15- Au rythme de la pluie

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Chanson : The man who can't be move - The Script

"Il n'y a pas de hasards,
seulement des rendez-vous"

Gabriel n'aimait pas les jours comme ceux-ci, les jours où il était forcé d'être cloitré dans l'appartement. Ces jours de pluie crus où on ne peut mettre un pied dehors sans se prendre une douche froide. Le jeune homme était donc assis contre le rebord de la fenêtre, le front contre le verre froid. Son souffle laissait de petites empreintes de buée dans lesquels il s'amusait à dessiner toutes les choses qui lui passaient par la tête.

Le grand brun sortit de sa torpeur seulement lorsqu'il entendit des pas par le craquement familier du plancher de la chambre. Il se retourna et vit sa petite soeur, Ariane. Elle était petite pour son âge, mais elle était mignonne avec ses taches de rousseurs et ses cheveux toujours coiffés en nattes à l'aide de petit ruban. Du haut de ses sept ans, elle était vouée d'une maturité hors pair, laissant croire à Gabriel qu'il avait, dans son enfance, été la pire de toutes les pestes. Il est vrai que lorsque l'on se surnomme sois même le Farouche d'entre les Farouches, il n'y a que très peu de chance que l'on soit un petit ange.

Avec les années, le petit diable effronté qu'il était avait cédé la place à un grand adolescent bardant et assez irritable sur les bords. Parfois, Gabriel aimerait retourner à l'époque où il n'était qu'un gamin dont la seule préoccupation était de marquer le prochain coup de circuit pour son équipe. L'époque où lui et ses amis s'aventuraient à bicyclette dans les rues, même de nuit, débordant d'innocence et d'insouciance.

Ç'avait toujours été lui, le turbulent, celui qui prenait le plus de risques débiles pour le simple et pur plaisir de se procurer des sensations fortes. C'était d'ailleurs lui qui, aujourd'hui encore, souffrait de ses bêtises. L'un de ses genoux ne pourra plus jamais lui permettre de faire du sport convenablement. Sans l'atèle qu'il portait jour comme nuit, il serait misérable, il ne pourrait jamais plus courir ou encore jouer au baseball. L'interdiction de faire du vélo fourni par le médecin l'avait assez pesé comme ça.

Gabriel se leva du rebord de la fenêtre et s'agenouilla près de sa petite soeur.

- Tout va bien princesse ? il demanda gentiment.
- Tu voudrais jouer aux poupées avec moi ? elle demanda en faisant la moue.

Ce qui avait toujours étonné le grand brun chez sa petite soeur, c'est qu'elle comprenait le refus. S'il ne pouvait jouer avec Ariane, elle allait jouer seule. Jamais elle n'avait fait de caprices pour se procurer une chose qu'on ne pouvait lui donner. Elle avait une patience d'ange, comme sa mère, au grand déprimant de Gabriel qui était le seul à se fâcher pour un rien.

La mère de Gabriel était une artiste, elle travaillait dans l'illustration des livres pour enfants. Depuis quelques années, Gabriel l'aidait dans son travail. Il adorait regarder sa mère travailler, il était fasciné à chaque fois par l'attention qu'elle portait à chaque détail de chaque page. Il aimait l'art, certes, mais pas comme sa mère, jamais il ne serait capable d'en faire son métier, la patience lui manquerait.

- Bien sûr ma cocotte, on y va, Gabriel dit à sa soeur.

Ils se dirigèrent vers la chambre de la fillette qui possédait une impressionnante collection de poupées depuis que Daphné lui avait donné toutes celles qu'elle possédait. Il n'y avait pas à dire Daphné adorait la soeur de son copain, et c'était hautement réciproque.

Gabriel prit la poupée que sa soeur lui prêtait la majorité du temps. C'était la petite fille rebelle avec des mèches roses et un polar noir. Ariane disait que si Gabriel avait été une fille, c'est à ça qu'il ressemblerait. Une petite rebelle se moquant bien de ce que les gens peuvent bien penser d'elle.

Le Murmure du Silence [en pause]Where stories live. Discover now