Le Murmure du Silence [en pause]

16- Les feuilles mortes

Chanson : Heirloom - Sleeping at last

"S'énerver est le premier
signe qu'on en a
quelque chose à cirer"

Octobre est un mois de l'année que Sam affectionne tout particulièrement. Ce n'est pas seulement à cause des belles couleurs ou encore de la température ambiante parfaite siégeant entre le froid et le chaud. Sam trouve en l'automne une douce contradiction. C'est à ce moment de l'année où les paysages sont les plus extraordinaires, où les couleurs des arbres sont magnifiques et où le sol commence parfois à se couvrir de givre. L'automne est une magnifique saison et c'est justement parce que la nature se meurt.

Les premières feuilles rouges et orange commençaient déjà à apparaître dans les épais feuillages des arbres. Sam les regardait avec admiration du haut de sa fenêtre d'autobus légèrement embuée. Plus aucun adolescent en âge d'avoir son permis ne prenait l'autobus scolaire, Sam était donc seul à l'arrière. La jeune fille n'allait pas s'en plaindre, elle avait besoin de ses moments à elle que lui conférait ces longs trajets.

Le bus arriva finalement dans la cour d'école. Sam rangea son livre dans son sac puis sortit d'un pas lent. Aujourd'hui était une journée puérile malgré tout. Sam n'aimait aucune des matières à l'horaire d'aujourd'hui. Si au moins elle avait pu avoir un cours d'art, elle aurait tout remis en question.

Ce matin, la jeune fille n'avait qu'une seule envie; rester chez elle. Elle aurait pris des photos ou aurait peint les paysages automnaux. Malheureusement, cette journée était un jeudi, personne n'est jamais en congé le jeudi à moins d'être en vacance ou d'être malade.

Sam se rendit jusqu'à son casier dans la plus totale morosité. Elle ne prit même pas la peine de chercher ses amis et se dirigea tout de suite dans le local de philosophie où, avec un peu de chance, elle pourrait s'assoir près d'Anna, et non d'Ernest. Depuis le dernier court, la brunette avait la bien nette impression que le latino avait pour seul but de lui pourrir la vie. Il prenait un malin plaisir à la faire sortir de ses gonds. Sam s'était tout de même promis de ne pas perdre la face devant un tel arrogant.

Elle prit place à côté d'Anna qui, sans étonnement, était déjà en cour. Elle avait les deux écouteurs enfoncés dans les deux oreilles et ne prit même pas la peine d'adresser un regard à Sam. Elle tourna la page de son bouquin et sortit une gomme de sa poche. Sam trouvait Anna légèrement abstraite, elle était tellement caricaturée dans sa manière de se vêtir et d'agir que Sam doutait parfois quel n'était pas en réalité un personnage de film ou de bande dessinée.

- Tu devrais aller à ta place, tu joues exactement son jeu, souffla Anna.
- Quoi ? demanda Sam.
- Va t'assoir à côté de Valdez et prouve-lui qu'il ne t'atteint pas. Il est con ce mec, il aime énerver les autres pour se croire supérieur, la blonde lâcha. Il dit qu'il est beau et qu'il est le meilleur sans le penser réellement, il se compare et à peur du regard des autres, alors il les rabaisse. Il me fait presque pitié.

Sam saisit l'important du message et alla s'asseoir sur le bord de la fenêtre. À côté d'Ernest.

- Coucou, Montgomery, il lança.

La brunette le salua et siégea près de lui. Elle fit comme le lui avait suggéré Anna et l'ignora durant la totalité de la période, ce qui a semblé mettre le grand brun en rogne. Sam trouvait cela à la limite du comique, Ernest n'aimait visiblement pas être invisible. Sam avait connu un garçon comme cela à New York, il s'appelait Charlie, c'était le petit frère de Ewel, son ex. Il se croyait à la limite le nombril de l'univers et prenait les nerfs chaque fois qu'on lui refusait une chose. Si on ne lui accordait pas l'attention qu'il désirait, on allait vachement le regretter. Ernest n'était ce genre de personne, quoique moins explosif que Charlie.