— Quoi ? Tu t'en vas ?

— Oui, mes frères et sœurs auront probablement besoin de moi pour les funérailles, j'explique en enfilant mon jean. Mais je devrais revenir vite.

— Tu veux que je viennes avec toi ?

J'enfile mon débardeur à la hâte et tourne mon regard vers lui, de plus en plus surprise par sa manière d'être.

Ezra a beau être adorable, je n'ai jamais donné l'impression d'avoir besoin d'être dorlotée. J'aime notre relation comme elle est : professionnelle au travail, intime au lit. Je n'ai pas besoin de plus.

— Pourquoi faire ?

Un soupir quitte ses lèvres tandis qu'il passe sa main dans ses cheveux d'ébènes, comme vaincu. Sa peau café au lait est éclairé par les lumières de l'écran, et, ainsi, il ressemble à un véritable ange déchu.

— Non, rien, oublie.

Je souris, pressée par le temps, et m'approche de lui pour embrasser une nouvelle fois ses lèvres. Il ne réagit pas de suite, et je ne m'y pose pas vraiment.

— Je t'écrirais !

Sans chercher à obtenir un quelque mot de sa part, je quitte son appartement après avoir rassemblé mes dernières affaires et rejoins ma voiture, roulant en direction de l'académie.

J'habite à quelques heures de route du lieu, désormais, et il y a bien des années que je ne suis pas revenue à la maison. Pas depuis mes dix huit ans, en fait. Cet endroit me rappelle trop de mauvais souvenirs, de choses auxquelles je ne veux plus jamais être accrochée...

Lorsque j'arrive devant l'immense académie de mon enfance, je sens l'entièreté des poils de mon corps s'hérisser. C'est comme si ce simple lieu pouvait réveiller la petite moi de l'époque.

J'inspire tout l'air que je puisse prendre afin de me donner du courage, bloque quelques secondes, et expire bruyamment. Lorsque j'entre enfin à l'intérieur, mon regard croise immédiatement celui de Luther, notre numéro Un. J'écarquille les yeux, surprise par sa toute nouvelle carrure, et porte ma main sur ma hanche dans un signe du supériorité.

— Ouah, Luther, t'en as pris, du muscle, je lance dans un sourire moqueur. 

— Gaby...

Je plisse le nez vulgairement et détaille mon frère de haut en bas. Mon surnom sonne comme une insulte entre ses lèvres, et j'admets ne pas apprécier véritablement cela. Mais, après tout, cela ne m'étonne pas. Nous avons toujours été deux opposés. Lui, le petit chien-chien à notre père, et moi, l'élément perturbateur qui adorait l'énerver plus que nécessaire.

— Content de te voir, achève-t-il enfin.

— Mmh, ça se voit. 

Je jette un regard au lieu, quelque peu nostalgique, et laisse un très léger sourire se dessiner sur mon visage.

— Rien n'a vraiment changé, en tout cas.

Il hoche la tête, comme stressé par tout ce qui arrive, et je décide de poursuivre mon avancé dans la maison de mon enfance sans vraiment m'en soucier. Luther n'est pas quelqu'un avec qui j'aimais taper la causette, et ça n'a visiblement pas changé.

J'entre dans mon ancienne chambre et dépose mes affaires sans vraiment observer ce qu'elle a toujours été. Elle est toujours pareil, comme dans mes souvenirs, et je ne suis pas véritablement sûre d'apprécier cela. Je me revois m'amuser avec Ben, me chamailler avec Diego ou encore réconforter Klaus, et ça me fait un drôle de coup au cœur.

— Je ne pensais pas te voir, annonce soudainement une voix dans mon dos, me faisant sursauter.

Je me tourne vivement, surprise, et mon regard croise alors celui, noir, de Diego. Un sourire si faux qu'il pourrait me faire mourir de rire vient tapisser ses lèvres, et je hausse les épaules.

Ꮜꮇᏼꭱꭼꮮꮮꭺ Ꭺꮯꭺꭰꭼꮇꭹ ///Terminée\\\Where stories live. Discover now