— Je voulais être sûre de l'info, je glisse dans un clin d'œil.
Il sourit davantage, peut-être un peu plus réellement, et je le lui rends. J'avance vers lui, n'ayant rien à faire dans cette chambre qui a été la mienne mais que je ne reconnais pas comme telle, et pose ma main sur son épaule.
— Pas mal, la combi en latex.
— C'est du cuir, premièrement, et va te faire foutre, Gabriella.
— J'y penserais, je chantonne en lui offrant un sourire moqueur. Mais dis, au lieu de venir m'enquiquiner comme tu le fais depuis qu'on est gamin, tu as pu voir Luther ?
Il fronce les sourcils, ce qui répond à ma question, et je ne peux que sourire davantage. Ces deux-là ne se sont jamais entendus, Diego ayant toujours souhaité sa place de numéro 1 et Luther l'a prenant trop au sérieux. Personnellement, je n'ai jamais compris l'intérêt de cette petite bataille. Dans tout les cas, papa se moquait de nous ou de notre ressenti. Que l'on soit le numéro un, deux ou huit ne change rien.
— Tu devrais passer lui faire un petit coucou. C'est une vraie bête, maintenant.
Revoir Diego et Luther appuie ce que j'ai toujours su, au fond de moi. Nous n'avons jamais été une véritable famille. Seulement des gamins que l'on a fait cohabiter ensemble, et pour lesquels on a offert des numéros comme pour les classer et les déshumaniser. Nous avons grandis, maintenant, et cela fait des années qu'aucun de nous ne nous sommes vus. Désormais, nous ne sommes plus que des inconnus partageant un même nom de famille.
Je quitte ma chambre et m'avance dans ce long couloir que j'ai mainte et mainte fois pris. Les divers petits dessins fait pour nous apprendre à nous battre me soulève le cœur, et j'ai comme l'impression de comprendre davantage à quel point nous n'avons jamais véritablement eu d'enfance.
Parfois, il m'arrive de me demander comment serait ma vie si papa n'aurait pas offert une petite compensation à ma famille pour m'obtenir. Mieux, certainement.
Lorsque je m'arrête devant le bureau de papa, ma main caresse délicatement l'embrasure de cette porte que je n'ai jamais eu le droit de passer. Mes souvenirs remontent, et je nous revoie tous devant cette même porte, à attendre la permission de pouvoir souhaiter une bonne nuit à notre père. Puis je l'entends une nouvelle fois nous rejeter comme de vulgaires insectes, mon regard se dirige vers son portrait, posté au dessus de son bureau, et je grimace avec dédain.
Il n'a toujours été qu'un monstre.
Tout à coup, le bruit d'un objet qui tombe au sol me fait sursauter. Je baisse le regard sur ledit objet, et l'attrape entre mes mains pour l'observer.
— Oh putain, j'en crois pas mes mirettes !
La voix que j'entends me met du baume au cœur lorsque je relève mon regard sur son regard vert perçant. Les yeux rougis comme à l'accoutumé et les mains chargées de babioles hors de prix, Klaus me fait face, un large sourire aux lèvres. Il range rapidement son tout nouveau pactole, et je fais tourner la petite boule à neige en diamant de notre père autour de ma main.
— Tu penses que je peux en avoir pour combien ?
— Plutôt pas mal, je dirais. Mais je ne savais pas que tu avais besoin d'argent, madame la mannequin !
— Je pose pour des magazines de lingerie, je rétorque en enfonçant mon trésor dans ma poche. Ce n'est pas le métier le mieux payer au monde.
Klaus et moi nous fixons alors quelques secondes, un sourire aux lèvres, et je décide de faire le premier pas. En deux enjambés, j'avale notre distance et serre mon frère dans mes bras.
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Ꮜꮇᏼꭱꭼꮮꮮꭺ Ꭺꮯꭺꭰꭼꮇꭹ ///Terminée\\\
FanfictionÀ la douzième heure du premier jour d'octobre 1989, quarante trois femmes à travers le monde donnèrent naissance à un enfant. Le seul facteur commun était qu'aucune de ces femmes n'étaient tombés enceintes auparavant. Sir Reginald Hargreeves, millia...
Chapitre 1
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