Il y a très longtemps que je ne l'avais pas vu et Klaus est peut-être bien le seul frère qui a bien pu me manquer. Nous nous sommes toujours bien entendus, étant très complémentaires, et il est peut-être bien le seul de cette foutue famille que j'ai toujours vraiment considéré comme mon frère.

— Ça fait combien de temps, hein ? Souffle-t-il contre ma nuque en me serrant contre lui, Dix ans ?

— Peut-être bien, je ricane en me décalant de mon frère. Tu m'as manqué, connard.

— Toi aussi, ma petite salope !

Je m'esclaffe de bon cœur, ravie que notre dynamique n'ait jamais changé, et visite le bureau de notre père du regard.

— Je crois que je n'ai jamais vu cette pièce d'aussi près.

— C'est bien la preuve que la mauvaise graine nous a lâché ! On peut prendre notre avance sur l'héritage, maintenant !

— C'est clair, je glousse, faudrait bien que cette ordure ait servi à quelque chose !

Il ricane, tapant contre ses paumes avec enthousiasme, et je le laisse reprendre sa chasse au trésor. J'avance vers son mini bar et décide de me servir un verre de son scotch, comme pour énerver son fantôme, si jamais il arrive à nous voir. Mais alors que nous nous bourrions la gueule tranquillement tout en entamant notre petite chasse à l'héritage, la porte du bureau s'ouvre derrière nous. La silhouette d'Allison pénètre dans la pièce, et je souris en la voyant me dépasser sans me remarquer. Elle observe le lieu silencieusement, comme perdue dans ses songes, et j'avale d'une traite mon poison liquide. J'entrouvre la bouche pour annoncer ma présence lorsque le corps de Klaus, positionné sous le bureau de notre père, se cogne contre celui-ci dans un "boum" assourdissant. 

— Tu l'as caché où ? Grommelle-t-il dans sa fouille.

Les sourcils froncés, ma sœur s'avance vers Klaus, sans même me voir. Je souris, amusée, et profite de cet instant pour me servir un dernier verre. 

J'ai un très bon seuil de tolérance à l'alcool, et j'admets en profiter assez souvent. J'aime noyer mon esprit dans un florilège de poison délicieux et addictif. Si, comme mon frère, je ne suis pas fan de tout ce qui touche à la drogue, j'admets avoir un petit penchant pour la buvette.

— Klaus ? L'appelle Allison, les sourcils froncés, On peut savoir ce que tu fais ?

Surprit, notre frère sort de sa cachette et tourne son regard vers celui de ma sœur. Il écarquille les yeux, surprit, et son éternel sourire enfantin vient aiguiser ses lèvres.

— Allison ! Bah, ça alors, c'est vraiment toi ? 

Il se relève, titubant légèrement après les quelques verres que nous nous sommes envoyés, et je décide d'effectuer un pas pour marquer ma présence.

— Ça faisait longtemps, sœurette.

Surprise par ma présence, Allison tourne son regard vers le mien. Je lui offre un sourire calme, signe que je ne cherche pas la bagarre auprès d'elle, et elle semble immédiatement se radoucir.

Allison, ou numéro Trois, est peut-être bien l'enfant avec lequel j'avais le plus de dispute, étant gamine. Elle était une vraie diva, le genre à utiliser son pouvoir sur chacun de nous pour obtenir ce qu'elle voulait, et j'étais, je l'avoue, extrêmement jalouse de son don. Nous nous disputions tout le temps pour des queues de cerises, et, je l'admets, c'était souvent de ma faute. Tout ce qu'elle arrivait à avoir par la magie, je le modifiais à ma guise pour la rendre folle. Je ne compte plus les fois où nous sommes arrivées aux mains, elle et moi.

— Gaby, tu as... Tu as tellement changé, wouah.

Je lui souris, prenant cela comme un compliment de sa part. Il est vrai que j'ai énormément changé depuis la dernière fois que ma sœur m'a vu. J'ai appris à avoir confiance en moi, à me trouver jolie, et à m'apprêter pour moi et plus seulement pour énerver notre paternel. Alors, oui, j'avais changé. Et pas qu'un peu.

Ꮜꮇᏼꭱꭼꮮꮮꭺ Ꭺꮯꭺꭰꭼꮇꭹ ///Terminée\\\Where stories live. Discover now