— Diego, arrête de parler !
— C'est pour ça, ça lui coûtait de t'avoir dans les pattes tous les jours !
La mâchoire crispée par la rage, Luther tente de lui asséner un coup de poing qu'il esquive avec aisance. Les garçons commencent alors à se battre, plus violemment qu'il ne le faisait à l'époque, et je grimace devant la puissance des coups. Ainsi, je ne vois pas deux frères. Mais deux inconnus en pleine compétition. Ça me fait mal au cœur, je dois bien l'avouer.
— Les garçons ! Tente Pogo, Cessez de vous battre !
Nous nous reculons afin de ne pas nous prendre un coup perdu et j'observe les garçons se battre sans retenir leur coup.
— Allez, amène-toi !
— Arrêtez ça !
— Cogne-le ! S'exclame Klaus, Vas-y !
Dépité, Pogo baisse les bras et retourne à l'intérieur, laissant mes deux frères continuer leur combat de plus en plus acharné. Les coups fusent, et je les regarde faire, attendant le moment où je devrais m'en mêler avant que cela ne parte trop loin.
— On a pas le temps pour ces conneries, bougonne Cinq en retournant à l'intérieur.
Alors, tentant de donner un coup de poing à Diego, Luther ripe contre la statue de Ben, laissant celle-ci s'exploser contre le sol. La tête de notre frère se décroche, et j'écarquille les yeux face à cela.
— Oh, non !
— Ben peut dire au revoir à sa statue, soupire Allison en rentrant à son tour.
Lorsque Diego attrape l'un de ses couteaux, je fronce les sourcils, prête à agir. Les garçons vont beaucoup trop loin et si j'avais très envie de cogner Luther, moi aussi, il est hors de question que je laisse Diego se servir de ses couteaux contre lui. Aussi insupportable soit-il, Luther reste mon frère.
— Diego, non ! Crie Vanya.
Alors qu'il lance son couteau vers Luther, je concentre mes pouvoirs sur celui-ci, le métamorphosant en un pétale de rose avant qu'il ne touche mon frère. Celui-ci tombe doucement au sol, écrasé par le poids de la pluie, et je pousse un soupir épuisé. Mon regard rencontre celui de Diego, et je secoue la tête pour marquer mon mécontentement.
— Tu parles d'un héros, je crache, amère.
En ayant plus qu'assez de toutes ces conneries, je retourne à l'intérieur de l'académie, laissant mon parapluie tomber contre le sol humide de la cour. Une migraine vient frapper contre mes tempes et je grimace, épuisée. Malgré tout mes entraînements, modifier des objets déjà existant reste quelque chose de très compliqué, mentalement. D'autant plus lorsque je dois agir vite, pour modifier des balles ou encore un couteau lancé rapidement. De plus, je l'admets, tout l'alcool que j'ingurgite tout le temps n'aide pas à mon état. Mon regard s'accroche à mon tatouage, incrusté à mon poignet, et je serre les dents.
Revenir ici n'était pas une bonne idée. Revoir mes frères et sœurs non plus, d'ailleurs. J'aurais dû rester chez moi, à gâcher ma vie comme je le fais si bien depuis mon enfance. Après tout, c'est ce que nous faisions tous.
— Allez, viens, me lance la voix de Klaus tandis que son corps vient s'écraser dans mon dos. Je vais te servir le meilleur cocktail de tout les temps !
— Ça a intérêt à l'être, je gronde dans un sourire à peine camouflé. J'ai un mal de crâne insupportable.
Il me sourit, l'air plus calme, et je le suis jusque la cuisine, où nous buvons tranquillement sans réellement parler.
J'aime ces moments avec Klaus. Nous nous comprenons bien, et il ne cherche jamais à creuser pour comprendre ce qui se passe en mon sein. Parce que, honnêtement, moi-même, je ne sais pas ce qui peut bien clocher, chez moi. C'est comme s'il me manquait quelque chose, comme si j'étais vide.
Lorsque la nuit commence à tomber, j'attrape ma veste en cuir et tape un baiser sur la joue mal rasé de mon frère.
— On se revoit demain.
— Oh, où tu vas ?
— Boire un coup, je réponds en chopant mes clés.
— Ce n'est pas ce que tu fais toujours ? Questionne Cinq en farfouillant dans les armoires.
— Haha, très drôle.
Il me sourit, l'air si énervant que je me retiens de justesse de lui enfoncer ma clé dans l'œil, et je le lui rends avec plaisir.
Mes affaires de réunies, je sors de la maison pour rejoindre ma voiture.
Quand j'étais ado, j'adorais fuir de la maison le soir pour traîner en boîte. Désormais adulte, ma vie n'a quasiment pas changé. Je sors pour fuir mon quotidien, pour oublier cette vie minable qui est la mienne, et je réitère l'expérience encore et encore. Le truc, c'est que je ne sais pas quoi faire d'autre. Ni même qui être d'autre. C'est comme si quelque chose était cassé, chez moi. Et, au lieu de le réparer, je préfère boire pour ignorer cette fissure, parce que j'ai peur du changement, de l'attachement, et de trop souffrir.
C'est toujours plus simple, de cette manière.
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Ꮜꮇᏼꭱꭼꮮꮮꭺ Ꭺꮯꭺꭰꭼꮇꭹ ///Terminée\\\
FanfictionÀ la douzième heure du premier jour d'octobre 1989, quarante trois femmes à travers le monde donnèrent naissance à un enfant. Le seul facteur commun était qu'aucune de ces femmes n'étaient tombés enceintes auparavant. Sir Reginald Hargreeves, millia...
Chapitre 3
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