Sachant que Liam est détenu au Castrum de Gourdon, Thibaut élabore un plan pour le libérer. Sam, Galilée, Jo, Jesse, David, Florian, Medhi et lui prennent la route pour le Nord Quercy. Ils ont laissé derrière eux les autres membres de leur groupe, notamment Chloé qui subit toujours le contrecoup de sa captivité et Rémy grièvement blessé.
(Sud Quercy - Tuc-Haut 5 septembre 23h22)
Chloé
— Ma puce, je te confie Rémy. Dès que tu le peux, soigne-le...
Dure comme un ordre, la voix de Papa Thibaut parle si fort dans ma tête que mes paupières se réveillent d'un coup. Malheureusement, le cauchenoir de la vie en vrai est encore plus pire que celui du monde pour de faux. Voilà qu'un tas d'images affreuses me sautent devant le regard, un film de terreur, plein de prétoriens et de gros méchants.
Domichien.
Pourquoi j'ai pensé à lui ? Ma peau monte en chair de poule et mon cœur fait un gros big badaboum. Mon pauvre Papa Liam qui est venu me déprisonner et qui a été otagé... Pourvu que Galilée et Thibaut arrivent à le délivrer... Et s'ils étaient attrapés aussi... Comme Mamie et Maman...
Maman.
Elle me manque tellement ! Comme si on m'avait arraché la meilleure moitié de moi... Comme si on m'avait privée d'air pour respirer... Comme si on m'avait planté une épée dans la poitrine...
Mes yeux se toutmouillent. Puis mes joues, puis le drap... Y s'est passé tant de choses et j'ai les idées si fatiguées que déjà, je me rappelle plus trop sa figure. Juste qu'on s'est enfuis si vite avec Tonton Raoul et Nestor que son image a pas eu le temps de venir avec moi...
Tonton Raoul. Nestor.
— Ne-t'inquiète-pas-petit-moustique-ils-existent-encore-et-ils-ont-retrouvé-ton-papa...
De surprise, mon cœur monte battre jusque dans ma tête. Il y a si longtemps que le Voyageur m'avait pas parlé que je croyais qu'il m'avait oubliée.
— Et comment tu peux le savoir ? je demande. Tu les vois ?
— C'est-ça-et-c'est-pas-ça, sa voix de robot me répond. Comme-ils-ont-un-peu-de-moi-en-eux-je-peux-sentir-leur-présence-et-localiser-leur-position-sur-la-Terre.
Je me redresse sur mon oreiller. Je souris, mais c'est bizarre, en même temps, je pleure à cause du souci que je me fais pour ma maman. Vu qu'elle, elle a pas le Voyageur et que le téléphone existe plus, impossible d'avoir de ses nouvelles !
— Arrête-de-t'émotionner-jeune-mouche-Zoé-va-bien...
Mon Papa du Ciel voulait me rassurer. Mais ça m'agace trop que lui aussi me prenne pour une idiote. Un frisson me tord le dos et mes dents se serrent.
— T'es qu'un menteur, je me fâche toute rouge. Un gros, gros, gros. Un énorme. Comment tu saurais où elle est, ma maman ? Elle t'a jamais rencontré, elle !
J'entends un grincement dans ma tête, comme un long soupir de métal. Criiiii ! Voilà, j'ai réussi à énerver le Tueur de Mondes. Mais c'est sa faute, aussi... Il avait qu'à pas chercher à m'emberluner...
— Qu'est-ce-que-tu-es-humaine-parfois-gentille-sauterelle-avec-ton-cerveau-simpliste-et-émotif-Rien-n'est-jamais-tout-noir-ou-tout-blanc-nuit-ou-lumière-silence-ou-bruit-Il-existe-des-milliards-de-nuances-intermédiaires...
Est-ce à cause du sang qui bout fort dans mes veines ? De tous les mots qui se carambolent dans ma tête ? De mon cœur gonflé comme une pastèque ? Une boule de feu apparaît au bout de mes doigts. Vite ! De peur qu'elle me brûle, je secoue fort ma main et elle s'envole, une petite étoile filante qui serait parti rejoindre son papa, le Voyageur, si elle était pas restée collée au plafond.
— Et ça veut dire quoi, ton baragouinage ?
— Cela-signifie-que-puisque-ta-maman-t'a-portée-durant-neuf-mois-tu-lui-as-donné-un-peu-de-ton-Altération-comme-ton-papa-t'avait-fait-cadeau-de-la-sienne...
Mes larmes s'arrêtent. Au-dessus de moi, la flamme grossit, puis se divise en plein de petites étincelles pétillantes qui virevaguent partout.
— Alors, je souffle, elle est spéciale, elle aussi ?
Un grand bruit de ferraille, comme un accident de voiture, éclate dans ma tête. Le Voyageur qui rigole... J'aime bien quand il est content !
— Un-tantinet-un-brin-un-chouïa-douce-araignée-Pas-assez-pour-que-je-puisse-te-dire-où-elle-est-mais-suffisamment-pour-que-je-sente-sa-petite-lumière-palpiter-au-fond-de-moi...
Le cœur tout bondissant, je me mets assise sur le lit. La chambre brille maintenant autant qu'une rue à Noël. Un instant, à cause des vieux meubles, je me crois revenue chez mamie. Mais c'est pas ça, je reconnais pas les gens peints sur les tableaux, des gens morts depuis longtemps qui me fixent bizarrement, comme s'ils avaient jamais vu une petite fille de leur vie.
Ziou... Je leur tire la langue, puis laisse ma tête retomber sur mon oreiller et ferme les paupières. J'ai de nouveau sommeil, sauf que la voix de Thibaut revient m'embêter.
— Ma puce, je te confie Rémy. Dès que tu le peux, soigne-le...
J'ai tellement pas envie de lui obéir ! C'est pas que j'aime pas son ami, non. Au contraire, il est gentil et sourieux et tout et tout... Mais y a tellement de bobos à l'intérieur de lui que ça me fait mal de le toucher... Et puis, c'est si noir dans sa tête, les images de sa vie sont si terrorrifiantes... Alors, vite ! je plisse mon front, fronce mon nez et serre mes lèvres pour fermer mes pensées. Aussitôt, l'ordre se tait. Personne, à part mon vrai papa, a jamais réussi à me commander. C'est pas Thibaut qui va commencer...
Trop contente d'avoir fait disparaître sa voix, je rouvre les yeux. Ploc ! Devant moi, une petite lumière explose comme une bulle de savon, puis une autre, et puis encore plein d'autres à la fois. Le pouvoir des ténèbres est en train de gagner la bataille, quand soudain, mon regard est attiré sur le côté... La porte... Elle bouge... Elle s'écarte... Doucement... Tout doucement...
Aussitôt, ma tête s'affole et mes pensées dérapent... Et si Domichien m'avait retrouvée ? Et si le gros méchant en noir était revenu pour m'otager, moi aussi ?
Je me mets la tête sous le drap et me paralyse. Tout s'arrête. Le temps. Ma respiration et mon cœur.
Mais d'un coup, la porte s'ouvre. Bang ! Elle tamponne l'armoire qui se trouve derrière, et puis boum ! Elle rebondit... Méchamment... Vilainement...
Terrorrifiée, je tremble de toutes mes jambes et de tous mes bras.
Surtout que le plancher s'est mis à craquer.
Il y a des pas qui se rapprochent.
Des pas plutôt légers. Des tout petits. Plein de tout petits pas...
Sûre comme deux et deux font quatre que c'est pas Domichien, je décache ma tête de sous le drap. Aussitôt, pouf ! Un gros poids saute sur le lit, puis beuh ! une langue toute mouillée me lèche la figure.
Sampa.
Ma toutoute à moi.
J'entoure mes bras autour de son cou et me boule contre elle.
On est si bien toutes les deux.
Sans sa patronne.
Jamais j'aurais dû penser à Charlotte ! Je redresse ma figure pour voir si elle est pas venue avec sa chienne et la voix de son frère en profite pour me casser mon contentement.
— Ma puce, je te confie Rémy. Dès que tu le peux, soigne-le...
Vite ! Je fais disparaître ma tête dans les poils de Sampa pour plus l'entendre. Mais c'est trop tard, le Voyageur a décidé de se mêler à la conversation.
— Tu-devrais-l'écouter-gros-moustique-Thibaut-est-parti-sauver-ton-Papa-Liam-Toi-tu-pourrais-faire-un-effort-pour-sauver-son-ami-Si-jamais-Rémy-meurt-alors-que-tu-aurais-pu-le-soigner-tu-t'en-voudras-toute-ta-vie.
Est-ce qu'elle a entendu le Tueur de Mondes parler à l'intérieur de mon crâne ? Sampa s'arrache à mon câlin, saute du lit et court vers la porte. J'ai si peur de rester seule que je me lève et la suis. Après tout, je me suis reforcée... Peut-être que cette fois, je pourrais aider Rémy ?
— Bravo-mignonne-libellule-Tu-es-très-courageuse-Ton-vrai-papa-avait-raison-de-t'appeler-son-Bébé-Warrior...
Avant de sortir, je sais pas pourquoi, je me retourne et lève haut mon bras. De suite, les dernières bulles de lumière qui flottaient par ci par là se regonflent et filent vers moi comme des lampes volantes. Vlim ! Elles passent la porte et je les accompagne dans le couloir où Sampa nous attend.
Je fais trois pas, puis soudain je m'arrête. Comment je vais faire pour retrouver Rémy ?
— Ma-gentille-cigale-ne-te-fais-pas-plus-bête-que-tu-n'es !
Énervée par le gros rire de robot rayé qui sonne dans mes oreilles, je relève la tête. Face à moi, mes lustres de voyage éclatent en une énorme pagaille de petites flammes. Mes yeux ronds comme le monde, je les regarde voleviter partout, puis s'arrêter à côté d'une porte fermée, au-dessus de Sampa qui y est déjà assise devant.
Elles me montrent le chemin. Elles me montrent le chemin !
Je les rejoins et pose ma main sur la poignée. On va te sauver, Rémy. Oui, on va te sauver, moi, la petite guerrière, son toutou adopté et sa troupe d'étincelles magiques, comme une armée de mini-soldats de lumière...
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(Nord Quercy - Camp de Gourdon 5 septembre 23h22)
Liam
Sa main gauche plaquée sur mon front, Domitien me colle sa lame contre la gorge.
— Je t'ai reconnu, tu sais ! me nargue-t-il. Tu es le gamin du Forum Impérial. L'inconscient qui a eu le culot de s'attaquer à mon apprenti et à moi.
Il presse son arme un peu plus fort contre ma peau de telle sorte que même si j'avais su de quoi il parlait, je n'aurais pas pu lui répondre. Résultat, seul un gargouillis peu ragoûtant m'échappe.
Au septième ciel, mon bourreau éclate de rire. Grossier et caverneux, le son résonne contre les murs de la cellule comme s'il jaillissait de partout. À dix contre un qu'il se force, juste pour m'effrayer...
— Tu es devenu muet d'un coup ? se moque-t-il. C'est la peur qui te coupe la parole ?
Je me raidis. Doucement, la lame perce ma chair et la douleur me vrille, mais grâce à mes Oiseaux, je n'ai pas aussi mal que je le devrais. Et je ne suis pas trop inquiet non plus. Domitien ne m'égorgera pas. En tout cas, pas avant que je ne me sois mis à table. Et puisque je ne vois vraiment pas de quoi il me cause, nous nous trouvons dans une impasse.
Moi ( parce que j'ai un besoin vital de parler) : Courage, les gars ! Ne vous laissez pas impressionner. Ce mec, c'est que de la gueule et de l'esbroufe. Il ne nous tuera pas.
Tex : C'est pour cela que ton cœur bat si vite que j'ai l'impression d'être sur un trampolin ?
Léo : C'est pour cela que tes pensées sont si noires que j'ai l'impression d'être coincé dans le cul d'une taupe ?
Moi ( effondré) : Mais putain ! Vous et l'empathie, ça fait deux... Si jamais on s'en sort, je vous fais lire Freud, Françoise Dolto et Carl Rogers. Vous n'y couperez pas.
Léo ( péremptoire) : Pas besoin d'avoir un Master en psychologie pour piger que notre tortionnaire est de ma race, un rapace...
Tex : Et qu'il est encore plus déséquilibré que vous deux réunis. Le couteau qui ripe ou Liam qui fait un mouvement involontaire et c'en est fini de nous... Il nous saigne comme des gorets.
L'Impérial a-t-il entendu mon pauvre pic piailler ? Son couteau descend le long de ma gorge, continuant à m'entailler la peau. Aussitôt, l'odeur métallique de mon propre sang m'emplit les narines.
— Et Galilée, tu l'as rencontrée comment ? Elle aussi, elle travaille pour l'Alliance du Nord ? C'est cette salope d'Emma qui est venue la chercher ?
La souffrance s'exacerbe, sournoise et silencieuse. Mais comme j'ai ma fierté, je serre les dents et me mords la langue pour ne pas gémir. Je me demande bien ce qui peut me lier à cette reine étrangère à laquelle Domitien voue une haine sans pareille...
— 3.0 a compris pour la nouvelle dirigeante ? C'est ça, hein ?
Complètement perdu par ces accusations, je roule des yeux. Écœuré par mon mutisme, mon bourreau repousse violemment ma tête contre le dossier de la chaise. Tandis que j'en vois trente-six chandelles, il m'attrape par le col et d'un coup de lame, déchire mon tee-shirt en deux.
— Et Thibaut Hébrard, s'énerve-t-il, il est aussi mort que la GA, non ? Comment s'est-il retrouvé dans votre groupe de brèles ? Est-ce qu'il a participé au saccage du manoir ?
Ce nom réveillant en moi une bribe de souvenir, je cille bêtement. Conscient de mon trouble, mon persécuteur laisse échapper une exclamation.
— Enfin, on y est ! Tu n'es pas de marbre.
Sûr maintenant que les yeux trop bleus qui hantent mes rêves appartiennent à cet inconnu que Domitien recherche, je ne peux pas m'empêcher de trembler. Désireux de pousser son avantage, l'Impérial échange son couteau contre un scalpel dont il pose le bout pointu sur ma poitrine, pile au-dessus de mon cœur.
— Où est Thibaut Hébrard ? aboie mon agresseur. Où est sa sœur ? Où est Galilée ?
Il se tait et je me fige. Dans la pièce, le silence est tel que l'on pourrait entendre les mouches paniquer. Au fond de moi, mon pauvre Tex se ratatine comme un ballon crevé.
— Où cette fille de pute a-t-elle fui ? insiste mon ennemi juré. Où est-ce qu'elle les a amenés ? Je sais que tu le sais...
À cran, il enfonce légèrement son scalpel dans ma peau jusqu'à ce que je sente le sang couler. Puis tandis que je serre les lèvres afin de ne pas montrer ma souffrance, il fait remonter la lame le long de mon buste vers mon cou. Arrivé au niveau de mon menton, il s'arrête pour tracer une nouvelle entaille en sens inverse.
La douleur explose, aiguë, violente. Victime d'un court-cicuit, mon cerveau se met en mode sécurité.
Je sombre dans le néant.
Je volette avec Léo parmi des bribes de souvenirs, je plonge avec Tex dans des images brouillées. Je respire dans un hammam de sensations émoussées comme si j'avais ingéré une dizaine de tranquillisants. Telle une petite bête malfaisante, une idée obscure me titille pourtant, mais les Volatiles m'empêchent de la creuser.
Soudain, j'encaisse un choc effroyable ; aussitôt après, une barrière glacée me traverse le crâne.
Dans mon cauchemar, mon aigle dégringole du ciel, puis s'aplatit sur le sol, la queue de travers, une aile tordue et les plumes toutes hérissées.
Mon cerveau se contractant comme une éponge, me voilà pris d'une panique immédiate.
Moi : Qu'est-ce que tu as ? Que t'arrive-t-il ?
Léo ( la voix méconnaissable) : C'est ce truc... L'appareil de Domitien... Il annihile ma volonté... Mon essence...
Moi ( aux quatre cents coups) : Ne me dis pas qu'il est en train de te tuer...
Léo : ...
Moi ( affolé) : Pourquoi tu ne parles plus ? Réponds-moi, putain... Réponds-moi !
Tex ( hystérique) : Ferme-la, merde ! Arrête de crier... Tu m'empêches de réfléchir...
Moi ( geignant) : Mais Léo ! Il se meurt... Ce bâtard a trouvé le moyen de l'éliminer...
Tex ( lucide) : Domitien ne sait même pas qu'il existe... C'est juste comme tout à l'heure, dehors, quand tu as rencontré tes parents. Il essaie un appareil anti-mutants...
Quelque chose – une masse sourde, un trait d'énergie – me heurte une nouvelle fois le crâne, lui coupant la parole. Mes os craquent, mes dents s'entrechoquent, mes neurones s'emmêlent. Malgré tout, une certitude demeure. Je dois sauver Léo. Et pour cela, il me faut faire cesser cette torture. Coûte que coûte. Même au prix de ma dignité...
Je rouvre les yeux. Domitien tient une drôle de petite boîte dans les mains, elle émet des arcs électriques. Jaunes. Rouges. Orangés.
— Je ne peux pas répondre à vos questions, pleuré-je. Je voudrais bien, mais je ne me souviens de rien.
Un sourire tordu déforme les lèvres de mon bourreau. Il ne pipe pas mot, mais éloigne de mon crâne son engin de la mort. Aussitôt, je sens Léo bouger. À peine... Juste un tout petit peu...
— Je ne vous mens pas, insisté-je, je vous le jure.
Le rictus s'étend sur tout son visage. Ses yeux s'éclairent. Cet enfoiré a gagné et il le sait.
— Ça fait un moment que je l'ai compris, dit-il. Tu as réellement perdu la mémoire...
Trop brisé pour me rebeller, je baisse les yeux sur mon torse ensanglanté et aussitôt, la douleur explose dans tout mon être. Ce sale pervers s'est amusé à me découper des lambeaux de peau et malgré leurs pouvoirs et leur bonne volonté, mes Volatiles n'arrivent plus à adoucir ma souffrance. Jamais je ne pourrais me remettre de blessures aussi graves.
Je vais mourir. Nous allons mourir. Tous les trois...
— Alors, demandé-je, pourquoi vous perdez votre temps avec moi ? Qu'est-ce que vous attendez pour m'achever ?
Son appareil anti-mutants toujours à la main, mon bourreau se penche au-dessus de mon visage. Rubescents, les arcs électriques s'enroulent autour de moi dans des spirales alambiquées. Résultat, même si je sens encore leur présence, aucun de mes Oiseaux ne peut plus venir à mon aide...
— Ce serait bien trop facile, souffle-t-il, et cela ne présenterait aucun intérêt.
Terrorisé, je fixe les ombres épaisses et huileuses qui se tortillent dans ses pupilles comme des serpents vicieux. Je m'en doutais, mais j'en ai maintenant la confirmation. Domitien est un Altéré. Domitien est un putain d'Altéré !
— J'ai probablement les moyens de te faire retrouver la mémoire, m'explique-t-il. Et quand tu m'auras dit tout ce que je veux savoir...
— Vous me tuerez, l'interromps-je, dans un regain d'énergie. Vous me tuerez...
Si l'Impérial est surpris par mon froid détachement, il n'en montre rien. Il m'observe, le visage aussi impénétrable qu'un bloc de pierre.
— Oh non ! triomphe-t-il. Tout ce cran, cette pugnacité, ce dévouement à ta cause... Tu es si spécial, ce serait vraiment du gaspillage...
Mon palpitant fait une embardée et une nouvelle vague de douleur, atroce, intense, indescriptible, parcourt mon corps en une cascade de feu.
— Mais alors ? bégayé-je.
Un sourire malfaisant courbe les lèvres de mon interlocuteur. L'angoisse m'étrangle la gorge, la panique éclate dans mon crâne, une main invisible me serre le cœur.
— Quand je t'aurai brisé, quand tu auras vidé ton sac et trahi tous les tiens, je te soumettrai, je t'asservirai, je ferai de toi mon chien servile... Je t'apprendrai toutes les ficelles du métier et tu deviendras redoutable... Mais tu m'obéiras comme un caniche, tu satisferas tous mes désirs, tu exécuteras tous mes ordres et tu tueras tous ceux que je te demanderai de liquider, peut-être même certains de tes anciens amis... Toi et moi, on ne se quittera plus jamais !
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Désolée pour cette fin si terrible... 😨😭
Et pour les délais de parution...
Mais j'ai réussi à faire dans l'efficacité, le chapitre est moins long. 🎆✨
Mes deux dernières semaines ont été très chargées, heureusement je vais enfin pouvoir souffler un peu. J'ai quand même légèrement avancé dans la réécriture... Il reste 15 points de vue avant la fin du livre 3 ( plus ou moins longs). Ce devrait faire une dizaine de chapitres... Plus le livre 4 qui est très bref et on arrivera à la fin de ce pavé qu'est le tome 1.
Merci de m'avoir suivie jusque là ! 💖💖
Profitez bien de ce long week-end ! Bisous... 😘
Si vous avez apprécié, n'oubliez pas la petite étoile.