration hachée, Luther remonte à l'étage, nous laissant ainsi dans l'incompréhension. Mon regard coule vers Diego, puis vers Allison, et j'entrouvre la bouche sans trop savoir quoi dire.

— T'étais au courant ? Demande Vanya tandis que notre sœur s'approche d'elle.

Un blanc de quelques secondes s'instaurent durant lequel Allison tourne son regard vers l'escalier, avant qu'elle ne reprenne son attention sur notre sœur.

— Non.

— Merde, maman, souffle alors Diego en fonçant à l'étage.

J'écarquille les yeux, soudainement prise d'effroi, et le suis jusqu'au banc où maman loge. Entourée par ses tableaux, elle brode tout en chantonnant une petite mélodie qui me rappelle la berceuse qu'elle me chantait, petite. Doucement, je m'approche d'elle et viens m'asseoir à ses côtés afin de vérifier qu'elle n'ait rien. C'est alors que je remarque que son aiguille traverse sa peau, et qu'elle semble se coudre avec cette dernière. Mon sang se glace douloureusement et je relève un regard vers mon frère, cherchant quoi faire. Mais, au fond, je le sais déjà.

— Maman ? Je l'appelle doucement. Ça va ? 

— Bien sûr, allons.

— T'as pas entendu les coups de feu ? Lui demande Diego. Les gars masqués, ils viennent de tirer partout.

— De quoi est-ce que tu parles, gros bêta ? Lui demande maman dans un sourire.

L'air perdu, Diego vient s'asseoir au côté opposé du mien, à droite de notre mère, et observe sa broderie. Quand son regard se relève vers le mien, je sens mon cœur lâcher prise et mes émotions exploser. Mes yeux me brûlent, et je hoche difficilement la tête tandis qu'il attrape son bras.

Maman a toujours mérité mieux que nous. Mais elle souffre... 

J'embrasse la joue de ma mère une dernière fois et regarde Diego attraper sa main avec douceur, laissant échapper mes cristaux de sels sans pouvoir les retenir davantage.

— Pourquoi pleures-tu, ma chérie ? Ce n'est pas ton genre.

— Pour rien, maman, je la rassure en essuyant mon visage. Je t'aime.

— Mais je t'aime aussi, Gabriella. 

Mes sanglots ne tarissent pas de couler tandis que je baisse mon regard sur les yeux emplis de détresse de Diego. Sans un mot, il ouvre la peau de maman à l'aide de son couteau, et je détourne le regard, incapable de le regarder faire plus longtemps.

— Diego ? Qu'est-ce que tu fais ? 

Il écarte les pans de sa peau, laissant entrevoir les circuits qui la compose, et je ferme les yeux quelques secondes pour tenter de calmer mes pleurs.

Je déteste pleurer. Papa nous a toujours dis qu'il n'y avait que les faibles pour faire cela et j'ai toujours pris cela pour la pure vérité. Mais maman est tout pour moi. Et je ne peux pas restée là, à la regarder souffrir, sans ne rien faire ou ne rien ressentir.

Doucement, mon frère commence à trifouiller les branchements de notre mère, et je mords ma lèvre si fort que le goût métallique et bien connu du sang vient exploser contre ma bouche.

— Ça va... B-bien se... Bégaie Diego, m'arrachant le cœur une nouvelle fois.

— Rappelle-toi de ce qu'on avait dit. Il suffit de visualiser le mot dans ta tête.

— Ça va bien se passer, ma... Maman.

Lorsqu'il la débranche, son bras retombe mollement contre son corps, et je laisse mes larmes couler le long de mon visage silencieusement, me forçant à la regarder s'éteindre pour m'en laisser le droit.

— Die...Go... Rappelle-toi...

Alors plus aucun son ne se fait entendre, son visage s'affaissant misérablement vers le bas, et je comprends que tout est fini. Mon frère baisse la tête, anéanti, et je viens me loger dans ses bras pour l'aider à supporter sa douleur et mieux encaisser la mienne. Son corps tremble, et je tente de clamer le vibrato de ma voix tandis que mes larmes ne cessent de couler.

— Ça sera notre secret, Diego... À toi et à moi...

— Oui, c'est le mieux à faire, murmure-t-il en me serrant contre lui.

Lui et moi restons ainsi quelques secondes, incapable de se lâcher et, lorsque la douleur devient trop forte, je décide de me lever la première. J'essuie mon visage avec rage et avance vers ma chambre, le cœur en miette et l'âme fêlée.

— Je vais me coucher, je lui annonce froidement.

Il ne répond pas, et je ne lui en demandais pas moins. La douleur me terrasse, et j'ai l'impression que je viens de perdre la moitié de mon âme.  

J'ai mal, putain. Tellement, tellement mal.

Ꮜꮇᏼꭱꭼꮮꮮꭺ Ꭺꮯꭺꭰꭼꮇꭹ ///Terminée\\\Where stories live. Discover now