Devant, Luther tente de s'installer sur le siège passager au côté de Cinq, les sourcils froncés par l'incompréhension.
— Psst, me chuchote Klaus pour attirer mon attention.
Il me pointe alors du doigt un mannequin sans jambe, et j'étouffe un gloussement en l'observant l'embrasser à pleine bouche.
— Ça va ? Demande Luther à notre frère.
— Tu devrais pas... Comment tu m'as retrouvé ?
— Bah...
— Mmh, ouais, gémit Klaus en embrassant le mannequin, me faisant exploser de rire.
Soudain, le regard de nos deux frères se tournent vers nous, et je leur offre un salut de la main dans un rictus amusé.
— Hé, j'ai le droit à un peu d'intimité ? Je sens que le courant passe entre nous.
Les sourcils froncés, Cinq lui lance une bouteille qu'il esquive avec aisance, non sans pousser un cri hilarant. Mon regard s'accroche soudainement à une bouteille de rhum à moitié pleine, et je l'attrape vivement.
— Oh, tu as pensé aux boissons, génial.
Rapidement, je lampe le liquide comme on le ferait avec du petit lait, ignorant les regards de nos deux frères sur nous. Il y a bien longtemps que j'ai cessé d'y faire attention, à vrai dire.
— Dégagez, vous n'avez rien à faire ici ! S'écrit Cinq avec colère, Je suis occupé, ça se voit pas ?
— Hm, pas vraiment.
Dans un haussement d'épaules, Klaus se rapproche des fauteuils avants, s'appuyant sur eux pour pouvoir pencher son corps sans s'écrouler. Je le regarde faire tout en cherchant à récolter les dernières goûtes de mon poison en bouteille.
— Alors, tu l'as retrouvé ton borgne ?
— La ferme.
— De quoi il parle ?
— On s'en fout, c'est Klaus.
— Il cherche à connaître l'identité d'un mec qui perdra son œil d'ici quelques jours, j'explique en jetant ma bouteille dans le fond du coffre.
— Vous pouvez pas la fermer, vous deux ?
Amusée, je lui offre un sourire moqueur qu'il ignore délibérément. Il soupire, agacé, et tourne son regard vers notre numéro Un.
— Qu'est-ce que tu veux, Luther ?
— Euh, Grace est peut-être impliquée dans la mort de papa.
— Grace ? Je répète, les sourcils froncés, Depuis quand tu l'appelles comme ça ?
— C'est pas important. Il faut que vous reveniez tous les trois à l'académie. C'est urgent.
— Tu n'as aucune idée de ce qu'il l'est ou non, crache Cinq avec dédain.
— Hé, les coupe soudainement Klaus, j'vous ai raconté la fois où j'ai voulu m'épiler l'anus avec de la crème au chocolat ?
Il ricane, amusé par son anecdote, et je tourne un regard blasé vers lui. J'aime sa manière à ne jamais rien prendre au premier degré mais, de suite, j'aimerais avoir une discussion sérieuse. Il s'agit de maman, et rien ne peut être drôle, si elle se retrouve mêlée au délire de Luther concernant la mort du vieux.
— Ça m'a fait super mal !
— Pourquoi t'es encore là ? Lui crache Luther, me faisant froncer les sourcils.
— Aïe, aïe, aïe...
— Quoi ? J'ai besoin d'une excuse pour traîner avec mes frères et ma sœur ?
— On essaye de discuter sérieusement, tente de lui expliquer Luther.
— Ah, parce que tu penses que je ne suis pas capable de me montrer sérieux ?
— Sans vouloir te vexer, je commence dans un sourire se voulant rassurant, non. Pas du tout, même.
— Je trouve que Luther a pas tord, alors casse-toi.
— Quoi ?
Vexé, il ouvre la porte d'un coup et sort rapidement, tapant des pieds contre le gravier.
— D'accord !
Puis il la referme, ne me laissant pas même le luxe de sortir le rejoindre, et je pousse un soupir épuisé. Je tourne mon regard vers Luther, piquée par ce qu'il venait de dire au sujet de notre mère, et me penche vers lui pour marquer ma présence.
— Qu'est-ce qu'il se passe avec maman ?
— C'est assez compliqué à expliquer. Il faudrait que vous veniez voir ça à l'académie.
Je hoche la tête, les sourcils froncés, et ouvre la porte du van vivement. Mon sang me brûle dans mes veines, comme s'il venait d'entrer en éruption, et l'angoisse vient doucement me mordre les tripes, comme lorsque j'étais enfermée dans mon placard.
— Je vous rejoins là-bas.
La boule de mon estomac s'intensifie encore, jusqu'à m'étouffer, et je claque la porte plus violemment que prévu. Maman compte énormément pour moi et je déteste la savoir prise dans nos problèmes de famille. Elle mérite mille fois mieux que ça. Que nous, en vérité.
Tout à coup, les bras chargés de confiseries, Klaus sort d'une épicerie en courant, me sortant de ma bulle d'angoisse. Un agent de sécurité commence à lui courir après, lui hurlant de s'arrêter, et je laisse un sourire se dessiner sur mon visage devant cette scène ridicule que Klaus nous offre bien trop souvent.
— Hé, les salopes ! Crie-t-il dans sa course.
Fonçant sur la route, il manque de se faire écraser et s'écroule au sol, rattrapé par l'agent de sécurité. Je cours alors vers eux, prête à sauver la peau de mon frère une nouvelle fois, et tente de canaliser mon rire tandis que j'approche l'agent pour l'aider à s'enfuir. Je joue de mes charmes et interpelle l'agent pour l'éloigner de sa cible principale.
— Monsieur, vous avez fait tomber ça !
L'agent se tourne vers moi, vérifiant ce qu'il a bien plus perdre, et Klaus en profite pour s'extirper dans un ricanement. J'ouvre discrètement ma voiture à distance et Klaus s'y faufile rapidement, courant à l'intérieur.
— Hé, crie l'agent. Revenez ici !
— Vite, Gaby ! Me crie Klaus en me montrant ses trésors.
Je ricane et embrasse la joue du policier dans le seul but de l'énerver. Cela fonctionne d'ailleurs trop bien, puisqu'il commence à me courir après en me hurlant des tas de noms d'oiseaux. Je monte dans ma voiture, verrouille mes portières, et ricane devant les grimaces que mon frère offre à l'agent de sécurité tandis que je démarre, fuyant cette scène grotesque.
— Ouais, c'est ça ! Va te faire voir, connard ! S'égosille-t-il en levant ses deux majeurs vers lui.
Klaus est un idiot. Un junkie qui passe son temps à faire des conneries pour fuir son quotidien. Et je suis exactement pareil. Alors, pour fuir le mien, je m'enfonce dans les idioties de mon 'grand' frère encore plus profondément que dans les miennes, parce que, de cette manière, j'oublie mes problèmes et mes propres terreurs.
Tout est bien plus simple, quand on ignore ce qui nous tient éveillé le soir.
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Ꮜꮇᏼꭱꭼꮮꮮꭺ Ꭺꮯꭺꭰꭼꮇꭹ ///Terminée\\\
FanfictionÀ la douzième heure du premier jour d'octobre 1989, quarante trois femmes à travers le monde donnèrent naissance à un enfant. Le seul facteur commun était qu'aucune de ces femmes n'étaient tombés enceintes auparavant. Sir Reginald Hargreeves, millia...
Chapitre 5
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