— Nom de Dieu mais vous êtes de vrais malades.

Je ricane, perfide, et embrasse sa joue avec moquerie.

— Merci, lance Klaus en recrachant un bout de verre.

— Alors, ce dossier ? Je chantonne à son oreille, gloussant devant son corps tendu.

Terrifié, il hoche la tête et se lève d'un bond, tremblant si fort que ses jambes manquent de lâcher.

— C'est là-bas, suivez-moi.

J'offre un regard fier à mes frères alors que nous le suivons jusque un second bureau. Là, il allume une lampe de chevet et ouvre un tiroir pour farfouiller à l'intérieur de ses dossiers, Cinq et Klaus assit juste face à lui tandis que je reste près de la porte au cas où il tenterait de fuir. Enfin, il en attrape un et l'ouvre pour en lire son contenu, jetant des coups d'œil terrifiés vers Klaus. Ses sourcils se froncent soudain, et je me penche vers eux pour observer le dossier.

— Oh, c'est étrange.

— Quoi ?

— Cet œil n'a pas encore été acheté par un client, nous apprend-t-il.

— Quoi ? S'étonne Klaus en s'approchant du dossier, Qu'est-ce que ça veut dire ?

— Eh bien, notre registre indique que l'œil correspondant à ce numéro... C'est impossible, il n'a même pas encore été fabriqué.

Je fronce les sourcils et m'avance à mon tour du dossier afin d'en voir la preuve. Mon regard se lève ensuite vers Cinq, perplexe, et ses yeux écarquillés ne me rassure pas d'un poil.

— Où avez-vous trouvé cet œil ?

Il baisse la tête, poussant un soupir défaitiste et je tourne mon regard vers un Klaus tout aussi perdu. Soudain, Cinq se lève d'un bond, quittant l'immeuble d'un pas énervé.

— Bon, à la prochaine mon chou, je claque dans un sourire sadique tout en le suivant, Klaus à mes trousses.

— C'est pas bon du tout, grogne Cinq en sortant de la clinique.

— Moi, j'ai été plutôt bon, nan ? Lance Klaus dans un sourire fier, "Et que faites-vous de mon consentement, connard ?".

— Oui, t'as été génial, je glousse en enroulant mon bras autour de ses épaules.

— Toi aussi, d'ailleurs ! Tes larmes, là, c'était géant !

— Ça n'a aucune importance, claque Cinq en se tournant vers nous, l'air chiffon. 

— Quoi ? D'ailleurs, pourquoi tu tiens tant à cet œil de verre ? Demande-t-il.

— Une personne va perdre son œil dans les sept prochains jours, nous apprend-t-il alors. Et elle causera la fin de la vie sur Terre telle que nous la connaissons.

Je fronce les sourcils, peu réceptive à ses paroles, et enfonce mon regard dans le sien. Il s'active à faire les cent pas, l'air aussi énervé qu'inquiet, et je cherche à savoir s'il dit vrai ou s'il est simplement devenu fou.

— La fin du monde, tu veux dire ?

— Oh, bravo, Gabriella, tu es vraiment maligne.

Un sourire acide vient tracer la commissure de mes lèvres et je lève mon majeur devant son minois insupportable, vexée. 

— Et sinon, je peux avoir mes vingt dollars maintenant ou pas ?

— Tu veux tes vingt dollars ?

— Oui, mes vingt dollars.

— L'apocalypse va bientôt arriver et tu ne penses qu'à te défoncer ? 

— Oui, mais j'ai faim aussi. J'ai le bide qui gargouille, réplique-t-il, les mains sur son ventre, en imitant le fameux bruit.

— Tu ne sers à rien, crache-t-il. Et les autres ne valent pas mieux.

Je fronce davantage les sourcils, de plus en plus énervée par sa fichue manie de tous nous prendre de haut, et croise les bras sous ma poitrine, sur la défensive.

— Attends, qu'est-ce qui te fait dire que c'est ce mec en particulier qui va déclencher la fin du monde ?

— Oh, je t'en prie, balance Klaus en me coupant dans ma phrase, il faut que tu te détendes un peu !

Sans nous écouter, CInq va s'asseoir sur les marches de la clinique, l'air abattu par la situation. Un soupir m'échappe alors que je viens le rejoindre.

— Je viens juste de comprendre pourquoi tu es aussi tendu, s'exclame Klaus en s'asseyant à la gauche du petit numéro Cinq. Tu dois être en chaleur comme pas possible. Toutes ces années sans personne... Non mais c'est vrai, ça peut rendre dingue, la solitude.

— Non, j'étais pas seul, nous avoue-t-il en fixant le ciel.

J'ouvre des yeux surprit et penche mon regard vers lui. Un faible sourire vient se dessiner sur ses lèvres, et c'est l'image d'Ezra qui me vient en mémoire.

Bordel, qu'est-ce qu'il m'arrive ?

— Oh ? Raconte, s'intéresse Klaus.

— Elle s'appelait Dolorès. On a été ensemble pendant plus de trente ans.

— 30 ans ? Je m'exclame, les yeux écarquillés. Ça fait un paquet d'années.

— Ouah ! J'ai jamais été avec quelqu'un plus de... Je sais pas, trois semaines ? Et c'est seulement parce que j'en avais marre de chercher où dormir. Et toi ? Me demande-t-il alors.

Je hausse les épaules, le regard tourné vers le ciel, tandis que Cinq disparaît dans ce fichu éclair bleu, visiblement lassé par notre présence.

— Je suis jamais sortie avec quelqu'un. Juste des coups par-ci, par-là.

— Oh, c'est cool ça aussi.

Je hoche la tête, perdue dans mes songes. Avant, j'aurais dis exactement la même chose que lui. Pourquoi choisir de se mettre avec une seule personne lorsque l'on peut avoir plusieurs partenaires, un pour chaque jour de la semaine, ou sept pour une seule nuit ?

Mais les mots d'Ezra me hantent encore, et j'ai peur de me pencher là-dessus. Alors j'occulte tout, parce que c'est bien plus simple.

— Tiens, Cinq est parti ?

Alors, comme pour répondre à sa question, un taxi passe devant nous, Cinq installé à l'arrière, nous saluant dans un sourire moqueur. Je glousse, amusée, et Klaus se lève d'un bond, l'air furibond.

— Hé ! Et mon pognon, alors ? Quel merdeux, celui-là !

Je ricane, amusée par la dynamique de ces deux idiots, et me lève dans un rictus joueur.

— Tacos ? Je propose. Je t'invite.

— Tu es décidément la meilleure sœur que je pouvais rêver avoir, Gaby !

Je glousse, prenant à cœur son compliment, et pars rejoindre ma voiture, Klaus sur mes talons. Bercée par ses idioties toutes plus farfelues les unes que les autres, j'oublie complètement ce qui me trouble depuis mon réveil et me laisse aller à ses côtés, déconnant comme je le faisais gamine, sans m'intéresser à mon apparence ou à mes pensées trop présentes. 

Ꮜꮇᏼꭱꭼꮮꮮꭺ Ꭺꮯꭺꭰꭼꮇꭹ ///Terminée\\\Where stories live. Discover now