Je termine ma cigarette dans un coin isolé de la maison, profitant du calme qui m'entoure pour calmer mes nerfs et, cela de fait, je me décide à rejoindre le salon afin de ne pas rester trop longtemps seule dans le silence. J'écarquille les yeux lorsque mon regard croise la silhouette de Klaus, étalé sur le bar, en train de serrer l'urne renversée de notre paternel. J'éclate d'un rire gras, amusée par la situation dans laquelle il semble être, et m'amuse davantage lorsqu'il sursaute violemment.
— Bah putain, je commente dans un sourire.
Mon frère se joint à mon esclaffe, tentant de remettre les cendres dans leur urne, et je viens l'aider sans broncher. Il est bien la seule personne de cette famille pour qui je pourrais littéralement mettre mes mains dans des cendres d'un mort, bon sang. Mais je comprends sa douleur et son besoin de s'évader du monde. Loin des fantômes pour lui, loin du jugement pour moi.
— On boit un verre ? Je lui propose en m'avançant vers la cuisine. Un peu d'eau pour t'hydrater ne te ferait pas de mal, frangin.
— Volontiers, p'tite sœur ! Je te suis.
Je ricane, amusée par le fait d'être appeler ainsi alors que nous sommes littéralement nés le même jour, et file dans la cuisine pour nous servir un verre d'eau. Pendant que je lampe le mien comme s'il s'agissait d'un shot, Klaus tire de sa poche un petit de sachet de pilule dont je n'ai pas besoin de demander le contenu. Il en prend trois, les paupières closes, et je fronce les sourcils devant ce spectacle.
Parfois, j'aimerais l'aider à arrêter de s'empoisonner. Mais il a peur, et c'est son seul échappatoire. Je le sais parce qu'il me l'a dit. Lorsque nous avions treize ans, papa l'a enfermé dans un tombeau rempli de cadavre pour l'aider à vaincre sa phobie des revenants. Bien sûr, cela n'a pas fonctionné, et Klaus est ressorti complètement traumatisé. J'ai bien tenté de l'aider à remonter la pente mais que voulez-vous faire lorsque vous êtes vous même au fond du trou ?
Tout à coup, une légère musique s'élance dans l'habitacle, devenant de plus en plus forte. J'écarquille les yeux, prenant ceci comme une aide que je pourrais offrir à mon frère, et j'attrape sa main pour le tirer violemment vers moi.
— Hé ! Qu'est-ce que tu fais ?
— J'adore cette chanson ! Danse avec moi !
Il ricane, ses yeux verts pétillant d'amusement, et je le tire vers moi pour l'y forcer davantage.
— Attends, glousse-t-il en attrapant l'urne de notre père.
Suivant le rythme de la chanson, nous dansions comme deux idiots ensemble, tournant sur nous même ou effectuant un slow pathétique, Klaus serrant l'urne de notre paternel dans ses bras.
— Secoue-moi ce popotin, Gabyyy !
Je ris aux éclats, si bien avec mon frère, et ondule des hanches contre lui dans une danse mi-lascive, mi-stupide.
Klaus et moi ne sommes pas que des frères et sœurs. Il est mon meilleur ami. Nous nous sommes toujours très bien compris, lui et moi, et j'adore le fait de ne pas avoir à parler lorsqu'il est là. Un regard suffit, et nous nous comprenons.
Il comble mon manque d'affection, et je suis le soutien qu'il a toujours voulu avoir.
Soudain, nous arrêtant net dans notre danse, un éclair bleuté tape contre la fenêtre, m'arrachant un sursaut. La musique se coupe soudainement, et je tourne un regard perplexe à mon frère.
— Je suis complètement défoncé ou tu vois la même chose que moi ?
L'urne de notre père se met soudainement à bouger sur la table, comme attiré par ce qui se passe dehors, et Klaus l'attrape rapidement, les yeux écarquillés. Les objets métalliques s'envolent à leur tour, et je penche mon regard vers l'un des couteaux plantés dans le mur.
— Papa ? S'écrit-il en fixant le plafond.
Les sourcils froncés, je cours jusque notre allée pour voir ce qui peut bien se tramer, bien vite rejoins par Allison et Luther. Diego et Vanya, déjà présents, fixe une espèce de trou temporel bleuté qui me rappelle étrangement ceux que faisait notre frère Cinq, disparu depuis seize ans, maintenant.
— C'est quoi, ce truc ? S'écrit Vanya.
— Restez où vous êtes, ordonne Allison en plaçant sa main sur le bras de Luther.
— Merci du conseil, bougonne Diego.
— On dirait une anomalie temporelle, j'expose en fixant ce trou bleuté.
— Oui, confirme Luther. C'est soit ça, soit un mini trou noir.
— J'ai quand même l'impression que c'est pas la même chose.
— Hors de mon chemin, crie alors la voix de Klaus.
Je fronce les sourcils, l'observant s'avancer vers le trou, un extincteur à la main. Il l'actionne quelques secondes et, voyant que rien ne se passe, le jette à l'intérieur de la faille.
— Qu'est-ce que tu fous ?
— Ça change quoi de faire ça ?
— J'en sais rien, t'as une meilleure idée ?
Un nouvel éclair surgit et, par instinct de protection, j'attrape le pan de sa veste pour le tirer vers moi, plus loin de cette faille. Le visage d'un vieil homme commence doucement à se dessiner à l'intérieur, et j'écarquille les yeux face à cela.
— C'est quoi ce bordel ?
— Mettez-vous derrière moi, ordonne Luther en nous attirant derrière son dos, Klaus et moi.
— Ouais, tout le monde derrière nous, rajoute Diego dans un ton semi-autoritaire.
— Je propose qu'on prenne la fuite. Amenez-vous !
Mais alors que le visage du vieillard s'avance, il se métamorphose sous nos yeux. Je fronce les sourcils, complètement perdue, et avance d'un pas lorsque le corps d'un enfant s'effondre devant nous, refermant derrière lui cette faille. Suivi par les autres, je m'avance davantage vers celui-ci. Lorsqu'il se relève, nous offrant enfin son visage perplexe, j'écarquille les yeux et ma gorge se serre. Les mots me manquent, et j'ai l'impression d'être complètement bourrée tant ce que je vois n'a pas de sens.
— Est-ce que vous aussi..., commence Klaus dans un timbre hésitant, Vous voyez le petit numéro Cinq, ou est-ce que je suis le seul ?
Toujours identique à celui qu'il était il y a seize ans, Cinq se tient face à nous, vêtu d'un costume trop grand pour lui.
Il pose son regard sur lui quelques secondes, comme perdu, et relève un regard vers les nôtres. Je cligne plusieurs fois des paupières pour m'assurer qu'il ne s'agit pas d'une hallucination, et écarquille davantage les yeux lorsque je comprends que cela n'en est véritablement pas une.
Putain. De. Merde.
— Fait chier, souffle ce dernier d'un ton las.
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Ꮜꮇᏼꭱꭼꮮꮮꭺ Ꭺꮯꭺꭰꭼꮇꭹ ///Terminée\\\
FanfictionÀ la douzième heure du premier jour d'octobre 1989, quarante trois femmes à travers le monde donnèrent naissance à un enfant. Le seul facteur commun était qu'aucune de ces femmes n'étaient tombés enceintes auparavant. Sir Reginald Hargreeves, millia...
Chapitre 2
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