Le Murmure du Silence [en pause]

46- L'effet papillon

Pour Isy
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Chanson : Call me home - Shannon Labrie

"On dit que le battement d'aile
d'un papillon peut provoquer
un typhon à l'autre bout du monde"

Nate pensait souvent à la mort. Il n'y pensait pas au sens où il la souhaiterait où quoi que ce soit, il y pensait au sens où il se demandait ce que ce pouvait bien être. Sa grand-mère croyait au paradis, sa tante en la réincarnation, mais jamais aucune d'entre elles ne pourrait confirmer leurs dires.

Parfois, Nate se demandait à quoi servait de vivre si, de toute façon, tous finissaient par mourir. À quoi servait l'existence même si ce n'était que de passer d'un point A à un point B. Pourquoi se casser la tête avec les devoirs, les amis, les amours, la famille, le travail quand au bout du compte, rien de cela ne servira jamais à rien?

Le grand blond soupira, coucher dans la cale de son voilier qu'il ne pourrait remettre à l'eau avant plusieurs semaines. Couché là, il se posait diverses questions utiles ou non. Que diraient les gens s'il mourait là, maintenant? Est-ce que mourir fait mal, ou bien était-ce réconfortant?

Sa tante savait désormais la réponse à la grande majorité de ses interrogations, malgré cela, elle ne pourrait jamais lui répondre. N'y répondre à quoi que ce soit d'autre d'ailleurs. Pas même aux questions beaucoup plus urgentes que celle du grand blond s'interrogeant sur ce qui arrivait après que notre cœur ait cessé de battre.

Elle n'avait laissé aucune note, aucune lettre ou alors enregistrement expliquant son geste. Elle était partie en laissant les gens qu'elle aimait le cœur en miette, rongé par la culpabilité. Couché sur ces vieilles planches de bois, Nate ne put s'empêcher de se dire qu'il n'y avait pas de raison à commettre l'irréparable. S'il n'y avait pas de raisons, il n'y aurait sans aucun doute pas de note.

On dit que le suicide est une solution permanente à un problème temporaire, une voie facile pour s'échapper de ses problèmes. Mais ça, Nate ne le croit pas. Comment le fait de s'arracher la vie tout en en étant pleinement conscient peut-il être une voie facile? De sentir la vie nous être arrachée, de se voir mourir sans plus pouvoir rien ni faire ne sera jamais chose facile. Se pourrait-il que les gens regrettent? Lorsqu'ils n'ont plus que quelque seconde d'existence, s'en
veulent-ils dans être venu à ça.

Nate ne connaissait pas réellement bien sa tante, n'empêche, il connaissait plus que bien sa cousine. gée de seulement un an de moins que lui, voilà qu'elle devait vivre à perpétuité sans sa mère avec elle. La jeune fille n'aura personne avec qui se confier lors de son bal de finissant, de son mariage ou alors de son premier accouchement. Nate en voulait à sa tante, de laisser sa fille dans cet état. De laisser toute sa famille dans cet état.

La mère de Nate venait de perdre sa sœur, la voir souffrir ne faisait que renforcer le mal-être du jeune homme. Il se posait des questions qui resteraient à jamais sans réponses et il détestait ne pas savoir pourquoi les choses étaient ce qu'elles étaient. On lui avait sans cesse répété depuis son enfance qu'il y avait une explication rationnelle à absolument tout. Pourtant, pour une fois, même l'auteur de cette phrase était dans le néant.

Une larme roula le long de la joue de Nate. Il se demandait ce qu'il ferait si jamais un membre de sa famille décidait d'en finir avec sa vie. Probablement qu'il s'en voudrait pour le restant de ses jours. Il se dirait qu'il est une mauvaise personne vu son incapacité à déceler les signes annonciateurs. Il ne croit pas qu'il serait un jour capable de se regarder de nouveau dans le miroir après cela.

Nate se sentait pitoyable, impuissant face à ce qui arrivait dans la vie de sa famille. Il se sentait inutile et incompatible à la tristesse des autres devant le fait que ce qui le dérangeait n'était pas la morte elle-même, mais plutôt les dégâts qu'elle avait causés autour. Il avait besoin de parler à quelqu'un qui ne le regarde pas comme s'il était le dernier des abrutis lorsqu'il demandait pourquoi. Qui comprend son besoin irrépressible de savoir ce qui pousse les gens à s'en aller.