Le Murmure du Silence [en pause]

59- La voix des anges

Chanson : Up, up and away - Chance Peña

"La force qui maintenait mon cœur
prisonnier appartenait à la gravité"

La semaine de relâche allait faire un bien fou, c'était certain. Plus de devoirs, plus d'obligations, plus de pression et surtout plus de Daphné. La vie de Sam avait réellement tourné au cauchemar depuis qu'elle avait défendu Lou contre celle qui avait été son amie. Sam était terriblement rancunière, jamais elle ne pardonnerait pas de sitôt la jeune fille d'avoir dit du mal à ce point sur son copain, sur son frère, sur Gabriel et sur elle. La brunette n'en avait pas parlé à Lou, mais ce n'était pas tout ce qui s'était passé entre elle et Daphné. Bien sûr, il avait eu l'épisode du rhume qu'elle avait pris lorsque Daphné l'avait enfermé hors du Walmart. Il y avait aussi eu ces quelques petites attaques que les jeunes filles s'étaient lancées, se servant tour à tour du poison de la rumeur. Maintenant, tout le monde croyait que Sam était une fille brutale, égocentrique et surtout vantarde. Cela l'avait tellement mise sur les nerfs qu'elle avait riposté en mentionnant que Daphné était une enfant pourrie qui pense qu'elle ait toujours en contrôle de tout, prête à blesser ses amies dans le seul but de se sentir mieux, une vraie pétasse au fond.

Sam se sentait très mal vis-à-vis cette situation, sachant qu'elle n'avait pas à se rabaisser à ce point au niveau de Daphné. Sur le moment elle s'était dit que jouer à armes égales serait une bonne idée, maintenant elle culpabilisait légèrement. Il ne fallait surtout pas que son écart de conduite arrive aux oreilles de Lou, il lui en avait déjà voulu d'avoir embarqué dans son conflit avec l'ex de son meilleur ami. Sam ne comprenait pas réellement comment Lou pouvait encore avoir de l'estime pour Daphné après cela, il fallait croire que des années d'amitié ne pouvaient s'effacer en quelques minutes et mots de trop.

En cette journée, comme elle s'était remise de sa grippe, Sam était allé en compagnie de Lou à cette fameuse exposition d'art pour laquelle elle avait reçu des billets de la part de son père à Noël. Elle avait hâte de voir ce que les artistes avaient pu créer cette fois-ci. Le thème était le portrait, ce qui intéressait davantage la jeune fille. Lou avait été ravie de l'accompagner, de toute façon, un billet gratuit pour une telle exposition ne se refusait pas. Il adorait voir sa copine enjouée, les yeux brillants devant certaines toiles d'artistes célèbres. C'était bien de la voir aussi légère, elle qui avait un peu de difficulté sentimentalement parlant depuis sa confrontation avec Daphné ainsi que le face à face avec sa mère.
Lou ne savait d'ailleurs plus trop quoi penser de ce que Sam lui avait raconté à propos de sa mère. Il était évident qu'il lui manquait un morceau du casse-tête qui pourrait très probablement lier les cauchemars qu'elle expérimentait souvent avec son histoire familiale.

Sam qui était occupé à regarder une toile se rendit compte que Lou ne lui tenait plus la main seulement et uniquement lorsqu'elle le vit planter devant un tableau de très grande superficie représentant un jeune enfant en pleur. L'émotion de cette toile était si grande qu'on aurait cru qu'à tout moment elle aurait pu s'animer. Les couleurs, la lumière, la texture, tout était triste dans cette toile. Il ne fallait pas être le plus grand des génies pour comprendre que Lou s'identifiait à cette œuvre.

- Je peux te poser une question? demanda Lou.
- Tu n'as pas besoin de demander, elle dit en lui caressant la nuque.
- Quelle est l'émotion que tu aimes le plus peindre? il dit sans détacher le regard de la toile devant lui.
- Je sais pas. Tout ce qui peut être lu dans le regard, les émotions que tu n'as pas besoin de voir le reste du visage pour comprendre.

Lou hocha la tête puis serra la petite brune contre lui, heureux d'être là qu'avec elle, et personne d'autre, loin de ses problèmes.

- Tu dirais quoi de venir chez moi lorsque mes parents viendront le mois prochain? il demanda.
- Je le ferais pour toi, mais je ne te garantis pas que je ne vais pas leur balancer une insulte à la figure.
- Je t'aime Sam, rigola le grand brun en déposant un bisou sur le sommet de leur crâne.