Le Murmure du Silence [en pause]

12- Un voile de brume

Chanson : Long way down - Tom Odell

"Personne n'apprendra
jamais rien de la facilité"

Ce matin, on ne voyait pas même le bout de son nez tellement la brume était dense. Malgré l'heure matinale, on aurait dit qu'un hora de nuit et de ténèbres flottait encore sur les maisons et les rues de Marblehead, rendant tout le monde un peu plus cynique.

Sam était tranquillement assis sur son balcon en train de finaliser la peinture du phare qu'elle avait entamé quelques jours plus tôt lorsque son téléphone sonna. La jeune fille soupira, ce n'était pas qu'elle se détachait de son frère, mais elle espérait réellement que ce ne soit pas lui qui appelle. Ray téléphonait ou écrivait à sa soeur au moins cinq fois par jour, ça en devenait redondant à la fin, peut-être était-ce lié au fait qu'à chaque fois qu'il la contactait c'était pour lui annoncer une chose pour le moins déprimante. Ray ne pouvait-il dont pas être heureux lui aussi ?

Mais à la grande surprise de Sam, ce n'était pas son frère qu'il l'avait appelé, c'était Daphné. Curieuse, la jeune fille décrocha et fourra son téléphone entre son épaule et son oreille pour le toucher le moins possible avec ses mains tachées de peinture.

- Salut Daph, lança la brunette.
- Ah non, c'est Lou, répondit une voix masculine dans le combiné. J'avais pas ton numéro alors j'ai pris de cellulaire de Daphné.
- Elle va bien ? demanda la  jeune fille.
- Disons qu'elle pourrait aller mieux. Tu pourrais venir chez moi, je crois que Daphné aurait besoin d'un soutien un peu plus féminin que moi !
- J'arrive dans une vingtaine de minutes ! lança Sam avant de raccrocher.

Bien que la jeune fille ignorait ce qui pouvait bien se passer en ce moment chez Louis, Sam se doutait bien que cela avait un rapport avec Gabriel. Si la jeune fille avait bien compris une chose, c'était que personne n'arrivait à atteindre Daphné, aucune remarque désobligeante de la ne touchait à moins qu'elle n'ait été lancée par l'un de ses proches. La jeune fille se moquait bien qu'on la traite de folle lorsqu'elle se mettait à crier et à sauter partout, elle se moquait que les gens rient d'elle lorsqu'elle s'habillait comme bon lui semblait un vendredi matin, mais si Gabriel avait le malheur de lui dire qu'il avait besoin d'air, elle se refermait sur elle même.

Après s'être lavé les mains et s'être habillée convenablement, car elle portait ses vêtements crasseux couverts de peinture, elle enfourcha sa bicyclette et partit, n'oubliant pas de laisser une petite note à son père, car, depuis l'épisode du test de grossesse, il voulait être informé des moindres faits et gestes de sa fille. Puisqu'il s'agissait d'un samedi matin, Noah dormait encore et sa fille n'avait pas eu le coeur à le réveiller.

Une fois arrivé à la maison bleue de Lou, Sam gara son vélo sur le bord du garage avant de cogner à la porte. Ce fut Hypolite, le grand-père de Louis qui lui ouvrit. Il l'invita gentiment à entrer et lui indiqua que Louis et Daphné se trouvaient au salon. La jeune fille remercia l'aîné et s'y dirigea. La scène qui s'offrait devant ses yeux était pitoyable. Daphné était assise sur le divan, une épaisse couverture sur ces épaules et une panoplie de mouchoirs partout autour d'elle. Lou avait le regard perdu et tenait une boîte de mouchoir.

Lorsqu'il la vit, Lou déposa la boîte de mouchoir et se précipita vers celle qui venait d'entrer. Il la serra brièvement dans ses bras avant de se retourner vers Daphné.

- C'est Gabriel, Lou lança en contractant la mâchoire.
- Quoi il a rompu ? demanda Sam.
- Non, il voulait prendre une pause, lui répondit Lou.

Là-dessus, Daphné se remit à pleurer.

- Pourquoi ? questionna la brunette.
- Il a toujours pas digéré l'histoire du test de grossesse. Il reproche à Daph de pas avoir pensé à ce qui aurait réellement pu arriver et des trucs dans le genre. Tout ce que je sais c'est qu'il lui a beaucoup crié dessus.