Les yeux écarquillés, Klaus pointe sa poitrine du doigt et pousse un grognement, accompagné par un pouffement de rire de la part de notre petite princesse, le numéro Trois.

— Attends, je vais quand même pas appeler papa dans l'au-delà pour lui dire : "Tu peux arrêter deux secondes ta partie de tennis avec Hitler, s'il te plaît ? 'Faut que je te parle tout de suite".

Amusée par sa réplique, je laisse à mon tour échapper un gloussement que j'étouffe contre mon poing, sous l'œil sévère de Luther.

— C'est pourtant ton truc, non ?

— Nan, j'suis pas dans le bon état d'esprit.

— T'es défoncé ? Demande Allison dans un ton de jugement que je prends trop à cœur.

Allison et Luther ont toujours eu tendance à nous juger, Klaus et moi. Nous étions trop gamins, peut-être trop désobéissant, et cela ne plaisait pas aux chouchous de notre père.

—  Ouais, c'est ça. Mais comment vous faites pour ne pas l'être ? C'est d'un chiant, ces conneries !

— Là, il marque un point, je rajoute dans un sourire acide.

— Bah réveille-toi, c'est important. En plus de ça, on retrouve pas son monocle. 

— Sérieux, qu'est-ce qu'on en a à foutre de ce monocle à la con ? Grogne numéro Deux.

— Rien, c'est ça le truc. Il a aucune valeur. Donc le voleur en fait une affaire personnelle. Il devait le connaître, lui en vouloir.

La fin de sa phrase me pique au vif et je me redresse lentement, les sourcils froncés. Mon regard perce le sien, et je dépose mon verre sur la table dans un tintement sonore.

— On peut savoir ce que ça signifie, ça ?

— C'est pourtant évident, Gaby, me répond Diego sans pour autant lâcher notre frère du regard. Il pense que c'est l'un de nous qui l'a tué.

La colère monte en moi comme un ras de marée et je serre les poings afin de la canaliser. J'ai toujours été quelqu'un de très sanguin, et il me faut me retenir pour ne pas me battre toute les secondes. Mon corps est mon gagne pain, et je ne peux pas me permettre de débarquer à mes shootings avec des bleus sur le corps.

Le regard de Luther passe à chacun de nous, comme pour nous persuader du contraire, et je me dois de compter jusqu'à dix pour ne pas lui enfoncer mon poing contre sa mâchoire.

— T'es sérieux, mec ? S'insurge Klaus.

— Comment tu peux croire ça ? Rajoute Vanya.

— Félicitations, lui lance Diego dans un ton acide, tu peux être fier de toi. T'es un vrai leader.

Diego est le premier à quitter la pièce et, énervée au possible, je me lève pour le suivre afin de calmer mes nerfs.

— Va te faire voir, Luther, je crache.

— T'es cinglé, rajoute Klaus en se levant en même temps que moi. Et c'est moi qui te le dit.

— J'ai pas terminé.

— Ouais, bah désolé, faut que j'aille buter maman. Je reviens tout de suite.

Je quitte la pièce, bouillonnant sur place, et pousse un long soupir afin de me calmer. Mon impulsivité ne baissant pas d'un iota, je matérialise dans ma main un paquet de cigarette que je n'ai pas pu acheter en chemin et me l'allume rapidement, inspirant la fumée toxique de la nicotine pour endormir et calmer mes nerfs.

Une famille normale devrait apprécier les moments passés ensemble et se soutenir les uns les autres. Mais, chez les Hargreeves, nous nous poussons tous dans le mur, et, désormais, nous nous accusons même de certains meurtres. C'est navrant, putain.

Ꮜꮇᏼꭱꭼꮮꮮꭺ Ꭺꮯꭺꭰꭼꮇꭹ ///Terminée\\\Where stories live. Discover now